Récit. Les derniers jours d'El Otmani à la primature

Malgré la débâcle cinglante de son parti aux élections du 8 septembre, dont il est le premier responsable, El Otmani poursuit son mandat comme si de rien n’était, dans la droite ligne du style qui a caractérisé son mandat : le travail dans la discrétion totale et une grande capacité à encaisser les coups. Récit des dernières semaines d’un Chef de gouvernement blessé.

Ph. MAP

Récit. Les derniers jours d'El Otmani à la primature

Le 6 octobre 2021 à 21h35

Modifié 7 octobre 2021 à 16h21

Malgré la débâcle cinglante de son parti aux élections du 8 septembre, dont il est le premier responsable, El Otmani poursuit son mandat comme si de rien n’était, dans la droite ligne du style qui a caractérisé son mandat : le travail dans la discrétion totale et une grande capacité à encaisser les coups. Récit des dernières semaines d’un Chef de gouvernement blessé.

Continuer de travailler, assurer le job après la défaite, est une tâche difficile, ingrate pour le commun des mortels. Mais El Otmani ne fait pas partie de cette catégorie de personnes, selon ses proches collaborateurs, tous non partisans, apolitiques et surtout non pjdistes. Un choix éditorial que nous avons fait pour recueillir les avis les plus objectifs possibles sur le Chef de gouvernement sortant.

« Il doit être meurtri par les résultats des élections et sa propre défaite. Mais rien ne transparaît. Il est toujours fidèle à lui-même, souriant, bienveillant et n’a rien changé à son rythme de travail », nous confie un responsable de la primature.

A part les deux premiers jours qui ont suivi les élections, où il y avait un blackout total à la primature, comme nous le racontent plusieurs personnes qui travaillent avec le Chef de gouvernement, « on vit depuis dans un rythme normal. Et chacun continue de faire son travail, à part ceux qui sont déjà partis ».

D'après ses collaborateurs, ce blackout de deux jours n’est pas tant lié à la personne d’El Otmani qu'au feu qu’il a dû gérer à la maison PJD. « Ce qui est compréhensible », souligne un de ses proches conseillers.

Le travail continue « as usual »…

Dès le troisième jour, El Otmani s'est remis au travail.

« On s'attendait à voir une personne affaiblie, attristée, mais il est venu comme si de rien n'était. Et est entré directement dans le vif du sujet, sans évoquer ni les élections ni les événements qui se sont déroulés entre-temps », relate un de ses proches.

Malgré l’image qu’il donne à l’opinion publique, El Otmani est en réalité un grand travailleur.

« Tout au long de son mandat, et jusqu’à aujourd’hui, il commence le travail très tôt le matin et ne s’arrête que très tard le soir. Il nous arrivait fréquemment de tenir des réunions avec lui à minuit, dans sa résidence officielle qu’il n’a pas encore quittée contrairement à ce qui se dit. Là, il reste toujours matinal, arrive à son bureau avec la pêche, mais finit un peu plus tôt qu’avant, transition et gestion des affaires courantes obligent », explique une personne de son entourage proche.

Gérant les affaires courantes comme le veut la Constitution, El Otmani continue donc de travailler. Et n’a pas lâché la main. Que fait-il exactement ? « Plein de choses », nous confie un de ses conseillers.

« Rien n’a changé en fait. Il est toujours là, impliqué dans les dossiers qu’il a sur la table. Il a par exemple beaucoup travaillé ces derniers jours sur la levée des restrictions sanitaires. C’est un dossier dans lequel il s’est beaucoup investi », nous raconte-t-on.

Ce dossier lui tenait particulièrement à cœur, car il avait reçu, quelques jours avant les élections, les représentants des secteurs touchés par le couvre-feu et les mesures restrictives, comme les traiteurs, les hammams, les cafés, les restaurants... Et il leur avait promis qu’il allait tout faire pour trouver un équilibre entre le redémarrage de leurs activités et les conditions sanitaires.

