Rareté de l’eau potable : Oujda menacée de subir le même scénario que Marrakech

Après les strictes mesures d’économie d’eau décidées en janvier par la wilaya de Marrakech, la ville d’Oujda se dirige, selon un haut responsable du ministère de l’Équipement et de l’eau, vers un scénario identique. Des mesures d’urgence sont lancées pour prévenir une situation qui risque d'affecter d’autres régions du Royaume.

Rareté de l’eau potable : Oujda menacée de subir le même scénario que Marrakech

Le 31 janvier 2022 à 18h56

Modifié 31 janvier 2022 à 19h20

Après les strictes mesures d’économie d’eau décidées en janvier par la wilaya de Marrakech, la ville d’Oujda se dirige, selon un haut responsable du ministère de l’Équipement et de l’eau, vers un scénario identique. Des mesures d’urgence sont lancées pour prévenir une situation qui risque d'affecter d’autres régions du Royaume.

Cela fait des années que les autorités alertent sur la situation de l’eau au Maroc. Juste après sa nomination en octobre dernier, le nouveau ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, avait d'ailleurs évoqué le passage d'un stress hydrique à une situation de rareté de l’eau, avant d'annoncer le lancement d'un plan d’urgence pour remédier à la situation à moyen terme.

Ces mots n'ont, il faut le souligner, pas trouvé écho auprès du grand public, qui n’a découvert l’étendue des dégâts et des risques que ce 27 janvier, après la série de mesures prises par la wilaya de Marrakech, portant sur la rationalisation de l’usage de l’eau.

>>>Marrakech : le wali règlemente l’usage de l’eau courante et de la nappe phréatique - Médias24

Contacté par Médias24, un haut responsable du département de l’Eau nous apprend que cette situation était prévisible vu la succession de cinq années de sécheresse qui, quoique entrecoupées par une bonne année en termes de pluviométrie, n’a pas permis de réalimenter les réserves des barrages, nécessaires pour couvrir les besoins des citoyens en eau potable et les besoins en eau d'irrigation.

À Marrakech, de l’eau potable aux dépens de l’agriculture

La région de Marrakech vit, nous explique notre source, une situation de stress hydrique assez avancé. En cause : le niveau très bas des réserves des barrages qui alimentent son bassin, le Tensift. La région est, pour rappel, alimentée par plusieurs sources : une composante en eaux souterraines, mais aussi des barrages situés dans le Tensift et dans le bassin d’Oum Er-Rbia, comme le barrage Moulay Hassan 1er ou encore le barrage Moulay Youssef. La région reçoit du renfort des barrages du Haouz, de Lalla Takerkoust et de Yacoub Al Mansour, qui vivent également une situation très critique.

« C’est la situation de ces sources d’alimentation qui a poussé les autorités compétentes à lancer ce programme pour garantir l’eau potable à la ville, en essayant de faire des économies là où c’était possible. Pour l’instant, il n’y pas de coupures d’eau qui soient prévues. Mais nous avons jugé que le lavage des voitures, par exemple, ou l’arrosage des espaces verts n'étaient pas prioritaires en l’état actuel des choses», explique notre source, qui tient toutefois à rassurer.

« Jusqu’à présent, on a de quoi satisfaire la demande en eau potable dans la région. Mais cela se fera aux dépens de l’agriculture. Dans les consignes de gestion, on doit garantir l’eau potable en priorité. L’irrigation vient en second ordre. On en est là aujourd’hui. Le barrage Moulay Youssef, qui est destiné par exemple à l’irrigation dans la Tassaout, a été redirigé vers l’eau potable. On y a bloqué 25 millions de m3 pour alimenter Marrakech en eau potable, en attendant de voir l’évolution des conditions climatiques », indique notre source.

Cette situation ne concernerait pas que la ville de Marrakech, mais tout le pays. « Avec cette cinquième année de sécheresse et le retard des pluies, les réserves de tous les barrages sont au plus bas. Mais il y a des régions qui sont plus exposées que d’autres à court terme », explique le haut responsable du ministère.

Alerte sur Oujda et Taourirt ; Casa sera sauvée par Rabat

Première zone à haut risque : l’Oriental, notamment les villes d’Oujda et de Taourirt.

