Managem permettra à Renault de concevoir 300.000 véhicules électriques

Brian Brequeville | Le 3/6/2022 à 16:07
Le partenariat scellé entre Renault et Managem permettra au groupe marocain de destiner 70% de sa production actuelle de cobalt au constructeur français pour assurer le développement de batteries électriques. Le sulfate de cobalt sera produit depuis la mine de Bou Azzer et une nouvelle unité industrielle sera mise en place pour en assurer le traitement. L’élargissement d’approvisionnement à d’autres métaux comme le cuivre est également prévu.

Le 1er juin, le groupe automobile Renault et l’opérateur minier marocain Managem ont signé un mémorandum d’entente, basé sur l’approvisionnement du constructeur français en sulfate de cobalt destiné aux batteries de ses véhicules électriques. L’accord porte sur la fourniture par Managem de 5.000 tonnes de sulfate de cobalt par an et ce durant une période de 7 ans, à partir de 2025.

Contacté, Mohamed Amine Afsahi, directeur commercial et marketing de Managem, nous livre les détails quant à ce nouveau partenariat stratégique autour de ce métal d’avenir, essentiel pour les acteurs industriels souhaitant assurer leur transition énergétique.

Lieu de production, quantité, infrastructures impliquées, ce qu’il faut savoir

Ce partenariat entre les deux acteurs demandera une certaine organisation logistique au groupe Managem. La minière produit du Cobalt, mais le procédé de production du sulfate de Cobalt nécessite un certain ajustement. Néanmoins, ce dernier sera produit dans la mine principale de production de l’actuel cobalt de Managem.

Mohamed Amine Afsahi nous explique : « Il faut préciser que le produit en question est du sulfate de cobalt. 5.000 tonnes de sulfate de cobalt représentent 1.000 tonnes de cobalt métal. Ces 5.000 tonnes proviendraient de notre mine de Bou Azzer qui se situe dans la région de Ouarzazate. Initialement, ce cobalt est produit au niveau de la mine, concentré au niveau des unités de la mine de Bou Azzer puis transporté jusqu’à Guemassa, dans la région de Marrakech où il est soumis à un procédé hydrométallurgie qui permet de produire un métal très pur ».

Le sulfate de cobalt sera donc produit dans la mine de Bou Azzer, mais subira un procédé différent du cobalt métal. Pour cela le groupe devra construire une nouvelle unité industrielle. « Les 5.000 tonnes de produits concernés proviendront toujours de la mine de Bou Azzer et une très grande unité industrielle va être construite. Nous allons lancer immédiatement des études d’ingénierie pour construire cette unité, y concevoir les process et estimer les coûts de construction. Cela devrait prendre entre 6 à 8 mois. La construction qui viendra par la suite dure généralement entre 12 et 18 mois. Cette unité produira du sulfate de cobalt. Les unités dont nous disposons aujourd’hui produisent du métal. Ici, il s’agit d’un compound qui nécessite des installations complètement différentes » nous détaille le directeur commercial du groupe. La production démarrera donc en 2025, date de début effectif du contrat.

Cette production de 5.000 tonnes annuelles de sulfate de cobalt permettra à Managem de fournir « entre 15% à 20% des besoins de Renault d’ici 2025, soit un équivalent de 300.000 véhicules électriques » précise Mohamed Amine Afsahi. Mais in fine, quelle part du cobalt produit annuellement par Managem sera destinée à ce partenariat avec le constructeur automobile français ? Rappelons à nouveau que 5 tonnes de sulfate de cobalt donnent 1 tonne de cobalt métal. A cela, le directeur commercial du groupe Managem nous explique : « Aujourd’hui, la production de cobalt métal de Managem est aux alentours de 1.500 et 1.700 tonnes par an. Nous allons allouer 70% de cette production à la production des sulfates pour Renault. Ce qui va rester, c’est-à-dire 500 à 600 tonnes, sera réservé à nos clients traditionnels en Europe, aux USA, en Corée ou encore au Japon ».

