Nizar Baraka : “Un rationnement de l'eau potable n'est pas à exclure dans les villes”

Invité du Club de la presse du Maroc, Nizar Baraka a détaillé dans un exposé le plan d'urgence de son ministère pour affronter le stress hydrique, et la situation de sécheresse que vit actuellement le Maroc.

Nizar Baraka : “Un rationnement de l'eau potable n'est pas à exclure dans les villes”

Le 4 mars 2022 à 20h20

Modifié 4 mars 2022 à 21h22

Invité du Club de la presse du Maroc, Nizar Baraka a détaillé dans un exposé le plan d'urgence de son ministère pour affronter le stress hydrique, et la situation de sécheresse que vit actuellement le Maroc.

Le niveau de stress hydrique élevé que connaît le Maroc en cette année de sécheresse peut amener à des mesures exceptionnelles telles que la limitation de la distribution de l’eau potable à des horaires précis, a annoncé le ministre de l’Equipement et de l’eau, Nizar Baraka, lors d'une conférence tenue ce jeudi 3 mars à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) à Rabat.

Le ministère lancera, pendant le mois de Ramadan prochain, une campagne de sensibilisation à la consommation responsable de l’eau potable. Un effort collectif que les Marocains doivent faire pour éviter des mesures de rationnement de l’eau potable dans les villes marocaines dès l'été prochain.

Le monde rural est également menacé, car même s’il est raccordé à 98% à l’eau potable, dans la réalité, 56% de la ressource est fournie par le biais des sekkayate (bornes et fontaines publiques) ; or 25% d'entre elles ont cessé de fonctionner à cause de la sécheresse, a révélé le ministre.

Bien qu'il espère encore que les deux prochains mois seront porteurs de pluies, pour améliorer le niveau de remplissage des barrages dans les bassins menacés, il a profité de cette conférence pour détailler le programme d’urgence que le ministère va déployer au cours de l'année.

L’appel à manifestation d’intérêt pour la station de dessalement d’eau de mer de Casablanca prévu pour le 9 mars 

Parmi ces mesures figure l’accélération de la mise en place de stations de dessalement d’eau de mer. L’appel à manifestation d’intérêt pour un partenariat public-privé pour la réalisation de la station de Casablanca, qui aura une capacité à terme de 300 millions de mètres cubes, sera lancé le 9 mars, révèle le ministre.

Pour le choix du partenaire, le cahier des charges va privilégier les projets qui présenteront le moindre coût de production, les technologies les plus avancées qui doivent fonctionner notamment aux énergies renouvelables et, enfin, la sous-traitance de la construction et le transfert de technologie aux entreprises marocaines. 

L’État est prêt à subventionner un éventuel écart entre le coût de production et le prix à la vente de l’eau potable. Le partenaire choisi pourra rentabiliser son investissement dans une durée approximative de vingt-cinq ans, selon Nizar Baraka.

D’autre part, OCP devra effectuer des extensions de ses stations de dessalement à Safi et à Jorf Lasfar. Le programme du ministère pour le dessalement d’eau de mer prévoit la construction de vingt nouvelles unités, alors que le Maroc en compte neuf actuellement.

A Casablanca aussi, le ministère œuvre à accélérer la connexion des réseaux d’eau potable du nord et du sud de la métropole. Cela permettra de pallier le déficit hydrique du barrage d’Al Massira qui n’est rempli qu’à 7%, alors que celui de Sidi Mohammed Ben Abdellah est dans une situation relativement meilleure. Pour rappel, Casablanca-Sud est alimentée par Al Massira, tandis que Casablanca-Nord est alimentée par Sidi Mohammed Ben Abdellah.

Le ministère prévoit un programme à plus long terme pour relier, à travers des canaux, les différents bassins hydriques du pays qui connaissent de grandes disparités. En effet, selon le ministre, 51% des ressources hydriques au Maroc se concentrent dans les bassins du Loukkos et de Sebou.

A la date du 3 mars 2022, le niveau de remplissage des barrages était de 32,7%, alors qu’il était de 34,2% au 31 décembre 2021. Le ministre a indiqué que ce taux pouvait être trompeur car, au-delà des disparités régionales, une proportion non négligeable - pouvant atteindre jusqu’à 30% du stock d’eau - est inexploitable à cause de la vase qui résulte de l’érosion du sol.

La situation de la nappe phréatique

Nizar Baraka a également tiré la sonnette d’alarme sur l’épuisement de la nappe phréatique, citant l’exemple de la région Fès-Meknès où la profondeur nécessaire pour trouver de l’eau a augmenté de plus de trente mètres en à peine dix ans. A Berrechid, il faut creuser deux mètres plus bas chaque année.

Le ministre a ainsi alerté sur le fait que des dizaines de milliers d’hectares de terres ne seront plus exploitables. Dans certaines provinces, cette nappe phréatique se consomme rapidement. A Tata notamment, le ministre a annoncé la décision d’arrêter la culture de la pastèque, particulièrement consommatrice d’eau.

D'ailleurs le sujet de la culture de la pastèque est revenu souvent dans les questions des intervenants. Le ministre a tenu à préciser que le Plan Maroc vert n’offrait aucune subvention à cette culture qui s'était développée spontanément, en raison des opportunités qu’elle offrait aux agriculteurs.

A Chefchaouen, Al Hoceima et Taounate, le gouvernement a décidé de promouvoir la culture du cannabis à usage médical et industriel, en recourant à des espèces moins consommatrices d’eau ; celles importées, qui étaient utilisées jusque-là, constituant un véritable fléau pour la nappe phréatique.

Pour faire face au problème des réserves souterraines d’eau, le ministre mise sur les contrats de gestion des bassins hydriques, dont il compte accélérer la signature.

D’autres mesures

Le plan d’urgence prévoit également un ambitieux plan de construction de 129 petits barrages et retenues collinaires en trois ans, un plan de traitement des eaux usées, et des mesures pour retenir les 4 milliards d’eau qui se déversent dans la mer chaque année.

Si le Maroc connaît depuis le début de cette saison agricole une sécheresse terrible, le ministre a tenté de relativiser en rappelant que le niveau de remplissage des barrages dans les années 1980 était pire, atteignant 7% au niveau national.

Même si elle est exceptionnelle, cette sécheresse s’inscrit dans une tendance de renforcement du stress hydrique, confirmée par les chiffres. En effet, entre 1945 et 1980, les précipitations au Maroc offraient 22 milliards de mètres cubes chaque année. Ce chiffre a chuté à 14 milliards entre 1980 et 2022, alors que le besoin en eau va en s’accélérant : de 16,2 milliards de mètres cubes par an actuellement, il grimpera à 18,6 milliards en 2050.

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