« Il a tenu sa promesse. Car il a joué un grand rôle pour défendre, auprès des ministères concernés, ces secteurs en difficulté. Il a joué un rôle de plaidoyer qui a abouti à l’accélération de cette prise de décision. Car cette décision ne lui appartient pas tout seul. C’est un sujet qu'El Otmani a suivi de près ces derniers jours, et il a été, pour cela, en contact permanent avec les parties concernées », raconte un de ses conseillers.

A part ce grand dossier, El Otmani poursuit les tâches du quotidien : traiter la masse de courrier que la primature reçoit - « avec une grande réactivité », nous signale-t-on -, signer des décrets courants qui ne nécessitent pas de passer par un conseil de gouvernement, comme ceux liés à des expropriations ou à des cessions d’un domaine public, suivre la situation économique et les indicateurs que lui fait remonter sa cellule économique, assurer avec son secrétaire général les interactions avec les différents ministères… Bref, gérer les affaires courantes.

Préparer le terrain pour Aziz Akhannouch

Mais en parallèle, El Otmani tient à préparer la transition, comme nous le révèle un de ses collaborateurs. Et il veut que cette transition se fasse dans les meilleures conditions. Exemple : la réduction drastique des effectifs de la primature qu’il a effectuée il y a trois semaines.

« Il a bossé depuis les élections sur la fin de mission d’une quarantaine de personnes. La primature n’est pas faite de fonctionnaires, mais de chargés de mission. Il a voulu faire le nettoyage pour laisser la place libre au nouveau locataire qui arrivera. Et il l’a fait dans les conditions les plus humaines », confie une de nos sources. Ainsi, il a tenu à organiser, il y a trois semaines, une réunion avec tous les effectifs de la primature pour les remercier et les saluer pour le travail accompli à ses côtés.

Cela étant dit, El Otmani n’a pas fait le vide. Il a dissous principalement les pôles politique et de communication. Et ceux qui sont partis sont majoritairement du PJD. Mais il a laissé en place des pôles qu’il considère comme pouvant être utiles pour le prochain Chef de gouvernement. C’est le cas, nous dit-on, du pôle économique, de la cellule de suivi du climat des affaires ou du pôle de la gestion des relations avec le Parlement.

« Il a laissé les structures, mais ça ne veut pas dire que les gens qui y travaillent vont forcément rester. Ou que ces structures vont rester avec l’arrivée d'Akhannouch », expliquent nos sources. Mais le caractère stratégique de ces cellules l’oblige à les garder actives.

« Le suivi de la situation économique ne peut pas s’arrêter. La primature, c’est une nouveauté d’El Otmani, s’est institutionnalisée, avec des pôles composés de compétences qui ne sont pas partisanes. Dans le pôle économique, par exemple, la primature est engagée avec des partenaires comme la BAD ou l’OCDE sur des projets concrets. Ces projets, leur suivi continue de manière normale. Ils font l’objet d’échanges réguliers avec le Chef du gouvernement. On a travaillé récemment sur la politique de ville, le tourisme médical, le préscolaire… Des sujets qui sont en phase d’étude, avec des bailleurs de fonds internationaux et qu’El Otmani suit de près », confie une de nos sources.

Autre mission qu'El Otmani continue d’assurer : le travail sur les CRI. « Le Chef du Gouvernement préside la commission de recours des CRI. Et selon la loi, cette commission doit se tenir une fois par mois. Il en a tenu une à la veille des élections et il prépare, déjà, la tenue de la prochaine réunion, même s’il sait qu’il peut partir avant », poursuit notre source.

A côté de cette « préparation technique » du départ, El Otmani tente aussi de préparer, au mieux, le terrain pour Aziz Akhannouch.

« Il nous a demandé par exemple de sortir tous les dossiers importants, les livrables qui ont été faits durant son mandat, pour les mettre en format numérique et en format papier pour qu’ils soient à la disposition du prochain Chef de gouvernement », nous informe une de nos sources.

