Voici comment a évolué le secteur bancaire en 2020

| Le 27/7/2021 à 16:55
Stabilisation de la structure bancaire, accélération de la digitalisation, dégradation des résultats et de la rentabilité des banques,… voici comment a évolué le secteur bancaire pendant la crise du Covid-19 en 2020, d’après le dernier rapport annuel de la supervision bancaire de la banque centrale.

En une année de crise, la structure du secteur bancaire marocain est restée globalement stable, d’après la 17ème édition du rapport annuel sur la supervision bancaire de Bank Al-Maghrib, dont les grandes lignes ont été présentées ce mardi 27 juillet lors d’une conférence de presse.

Le rapport traite, entre autres, l’évolution de la structure et la rentabilité du secteur bancaire en 2020.

D’une manière globale, la structure du système bancaire est restée stable, à l’exception du secteur des établissements de paiement qui a connu l’entrée d’un nouvel opérateur. Le réseau des banques a marqué une baisse en 2020 face à un recours croissant aux canaux digitaux, imposé par la pandémie.

Dans le détail, le nombre d’établissements de crédit et organismes (assujettis au contrôle de Bank Al-Maghrib) a totalisé 91 établissements en 2020 contre 90 en 2019.

Ces établissements sont répartis entre 19 banques conventionnelles, 5 banques participatives, 27 sociétés de financement, 6 banques offshore, 12 associations de micro-crédit, 20 établissements de paiement, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) et la Caisse Centrale de Garantie (CCG). Sont également soumises au contrôle de Bank Al-Maghrib, 4 fenêtres participatives, dont une spécialisée dans la garantie des financements.

Pour sa part, le réseau bancaire a enregistré une baisse de 0,4% en 2020. Le nombre de guichets bancaires s’est réduit de 29 agences pour ressortir à 6.510.

Cette évolution résulte d’une baisse de 50 agences pour les banques conventionnelles, dans un objectif d’optimisation de leur réseau, et d’une hausse de 21 agences pour les banques participatives.

Cela s’explique par l’accélération de la digitalisation du secteur suite aux recours des banques aux canaux digitaux, tenant compte des conséquences de la crise du Covid.

La densité bancaire, mesurée par le nombre d’habitants par guichet, ressort à 5.500 contre 5.400 une  année auparavant. Pour sa part, le nombre d’agences pour 10.000 habitants s’est établi à 1,8 guichet.

Le jeune écosystème de la finance participative a vu son réseau d’agences progresser en passant de 133 en 2019 à 154 agences en 2020.

De son côté, le réseau des établissements de paiement a enregistré une hausse importante de 98,1%, avec une ouverture de 5.911 nouveaux points de vente, soit un additionnel de 78 agences propres et 5.827 points de vente des agents de paiement mandataires, et ce, suite au démarrage effectif de l’activité des services de paiement par les établissements agréés pour l’exercer. Ainsi, le réseau a atteint un total de 11.935 points de vente.

Le réseau des associations de microcrédit a enregistré une baisse de 1% en 2020 pour ressortir à 1.770 points de vente, après une hausse de 1,1% en 2019.

Structure du système bancaire en nombre et en total-actif

Source: BAM.

 

1,5 million de comptes bancaires additionnels en 2020

Le nombre de comptes bancaires ouverts sur les livres des banques a enregistré une hausse annuelle de 1,5 million de comptes, soit +5,2%, pour s’établir à environ 29,9 millions en 2020.

De son côté, le nombre de cartes bancaires en circulation a augmenté de 6,3% à 17,2 millions, dont l’essentiel continue d’être utilisé pour des opérations de retrait en cash.

Parallèlement, le parc des guichets automatiques bancaires (GAB) a progressé de 1,6% après 4,4% en 2019 pour s’établir à 7.734 unités.

Ce ralentissement est lié à l’évolution du réseau des agences bancaires, vu que les GAB sont généralement situés au niveau des agences bancaires.

Le nombre de comptes de paiement ouverts a atteint 2.687.586 en 2020

Le nombre de comptes de paiement ouverts a cumulé un total de 2.687.586 comptes aux termes de 2020 contre 526.063 une année auparavant, dont 99% sont détenus par des particuliers. Ces comptes sont répartis entre 43% pour les comptes de niveau 1, 39% pour les comptes de niveau 2 et 17% pour les comptes de niveau 3. A noter que les comptes de niveau 1 sont plafonnés à 200 dirhams, les comptes de niveau 2 peuvent atteindre un solde de 5.000 dirhams et les comptes de niveau 3 sont plafonnés à 20.000 dirhams.

Pus en détails, les commerçants acceptants et les agents détaillants ont ouvert 30.202 comptes, dont 98% sont détenus par les premiers, contre 11.236 comptes ouverts une année auparavant. Sur ces comptes, 236.259 sont considérés actifs, soit 8,8% des comptes ouverts à fin 2020.

Les établissements de paiement ont collecté 1,2 milliard de dirhams par versement au niveau des comptes de paiement, contre 173,1 millions de dirhams à fin 2019, dont près de 73% ont fait l’objet d’un retrait ultérieur. Le solde des comptes de paiement s’est établi à 74,8 millions de dirhams, contre 9,7 millions à fin décembre 2019.

91% des opérations réalisées sur ces comptes en 2020 consistent en des versements et/ou retraits d’espèces. Les opérations d’exécution de paiement via mobile représentent 5% des transactions effectuées, contre 4% pour les opérations réalisées via d’autres moyens de paiement (Internet, carte, virement et prélèvement).

