Prix, production et distribution... Le point sur le secteur avicole avec Youssef Alaoui

La volaille connaît une hausse des prix depuis le mois de février 2022. Cette flambée, conjoncturelle, s’explique notamment par la hausse des prix des matières premières et du pétrole et par la sécheresse. Le point avec Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc.

Source: Médias24

Prix, production et distribution... Le point sur le secteur avicole avec Youssef Alaoui

Le 2 mars 2022 à 19h01

Modifié 2 mars 2022 à 19h01

La volaille connaît une hausse des prix depuis le mois de février 2022. Cette flambée, conjoncturelle, s’explique notamment par la hausse des prix des matières premières et du pétrole et par la sécheresse. Le point avec Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc.

"Il s’agit d’une année spéciale pour le secteur", nous confie Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA).

Un prix de revient de 15 DH

"Le prix de la volaille, sortie ferme, est passé de 10 DH à 15 DH actuellement. Le prix de revient varie également entre 15 et 16 DH selon les points de vente", indique notre interlocuteur.

"Certes, il y a une petite inquiétude de la part des consommateurs, mais c’est conjoncturel et l’on n’y peut rien. Il faut dire que pendant deux ans, les prix ont été impactés par la crise sanitaire. Quand le prix de revient était à 12 DH/kg, il est arrivé que le prix de vente au client final chute à 6 DH/kg."

"Les hôtels étaient à l’arrêt et les restaurants devaient fermer tôt le soir. Au cours de ces deux années, la consommation a baissé d’environ 3%", rappelle le président de la FISA.

Flambée des prix des matières premières et du pétrole, guerre en Ukraine

La sécheresse, la guerre en Ukraine et la flambée des prix du pétrole et des matières premières sont autant de facteurs qui ont impacté les prix de la volaille, d’après Youssef Alaoui. "Lorsque l’on parle de la volaille, on parle de tout un écosystème, notamment les œufs."

"Il y a une flambée des matières premières au niveau international ainsi que du fret, qui impacte le prix de la volaille. Cette hausse est également due à la flambée des prix du pétrole."

En effet, l’augmentation des prix des matières premières impacte les prix des aliments composés. Ceux-ci sont essentiellement fabriqués à partir du maïs, du tourteau de soja et du tourteau de tournesol, dont les prix ne cessent de grimper depuis plus d’une année.

Le poulet nécessite une quantité d’énergie et de protéines pour pouvoir fournir une bonne production ; deux composantes qui se trouvent essentiellement dans ces matières premières, dont 95% sont importées de l’étranger. Seulement 5% de la formulation des aliments est produite au Maroc, notamment le calcium, le phosphate et le sel.

"Les composants alimentaires ont subi des hausses, même durant la crise du Covid-19", ajoute notre interlocuteur, soulignant que "le maïs représente 60 à 70% du prix de revient de la volaille et des œufs".

Selon l’indice FAO (l’Organisation onusienne pour l’alimentation et l’agriculture), qui mesure les fluctuations mensuelles des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires de base, en janvier 2022, les prix des huiles végétales ont connu une augmentation de 4,2% par rapport au mois de décembre 2021, atteignant le niveau le plus haut jamais enregistré.

Les prix mondiaux de l’huile de soja ont bondi, soutenus par la vigueur des achats à l’importation, en particulier en Inde, ajoute la même source. Les prix des huiles de tournesol ont, eux, été portés par la hausse de la demande mondiale à l’importation. Concernant le maïs, au 1er mars 2022, le cours a connu une hausse de 17,11% par rapport au début de l’année en cours.

Par ailleurs, la hausse des prix du pétrole brut a également soutenu les cours internationaux des huiles végétales. Le cours a en effet augmenté d’environ 38% depuis le début de 2022.

L’impact de la guerre en Ukraine sur le secteur, léger pour l’instant, pourra aussi impacter le prix de la volaille à long terme si la situation ne s’arrange pas. "Heureusement que pour le maïs, des quantités importantes (environ 80%) sont importées depuis les Etats-Unis, le Brésil et l’Argentine. Cette matière contient, avec le tourteau de soja, 80% de la formulation des aliments composés pour volailles."

"Une petite quantité est également importée depuis l’Ukraine, avec du blé et du tournesol, mais celles commandées récemment risquent de ne pas être livrées compte tenu de la situation actuelle dans le pays. Les chargeurs ont décrété le cas de force majeure."

La production couvrira largement les besoins durant Ramadan

Pour ce qui est de la production (volaille et œufs), Youssef Alaoui assure qu’elle "couvrira largement le besoin du Royaume durant le mois de Ramadan".

"La volaille a besoin d’environ 35 jours pour être prête, contre une semaine pour les œufs. Même avec des coûts de revient de 15 DH, les acteurs du secteur qui se sont arrêtés de produire durant un certain moment ont repris leur activité, espérant que la consommation augmentera durant le mois sacré."