Un travail qui ne se voit pas, selon ses collaborateurs, car il s’effectue en interne et qui peut laisser entendre que les affaires sont à l’arrêt. « Une impression », nous dit-on, que le fait qu’il n’ait pas tenu de Conseil de gouvernement depuis les élections peut rendre crédible aux yeux de ceux qui sont loin de la ruche de la primature. Mais « cette impression est loin d’être vraie ».

« Les conseils de gouvernement doivent se tenir, en principe, toutes les semaines. Mais El Otmani avait anticipé cela, car il savait que le prochain gouvernement allait être rapidement constitué et nommé. Il a donc organisé un dernier conseil, à la veille des élections, où l’ordre du jour était extrêmement chargé, et où il a fait passer plus de 20 textes de lois et décrets. C’est un conseil de gouvernement qu’il a préparé, à l’avance, pour évacuer tout ce qui devait se faire après les élections, et tous les ministres le savent… », nous explique un de ses proches collaborateurs. « Ce qui ne justifie pas la non-tenue de conseils depuis », nuance-t-il toutefois.

Le style El Otmani, ce « soufi presque laïque »

En tout cas, ce travail discret, loin des caméras et des radars, El Otmani le fait principalement depuis ses bureaux d’El Mechouar ou celui qu’on appelle « l’annexe » sis à Hay Riyad, mais aussi depuis sa résidence officielle. Tout en gardant le même rythme qu’avant. Et le même style.

« El Otmani a un rythme militaire. Ça s’est allégé ces dernières semaines. Mais nous avons vécu avec lui cinq ans de course contre la montre. Il travaille soit dans son bureau soit dans sa résidence. Et il démarre sa journée très tôt. C’est quelqu’un qui dort très peu. Un extraterrestre. Il déjeune vers 14 h et reprend son travail jusqu’à ce qu’il finisse très tard le soir souvent. Avec El Otmani, il faut être rapide et athlétique. Il marche beaucoup, avec un pas rapide, ne prend pas l’ascenseur... Dans son bureau du quatrième étage de l’annexe, il arrive au sous-sol et montre cinq niveaux à pied. Il faut le suivre… », nous raconte un de ses conseillers.

« Ce n’est pas un extraterrestre », s’amuse une autre personne de son entourage. « C’est un Soussi, dans tout ce qu’il y a de plus positif chez les Soussis. Il est profondément sérieux, dévoué, travailleur, positif, industrieux, avec un grand sens du sacrifice… Il travaille matin et soir, les week-ends… C’est un homme de grande valeur et d’une extrême humilité. Je n’ai jamais vu ça dans le milieu politique », ajoute notre source.

Tous ses collaborateurs non-pjdistes qui l’ont rencontré pour la première fois à la primature se disent impressionnés par ses qualités humaines, sa capacité de travail. Et sa capacité à rester positif même dans les situations les plus difficiles.

« El Otmani peut recevoir des coups très violents le soir. Mais le matin, il arrive au bureau avec un grand sourire, comme si de rien n’était. Il a toujours la pêche, une sorte d’énergie positive qu’il diffuse autour de lui. C’est impressionnant comment il est capable d’encaisser les chocs, les coups… Ça vient peut-être de son métier de psy, mais cette qualité est très rare », considère un technocrate qui est entré à son service, au début de son mandat.

Autre qualité qui revient souvent dans la bouche de ses collaborateurs : son humilité, sa grande modestie.

« Vous venez chez lui pour une réunion, il prend vos chaussures pour les ranger. Il est dans une simplicité soufie. La photo récente de la sandale, il ne l’a pas faite pour le buzz. Non, il est juste comme ça. Il est dans une forme de simplicité presque soufie », affirme un de ses collaborateurs.