Pour leur part, les banques ont ouvert 730.050 comptes électroniques (m-wallets), adossés à des comptes bancaires, contre 371.116 à fin décembre 2019. La quasi-totalité de ces m-wallets est détenue par des particuliers, les comptes détenus par des commerçants acceptants formant environ 1%, soit 9.512 comptes contre 1.151 comptes en 2019.

Le résultat net des banques baisse de 43,2% en 2020

Le total-actif cumulé des banques a marqué une hausse de 5,4%, au même rythme que l’année 2019 pour se situer à 1.491,4 milliards de dirhams.

Du côté des emplois, cette évolution s’est traduite par une hausse des crédits, notamment de trésorerie, et du portefeuille-titres. Elle recouvre, du côté des ressources, une progression des dépôts collectés auprès de la clientèle et des dettes envers les établissements de crédit.

L’encours brut des crédits s’est établi à 969 milliards de dirhams, marquant une hausse de 4,1%, après une hausse de 4,5% constatée en 2019.

Cette progression a été soutenue par les crédits garantis par l’Etat mis en place pour répondre aux besoins de trésorerie des entreprises impactées par les effets de la crise sanitaire pendant le confinement et aider à la relance de l’activité post-confinement.

Ce sont surtout les crédits à court terme qui ont pu progresser en enregistrant une hausse de 6,5% en relation avec les prêts de trésorerie mis au point dans le cadre de la crise Covid-19, leur part dans le total s’étant accrue de 0,7 point à 31,1%.

L’encours des crédits à moyen et à long terme a vu son rythme de progression décélérer à 1,7% contre 6% en 2019. Leur part dans le total a ainsi reculé de 1,4 point à 60,7% entre 2019 et 2020.

Du côté des dépôts collectés auprès de la clientèle, ils ont vu leur rythme d’accroissement s’accélérer de 2,9% à 5%, dans un contexte de baisse de la consommation des ménages et de certaines de leurs dépenses en période de confinement et plus généralement au vu de la conjoncture de crise.

Les dettes envers les établissements de crédit et les fonds propres ont augmenté de 15,5% et 6,6% respectivement, tandis que les dettes obligataires ont accusé une baisse de 1,3%.

Par catégorie, les dépôts à vue se sont appréciés de 10,2% à 659,9 milliards de dirhams et les dépôts sous forme de comptes d’épargne ont ralenti de 1,9% à près de 169,1 milliards, en lien avec des opérations de retrait opérées au 2ème trimestre 2020 au cours de la période de confinement. Les dépôts à terme, d’un encours de près de 144 milliards, ont accusé de nouveau une baisse de 9,5%, après 6,3% un an auparavant, dans un contexte baissier des taux d’intérêt.

De même, les autres dépôts, constitués essentiellement de valeurs données en pension à caractère volatil, ont affiché un repli de 3,9%, après une baisse de 6,9% en 2019, ressortant à 29,5 milliards. En conséquence, les dépôts à vue ont vu leur quote-part se renforcer à 65,8%, au détriment des dépôts à terme et des comptes d’épargne, dont les parts respectives se sont contractées à 14,4% et 16,9%.

Du côté des réalisations des banques, le produit net bancaire s’est maintenu à 49,5 milliards de dirhams, reflétant une hausse de la marge d’intérêt, une baisse de la marge sur commissions et une stagnation du résultat des opérations de marché.

En effet, la marge d’intérêt s’est améliorée de 3,4% à 33,5 milliards de dirhams, après 0,7% en 2019, tirée par celle réalisée sur les opérations avec la clientèle, bénéficiant d’une baisse du coût des ressources collectées auprès de ladite clientèle, et dans une moindre mesure, par la baisse de la charge nette d’intérêt sur les opérations sur titres.

Pour sa part, le résultat des activités de marché s’est stabilisé à 8,4 milliards de dirhams, -après avoir connu plusieurs phases en 2020-, reflétant une baisse du résultat des opérations sur titres de transaction de 3,3% à 5,4 milliards de dirhams et du résultat des opérations de change de 1,8% à 2,8 milliards de dirhams.

Le résultat brut d’exploitation (RBE), lui, a augmenté de 4,7% à 26,7 milliards de dirhams, après 6,8% en 2019.

La crise Covid-19 a entrainé une dégradation significative du coût du risque. Celui-ci e s’est accru de 74,1% pour s’établir à 12,5 milliards de dirhams, reflétant les effets de la crise Covid-19 sur la solvabilité des emprunteurs. Sur ce total, le coût du risque au titre des créances en souffrance s’est accru de 50,6% à près de 9 milliards de dirhams. Les autres dotations nettes de reprises ont augmenté de 187,3%, les banques ayant constitué des provisions à caractère général, à titre préventif en couverture des risques latents.

Suite à ces évolutions, et sous l’effet de la crise du Covid, les résultats et la rentabilité des banques ont globalement baissé, environ de moitié.

Le résultat net des banques a subi une baisse de 43,2% à 6,8 milliards de dirhams, qui fait suite à une hausse de 8% en 2019. Il en découle une rentabilité des actifs (ROA) en dégradation de 0,4 point à 0,5% et une rentabilité des fonds propres (ROE) en repli de 4,6 points à 4,8%.

Synthèse des réalisations des banques

 

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