Il convient de mentionner que ce sulfate de cobalt pourrait dans le futur, être en partie destiné aux activités de Renault Maroc, quand la technologie ainsi que l’industrie PCAM (precursor cathode active material, ndlr) et CAM seront assez développées.

Le cobalt, une logique marché et industrielle pour Managem

Le groupe minier national a donc décidé de renforcer son positionnement sur ce métal très prisé des industriels du secteur automobile qui souhaitent développer les moteurs électriques. Déjà en 2020, Managem avait signé un partenariat avec le constructeur allemand BMW pour un approvisionnement en cobalt sur la période 2020-2025 pour un montant de 100 millions d’euros.

Désormais, ce nouveau partenariat renforce le positionnement de Managem sur ces nouveaux segments porteurs. « Il y a une logique industrielle. Managem participe au développement de la plateforme industrielle automobile au niveau national. Nous avons été amenés à faire un choix stratégique et dire qu’aujourd’hui nous avons un potentiel important de développement de cette plateforme automobile en l’alimentant par des matériaux nécessaires pour électrifier les véhicules » explique Mohamed Amine Afsahi.

Le groupe cherche également à se positionner sur une demande qui ne fera que grandir par la suite. En effet, les grands groupes industriels mondiaux font face à la nécessité d’adapter leur développement, leurs procédés et leurs produits aux besoins de la transition énergétique.

« C’est également un choix marché. Pourquoi ? Car les applications cobalt dans l’industrie automobile vont croître à une vitesse phénoménale. Le marché affiche une croissance à deux chiffres chaque année et nous ne pouvons pas nous permettre d’être absents de ce marché » poursuit Afsahi.

D’ailleurs, le groupe construit son développement autour de deux axes phares. Les métaux précieux que sont l’Or et l’Argent et les métaux de transitions énergétiques comme le Cobalt, le Cuivre ou encore le Manganèse. Le groupe a d’ailleurs récemment annoncé avoir décidé de lancer la construction du projet cuprifère de Tizert. « Nous sommes producteurs de cuivre dans plusieurs mines au Maroc et nous avons un très gros projet en cours de développement à Tizert dans la région de Taroudant et qui rentrerait en production en 2025 également. Les études de faisabilité sont approuvées et le financement est en passe d’être bouclé » précise le directeur commercial.

Concernant le sulfate de cobalt requis pour les besoins de Renault, si la quantité annuelle est située à 5.000 tonnes par an, une montée en capacité n’est pas exclue. « Nous allons produire ce que nous pouvons produire en Cobalt dans la mine de Bou Azzer. Nous avons un programme important d’exploration pour augmenter les réserves au niveau de la mine et il est sûr que s’il y a une croissance de la production, Renault serait encore demandeur pour augmenter sa quote-part » nous indique le directeur commercial de l’acteur minier.

En plus des atouts que représente le métal pour le groupe, Managem se positionne également sur un métier d’avenir, le recyclage. Récemment, la minière a annoncé un partenariat avec Glencore pour produire du cobalt à partir de batteries recyclées. « Le recyclage, nous y croyons énormément. Les batteries usagées au bout de 7 à 10 ans peuvent être réutilisées. Le taux de recyclage d’une batterie automobile est de près de 100%, ce qui veut dire que l’on peut réutiliser ces métaux quasiment à l’infini. Nous nous préparons pour ce marché » explique Mohamed Amine Afsahi.

Dans une logique marché et industrielle, le groupe se positionne également sur d’autres métaux porteurs comme le cuivre. D’ailleurs, concernant le partenariat scellé avec Renault, un élargissement à l’approvisionnement d’autres métaux est prévu. « Cela est prévu dans l’accord qui a été signé. Concernant le cuivre, nous avons lancé des idées pour alimenter l’industrie locale, sauf qu’aujourd’hui, la forme du cuivre que nous produisons est un concentré qui nécessite d’être raffiné et nous n’avons pas encore les capacités de raffinage au Maroc. Les études d’orientation sont déjà lancées pour être un jour capable de valoriser le cuivre jusqu’à production du métal pur » conclut notre interlocuteur.

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