Un autre se souvient de sa première rencontre avec lui, qui s'est déroulée dans sa maison familiale à Hay Salam, avant qu’il ne s'installe dans sa résidence officielle.

« Quand je suis rentré chez lui, j’ai enlevé mes chaussures. Et j’ai vu qu’il les a prises de ses propres mains pour les ranger. J’étais extrêmement gêné. Il m’a reçu dans son salon. Et m’a servi lui-même le thé et quelques gâteaux marocains. J’ai été bluffé par sa modestie et sa capacité à vous mettre à l’aise. Je croyais que c’était un coup qu’il faisait pour m’impressionner. Mais j’ai compris plus tard qu’il faisait cela avec tout le monde. C’est un homme d’une modestie hors du commun », révèle notre source.

Ce caractère « soufi » se reflète aussi dans son régime alimentaire, très austère, « healthy » comme on dit.

« El Otmani ne mange rien. Les rares fois où je l’ai vu manger, c’était du pain, de l’huile d’olive et quelques produits bio très simples. Quand vous êtes convoqués chez lui pour une réunion le soir, il faut aller manger un sandwich avant d’y aller. Car son dîner se résume à une simple salade, sans langouste ni crevettes royales, et une soupe. Même s’il a tout le service de cuisine de la résidence à sa portée. Un jour, on devait recevoir une grande délégation d’intellectuels. Nous avons donc commandé comme le veut la tradition marocaine deux plats. Quand il l’a su, il nous a critiqués et nous a lancé que l’on ne peut pas manger tout ça le soir. On a changé le menu pour une salade et une soupe », se souvient, amusé, notre source, qui insiste sur ce trait de caractère d'El Otmani qui tient à servir ses hôtes lui-même, malgré la présence du personnel de maison.

C’est quelqu’un, nous dit-on, qui est très soucieux du bien-être de son personnel. El Otmani travaille très tard, mais il tient à libérer son personnel avant 20 h. Idem pour son chauffeur, quitte à se retrouver souvent sans moyen de transport pour rentrer chez lui. Il fait alors la tournée des collaborateurs restés avec lui pour savoir qui peut le déposer à la maison.

« Très souvent, il est monté avec moi dans ma voiture. Avec les gardes du corps qui le suivent. C’est une tradition qu’il a. Il libère son chauffeur à 20 h ou à 21 h, quels que soient ses engagements et se débrouille après pour rentrer chez lui. Et souvent il rentre avec n’importe qui... C’est assez incroyable pour un Chef de gouvernement », raconte un de ses collaborateurs.

Cette bienveillance avec son personnel, El Otmani l’a montrée dès le premier jour de son arrivée : « Dès la passation des pouvoirs avec Benkirane, il a fait le tour pour saluer les 70 collaborateurs de la primature. Et il a pris le temps de discuter avec chacun d’eux individuellement, dans la bonne humeur et avec une gentillesse et une bienveillance qui ont marqué les esprits. Ce geste avait rassuré tout le personnel, qui était alors perdu avec les montagnes russes vécues durant les six mois de blocage », relate une de nos sources.

Et cette bienveillance continue à ce jour.

« El Otmani a d’abord revalorisé les salaires de pratiquement tout le personnel de la primature. Et a renforcé les effectifs avec des gens indépendants, des experts, des consultants qui n’ont rien à voir avec le PJD. Là, il n’y a même pas quelques jours, il a fait un geste d’une grande symbolique en revalorisant la situation d’un ancien directeur qui était là depuis les années 1980, et qui était comme dans une sorte de placard. Il a veillé personnellement à régler sa situation avant son départ. »

L’ensemble de ses collaborateurs indépendants, qui sont parfois anti-pjdistes, décrivent un homme qui ne leur a jamais fait sentir qu’il venait d’un parti islamiste.

