La hausse du dollar impactera négativement la balance commerciale
La récente guerre entre la Russie et l’Ukraine a perturbé les marchés financiers et a catalysé à nouveau l’aversion au risque de la part des investisseurs. Cette situation a notamment provoqué une appréciation du dollar sur les marchés internationaux.
Comme le rappelle Attijari Global Research dans son document ‘MAD Insights’ sur les taux de change, diffusé le 9 mars, « la dépréciation du Dirham face au Dollar s’est accentuée avec une hausse de la parité USD/MAD de +1,67% à 9,68 cette semaine, soit un plus haut de 20 mois ». Cette tendance haussière du dollar observable depuis février est également le résultat de la politique monétaire de la FED américaine qui a décidé de réduire sa politique accommodante avec un rehaussement attendu du taux directeur en 2022.
Cette nouvelle en plus du conflit en Ukraine, impacte le Maroc, notamment concernant sa balance commerciale. « Tenant compte des conditions de liquidité du marché des changes interbancaire, nous recommandons aux importateurs de réduire leurs horizons de couverture sur le Dirham » recommande AGR
Les importations pèseront plus lourd
Toute dépréciation impacte négativement la balance commerciale. Les importations coûteront donc plus cher, comme le gaz, le pétrole, le charbon, nécessaires au fonctionnement du pays, et facturées en dollars.
Contacté, Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change, nous explique : « Les produits énergétiques dont nous avons besoin sont facturés en dollars. De ce fait, la dépréciation que nous observons nous amènera à payer plus de dirhams pour les acheter. Il s’agit de produits incompressibles, c’est-à-dire que la quantité ne varie pas en fonction des prix, donc cela impactera négativement la balance commerciale dans le sens où les importations vont augmenter ».
Cette aggravation sera d’autant plus forte que le prix de ses matières premières a augmenté fortement depuis le début de l’année, à l’instar du baril de Brent qui s’est apprécié de près de 50%. Néanmoins, le Maroc pourra, sur certains plans, tirer profit de cette situation. Notamment concernant certaines exportations.
Des exportations plus compétitives mais une balance commerciale impactée négativement
Pour certaines activités dont les matières premières exportées, cotées sur les marchés internationaux, la situation sera bénéfique. C’est le cas pour les minerais par exemple. « C’est le cas pour le phosphate ou les activités minières de façon générale. Les cours sont fixés en dollars, et donc ces exportateurs là, percevront plus de dirhams grâce au phénomène de dépréciation du dirham. C’est une sorte de prime au taux de change » explique notre interlocuteur.
Pour d’autres secteurs exportateurs, comme le textile, l’agroalimentaire, ou l’aéronautique, le système de fixation des prix ne s’opère pas selon la même méthode. Mais au global, le Maroc sera gagnant. « Tout dépend du mode de détermination des prix sur le marché, mais généralement, à court terme, le Maroc est relativement gagnant. Car finalement, les prix sont fixés en devises et les clients du Maroc ne regardent donc pas une facturation en dirhams » explique Omar Bakkou.
In fine, le Maroc y perdra plus qu’il n’y gagnera, notamment à cause du fait qu’il importe plus n’exporte. « Pour faire une analyse globale, il faut noter que nous avons un profil d’ouverture extérieure où nous importons plus que nous exportons. Les exportations représentent environ 50% de nos importations. Au final, dans ces paramètres, la balance commerciale sera impactée négativement » conclut notre interlocuteur.
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!