« Dans les villes de l’Oriental, on sera peut-être obligé de prendre les mêmes mesures qu’à Marrakech à cause de la situation du bassin de Moulouya », signale notre source. Elle tient à rappeler que les mesures de rationalisation de l’eau potable ne sont pas décidées par le ministère, mais par des comités de vigilance mis en place dans l’ensemble des wilayas du Royaume. Des comités où sont représentés les agences des bassins hydrauliques, qui fournissent les données, mais aussi les représentants du département de l’agriculture, l’ONEE et d’autres intervenants…

« Dans le bassin de Moulouya, on est obligé de se rabattre aujourd’hui sur les eaux souterraines. C’est la solution pour continuer d’alimenter les villes d’Oujda et Taourirt, sachant que ces deux villes sont alimentées en bonne partie par les eaux souterraines. En revanche, pour Nador et Driouch, on va prendre l’eau de l’irrigation, ça se fera donc aux dépens de l’agriculture », déplore notre source.

Le risque existe même dans le Grand Casablanca. Mais il a été anticipé dès l’année dernière, explique notre source, avec le lancement d’un projet d’interconnexion des systèmes d’eau.

« À Casablanca, c’est un projet structurant qui a été lancé l’année dernière pour anticiper cette situation. La métropole est alimentée essentiellement par le barrage Al Massira. Mais une partie de Casa-Nord est alimentée à partir du barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah de Rabat. Le projet lancé consiste en l’interconnexion des deux systèmes ; ce qui fera qu’à partir du mois d’avril, date d’achèvement des travaux, on pourra alimenter Casablanca à 100% par les eaux de Rabat, où les réserves sont suffisantes », décrit notre source.

Dans l’immédiat, aucune menace ne pèse sur Casablanca. Mais ce projet reste insuffisant pour pérenniser les sources d’approvisionnement en eau de cette grande agglomération. D’où le lancement en urgence, explique notre source, du projet de station de dessalement de l'eau de mer de Casablanca.

« Sur le moyen terme, ce projet pourra régler une fois pour toute la problématique de l’eau à Casablanca. L’appel à manifestation d’intérêt va être lancé dans les prochains jours, en février, pour que la station soit opérationnelle dès 2026. »

Le dessalement : « la solution d’avenir pour le Maroc »

C’est ce qui a été fait justement à Agadir, une ville qui vivait sous haute tension avant d’être sauvée par l’entrée en fonction, ce week-end, de la station de dessalement de Chtouka Ait Baha.

>>>Mise en service de la station de dessalement de Chtouka-Aït Baha - Médias24

Cette station permettra, dans un premier temps, de produire 275 000 m3/jour, selon notre source : 150 000 m3 réservés à l’eau potable et 125 000 à l’agriculture.

« Cette station va complètement satisfaire les besoins du Grand Agadir. C’est une solution pérenne », affirme le haut responsable du département de l’eau.

Le dessalement, explique notre source, est d’ailleurs « la solution d’avenir pour le Maroc ».

« Le Maroc est situé dans une zone qualifiée de hot spot, comme tous les pays du bassin méditerranéen qui sont exposés à l’anticyclone des Açores. Le dessalement est ainsi une des solutions les plus pérennes pour la durabilité de l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation. On dispose d’un linéaire de 3.500 km de côtes. C’est une source d’approvisionnement importante que l’on doit pouvoir exploiter. En plus des stations déjà mises en place, nous avons en tout une vingtaine de points de dessalement qui sont répertoriés un peu partout sur le territoire national. »

Et cette solution peut apporter de l’eau à moindre coût, comme l’a déclaré la semaine dernière le ministre Nizar Baraka dans un entretien à la MAP, et ce en exploitant les nouvelles stations grâce à l’énergie renouvelable.

Nizar Baraka a annoncé, au cours du même entretien, le lancement d'importantes stations dans les régions du Sud (Laâyoune et Sidi Ifni), sur le même mode de partenariat public-privé que celui qui a été utilisé pour la station de Chtouka Ait Baha, et qui sera également mis en place pour la station de Casablanca.

Il sera également procédé au lancement du projet de Dakhla, à travers l'exploitation de l'énergie éolienne pour le dessalement de l'eau, ce qui permettra, a expliqué le ministre, d'assurer l'approvisionnement en eau potable et l'irrigation de grandes superficies agricoles sans avoir recours à la nappe phréatique.

Notre source nous confie que des études ont déjà démarré concernant une station à Nador. Une station qui viendra s’ajouter à celle d’Al Hoceima qui est déjà opérationnelle. À Safi, l’ONEE travaille sur un projet similaire, d'après notre source qui nous révèle que des études sont menées pour examiner la possibilité d’installer des stations à Guelmim et Tan-Tan.

Ci-dessous, si vous voulez connaître la situation détaillée des barrages, feuilletez notre tableau de bord :

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