« El Otmani ne nous faisait jamais sentir qu’il venait du PJD. Dans ses équipes, la majorité sont des membres apolitiques, dont certains sont même anti-PJD. C’est quelqu’un de pieux bien sûr, mais ne te fait pas sentir qu’il est dans le jugement, quand tu ne fais pas la prière avec lui et que tu sors plutôt fumer une cigarette. Il n’est pas dans le jugement. C’est limite un laïque dans sa tête, ou du moins un soufi presque laïque », fait remarquer notre source.

Autre témoignage, celui d’un expert qu'El Otmani consultait régulièrement : « À titre humain, il a toujours compris que je ne suis pas PJD, je suis contre le parti et ses valeurs, mais il m’a épargné les zones de friction où tu ne sais pas quand tu bosses avec le Chef de gouvernement, ou avec le secrétaire général du parti, alors qu’il pouvait le faire, comme beaucoup de politiques et de ministres le font. Il sait mettre les frontières entre les deux casquettes qu’il a. »

El Otmani, un homme d’État ?

Mais ses qualités font-elles de lui un bon chef de gouvernement ? Pas forcément, comme nous le dit une personne de son entourage, qui sépare l’homme de la fonction.

« C’est un homme d’une grande valeur, qui a des qualités extraordinaires, un sens de l’écoute, de la sympathie, de l’humilité, une bienveillance très rare dans les milieux politiques. Mais il lui manque certaines qualités qui font qu’il n’a pas été forcément un bon chef de gouvernement », signale notre source.

« Ce n’est pas une personne qui a un charisme et un leadership naturel. En privé, il est très charmant. Mais dès qu’il est en assemblée, ce n’est pas quelqu’un d’inspirant, d’accrocheur, d’entraînant. Autre bémol dans sa personnalité, lié peut être à son parcours professionnel de psy, c’est qu’il est toujours dans des stratégies d’évitement du conflit. Il laisse souvent faire, comme dans une thérapie, il ne va pas s’immiscer, il va accompagner, écouter, aider… mais il laisse faire. Ce n’est pas un homme de poigne qui va prendre des décisions, qui tranche, c’est plutôt quelqu’un qui accompagne et qui est conciliant. Il ne provoque pas les choses, ce n’est pas un bulldozer qui va casser des gens, des idées. Alors qu’un leader doit avoir ses qualités », estime notre source.

Avant de rajouter à sa liste de bémols ce défaut, dit-il, qu’ont tous les pjdistes : le « manque de consistance ».

« La consistance, c’est connaître l’ampleur des enjeux, voir et anticiper les effets collatéraux, positifs et négatifs de chaque décision, avoir conscience de l’enjeu des décisions politiques, économiques, financières… L’homme est vraiment remarquable, il inspire le respect, il est sérieux, honnête, travailleur, vif d’esprit… Il y a unanimité sur ça. Il a toujours une très bonne énergie. Il a la pêche, toujours souriant. Mais quand on gère un gouvernement, il faut du leadership et la capacité de trancher et de saisir l’ampleur des enjeux. Et les défauts d’El Otmani si on les analyse bien sont consubstantiels à son identité, à sa nature. »

Un avis qui est nuancé par un autre collaborateur indépendant d’El Otmani, qui voit les choses d’une autre manière, allant jusqu’à le qualifier d’un « grand homme d’État ».

« Le manque de charisme existe oui, mais il est juste médiatique. Le 'like' d’Instagram ou de Facebook ne l’intéresse pas. Je l’ai vu dans des réunions avec Laftit, Akhannouch, Moulay Hafid Elalamy, Amzazi… Il a toujours eu une posture de chef de gouvernement. Il y a des faits qui démontrent l’inverse de ce que l’on croit ou de ce qui se dit sur le fait qu’il se laisse bouffer par ses ministres. Et ces ministres, il faut le reconnaître, ne sont pas si mal élevés que cela. Ce sont des gens qui le respectent et respectent aussi sa fonction », signale notre source, qui insiste sur le mot de « grand homme d’État » pour l’avoir, dit-il, vu à l’œuvre dans plusieurs situations très délicates.