"La production a donc bien démarré et sera disponible pour le mois de Ramadan. La production de poussins au Maroc est estimée actuellement à 8 millions par semaine, mais nous avons une capacité de 12 millions. Nous pouvons donc même fournir le double des besoins des citoyens."

La distribution et l’abattage, principaux maux du secteur

D’après Youssef Alaoui, "nous avons près de 9.000 fermes de production de volaille et 250 fermes de production d’œufs agréées au Maroc, répondant à la loi 49-99" relative à la protection sanitaire des élevages avicoles, au contrôle de la production et à la commercialisation des produits avicoles. "Ces fermes ne peuvent produire sans disposer d’un contrat avec un vétérinaire".

"D’un point de vue sanitaire, toutes les fermes au Royaume sont à niveau". L’amont de la production avicole est donc moderne, notamment les usines d’aliments composés, couvoirs et élevages avicoles. "Il nous reste encore le volet distribution et abattage traditionnel, sur lequel tous les acteurs doivent faire un effort." L’aval du secteur reste donc encore archaïque, dominé par le marché du vif et l’existence de Ryachates non soumises au contrôle vétérinaire, dont le nombre est estimé à 15.000 par notre source.

En effet, selon un exposé présenté ce mardi 2 mars par la FISA lors d’un point de presse au sujet des Ryachates, 20% des volailles à la ferme sont destinés au circuit moderne, soit environ 27 abattoirs avicoles agréés et contrôlés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Cette quantité est destinée à l’approvisionnement des grandes surfaces, à la restauration collective et aux points de vente modernes. Le reste, soit 80%, est destiné au circuit traditionnel (marché de gros aux volailles vivantes, où s’approvisionnent les Ryachates).

Certes, ces Ryachats répondent aux habitudes de consommation d’une large frange de la population et à l’intérêt du commerce de proximité au consommateur, mais elles présentent plusieurs inconvénients d’après la FISA :

  • la situation hygiénique et sanitaire y est déplorable ;
  • les produits ne sont pas contrôlés par les services vétérinaires ;
  • l’image de marque des viandes de volailles est détériorée auprès du consommateur ;
  • la non-valorisation de sous-produits d’abattage et les impacts négatifs sur l’environnement ;
  • l’interdiction d’approvisionner la restauration collective.

Environ 50.000 DH pour la modernisation d’une tuerie traditionnelle

L’objectif de la Fédération est de les moderniser. "Elles peuvent être transformées en abattoirs de proximité modernes" destinés exclusivement à l’approvisionnement des ménages conformément au cahier des charges y afférent, ou "en point de vente des viandes de volailles" provenant des abattoirs avicoles agréés par l’ONSSA, nous explique Youssef Alaoui. "Pour ce faire, l’investissement n’est pas lourd : entre 40.000 et 50.000 DH."

Lors du point de presse organisé ce mardi 2 mars 2022, le directeur de la FISA, Chaouki El Jirari, a présenté les modalités d’accompagnement des éleveurs pour l’installation d’abattoirs avicoles agréés de faible capacité, créés dans le cadre de projets d’agrégation ou de coopératives. Il s’agit notamment :

  • d’organiser des journées de sensibilisation ;
  • d’identifier des porteurs de projets à travers les différentes régions du pays ;
  • d’accompagner des porteurs de projets pour l’élaboration des dossiers sanitaires et techniques exigés par les services de l’ONSSA et d’assurer le suivi de la réalisation du projet jusqu’à l’obtention des agréments réglementaires. La FISA s’engage à prendre en charge 50 à 70% du coût de l’étude selon les cas ;
  • d’organiser des sessions de formation pratique aux porteurs de projets et à leurs collaborateurs au centre d’Avipole ;
  • de sensibiliser à la consommation des produits des abattoirs agréés.

Côté financement, les abattoirs avicoles agréés peuvent bénéficier de :

  • la subvention de l’Etat à hauteur de 30% du coût de la construction et de l’équipement ;
  • l’accompagnement financier du groupe Crédit Agricole du Maroc. "Nous avons une convention avec cette banque pour accompagner les porteurs de projet. Ceux-ci peuvent profiter d’un montant de 1,2 million de DH avec un taux d’intérêt qui ne dépasse pas 1,75%", précise Chaouki El Jirari.

"Actuellement, nous avons 11 projets de modernisation de Ryachates en cours depuis 2021 et deux autres ont été déposés début 2022. D’autres sont en cours d’études", précise-t-il. "Dans le cadre du plan Maroc Vert, nous avions signé deux contrats-programmes, dont le premier a couvert la période 2008-2013 et le second 2011-2020. Le programme du troisième contrat-programme est prêt ; nous n’attendons que la signature. Ce dernier sera dédié à la modernisation des canaux de distribution", conclut Chaouki El Jirari.

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