« El Otmani a passé un mandat extrêmement difficile. N’importe qui à sa place n’aurait pas tenu. Il a commencé son mandat en pleine crise d’Al Hoceima, de Jerrada. Et tout de suite, il percute sur le boycott de 2018, puis la sortie du PPS en 2019, avec deux années de sécheresse. Avant même de relever la tête, le Covid est venu… Malgré tout cela et les coups bas qu’il recevait, aussi bien de son parti que de ses partenaires de la majorité, il est resté debout. Il faut être un Soussi, psy, sans aucun orgueil, pour réaliser cet exploit. Il y a deux ou trois personnes au Maroc qui ont ce profil-là et qui pouvaient tenir ce mandat jusqu’au bout. El Otmani en fait partie. »

Autre chose que notre source met à l’actif de « l’homme d’État » qu’est El Otmani à ses yeux : sa discrétion légendaire.

« El Otmani n’a jamais fait fuiter des choses ou des discussions entre lui et le palais. Dans son équipe, des gens se permettaient de lui proposer des plans machiavéliques pour qu’il puisse tirer bénéfice de certaines situations, comme le fait tout homme politique, mais il les envoyait balader avec gentillesse. C’est le cas de la dégradation de la situation Covid en juillet-août. On lui a dit de laisser le ministre de la Santé endosser le mauvais rôle. Le lendemain, il fait l’inverse. Il prend sur lui les mauvaises nouvelles. Et quand on lui demande pourquoi il fait cela, il nous répond calmement que c’est parce que c’est son rôle, son travail. C’est un Soussi, avec un côté héros enchanté suicidaire. Et il l’a payé très cher… Rien que pour ça, le fait de faire passer les intérêts de la nation avant les intérêts de son parti ou des considérations d’ego, c'est un grand homme d’État », insiste notre source.

Un autre conseiller de son équipe ne dit pas autre chose : « Il a accepté de jouer à plusieurs reprises le mauvais rôle. La première fois en remplaçant Benkirane. Ensuite, il a accepté de se mouiller lors du changement d’heure, décision qu’il n’avait pas prise lui-même. Idem pour la signature de l’accord avec Israël qu’il aurait pu décliner… Il a toujours accepté d’écraser ses principes face à la raison d’État. Il en a certes payé le prix. Mais rien que pour cela, on peut le qualifier d’homme d’État sans hésiter. »

« L’Amazigh, c’est l’homme libre. El Otmani a servi son pays. Il a eu toute la noblesse de l’Amazigh. C’est un homme d’une très grande noblesse», ajoute notre source.

Des témoignages qui braquent les projecteurs sur une personnalité complexe, pas comme les autres, impopulaire auprès du grand public, mais très appréciée visiblement par le petit cercle qui l'a côtoyé. Que retenir donc d’El Otmani ?  L’homme qui a tué le PJD ? L’homme sans charisme qui n’a fait qu’avaler des couleuvres, tout au long de son mandat ? Ou l’homme d’État qui a su et pu faire passer la raison d’État avant les intérêts de son parti ? L’Histoire nous le dira…

En attendant, l’homme se prépare déjà, selon nos sources, à reprendre son métier de psychiatre dans son cabinet. « Une passion » qu’il cultive en parallèle d’une autre que seuls ses intimes connaissent : la philatélie.

« El Otmani est un grand collectionneur de timbres. Il a une collection de plus de 100.000 timbres du monde entier et 6.000 cartes postales. Et il s’y applique avec une grande passion. Il prend le soin d’insérer chaque timbre dans une application spéciale, pour les sauvegarder. Il a des timbres du Maroc qui remontent à la fin du 19e siècle, du temps des postes locales. Et à chaque voyage qu’il fait à l’étranger dans le cadre de missions officielles, il profite de son temps libre pour aller chercher des magasins de timbres, et toujours à pied… », dévoile un de ses proches collaborateurs.

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