SBM connaîtra une reprise plus lente que prévu mais dispose de bons moyens pour rebondir
L’an dernier, le groupe Société des Boissons du Maroc (SBM) a été sévèrement impacté par les répercussions de la crise sanitaire. Notamment par la fermeture des CHR (Cafés, Hôtels et restaurants) durant la période de confinement, ainsi que l’état d’urgence et le couvre-feu.
Sur la période, le chiffre d’affaires du groupe a diminué de 10,4%. La chute de ventes d’alcool a donc fortement impacté les marges de la société et son résultat net. Le RNPG de SBM a chuté de 38% en 2020 à 231 millions de dirhams. Retraités des éléments exceptionnels (don Covid de 33 MDH et coûts relatif au plan d’optimisation industrielle, ndlr), la baisse du RNPG se limite à 16% en 2020.
Néanmoins, le groupe a assurer la distribution d’un dividende de 106 dirhams par action au titre de l’an dernier, en retrait par rapport à l’année précédente mais assurant un rendement intéressant de 4,6%.
En bourse, le groupe surperforme le MASI depuis le début de l’année, avec une hausse de 10,42% (+8,09% pour le MASI, ndlr) à l’ouverture de la séance du 26 juillet à 2 649 dirhams.
Cette année, les répercussions de la crise continueront d’affecter le groupe dans ses activités et l’évolution actuelle de la pandémie injecte de l’incertitude sur le reste de l’année. D’ailleurs au premier trimestre 2021, le groupe affichait des indicateurs en retrait avec un chiffre d’affaires en baisse de 15% à 483 millions de dirhams par rapport à la même période en 2020. Le groupe expliquait lors de la parution des résultats que « l’ouverture limitée des CHR (Cafés, Hôtels et Restaurants), la fermeture prolongée des bars et la suspension des arrivées des touristes étrangers, combinées à l’avènement du mois de Châabane, se sont traduits par des ventes en baisse de 14,8% à 344 610 HL ».
De plus, SBM devrait pâtir d’un environnement plus compétitif avec des importations de bières attendues en hausse suite au démantèlement tarifaire des droits de douanes sur la bière enclenché en 2015. Mais la société dispose d’une santé financière solide et a déjà entamé les investissements pour améliorer son chiffre d’affaires et ses marges.
Une reprise plus lente que prévu
Malgré une reprise mécanique des volumes vendus qui devrait avoir lieu cette année, le groupe continuera de pâtir des conditions sanitaires compliquées en 2021. Dans son dernier Stock Guide, CFG Bank explique que « le prolongement de l’état d’urgence et du couvre-feu en 2021 combinés à l’augmentation de la TIC sur la bière et le vin devraient selon nous, compromettre la matérialisation d’une reprise vigoureuse des volumes de ventes en 2021E et de facto retarder le retour vers les niveaux de rentabilité enregistrés avant la crise du COVID-19 ».
En plus de cela, cette année, la Taxe Intérieure sur la Consommation (TIC) a été revue à la hausse dans le la LF 2021, après une phase de stagnation observée sur la période 2013-2020. La TIC sur la bière est passé de 1 000 dirhams/HL en 2019 à 1 200 DH/HL début 2021 soit une augmentation de 20%. Sur le vin, la TIC passe de 800 à 900 DH l’hectolitre soit +12,5% de hausse. Cette hausse entravera une reprise des volumes de ventes mais néanmoins, elle entrainera une hausse du prix moyen de vente. Comme l’explique la société de recherche, « nous pensons que SBM va probablement répercuter l’intégralité de l’augmentation de la TIC sur les prix aux consommateurs sur les 2 prochaines années. Ainsi, nos hypothèses intègrent une augmentation progressive (entre 2021E et 2022E) du prix de vente moyen au Maroc ».
La société de recherche anticipe une progression contenue de 3% des volumes de ventes sur le marché locale et une augmentation de 18% des volumes de ventes à l’export. La croissance moyenne annuelle du chiffre d’affaires du groupe sur la période 2020-2024 devrait être de 4,2% selon CFG Bank. Cette année, un rebond de 6,9% est attendu à 2 557 millions de dirhams.
Une concurrence relativement plus agressive en 2022
Malgré un bon effet prix et volume, le groupe devrait à terme se heurter à une concurrence grandissante. Cette dernière sera poussée par le démantèlement tarifaire des droits de douane sur la bière qui représente 78% du chiffre d’affaires consolidé du groupe.
Le processus de démantèlement tarifaire a été entamé en 2015 où les droits de douanes sur la bière étaient de 34%. Ils diminué progressivement jusqu’à atteindre 9% en 2020. D’ici l’année 2022, ils auront totalement disparu. Ce facteur supplémentaire à la hausse de la TIC et aux prolongements de l’état d’urgence sanitaire « freineront le rythme d’amélioration des taux de marges et des niveaux de rentabilité à moyen terme ».
Ces dernières progresseront néanmoins sur la période 2021-2023. « A partir de 2021E, nous devrions assister à une amélioration des taux de marges opérationnelles sous l’influence d’un effet mix produit positif dans le sillage d’une reprise des volumes de ventes de la bière mais également grâce à une meilleure absorption des charges fixes » explique la société de recherche. Sur la période la marge d’EBIT devrait passer à 19,9% en 2021, 20,8% en 2022 et 21% en 2023.
La société a d’ailleurs déjà commencé à entamer des expansions stratégiques pour améliorer ses marges.
Une position financière solide et des investissements stratégiques
Malgré la crise, SBM a pu s’appuyer sur ses fondamentaux solides pour assurer un dividende et un yield supérieur à 4,5% pour ses actionnaires. Comme l’expliquait la société de recherche Alpha Mena dans une note, « malgré la baisse du résultat net, le groupe a pu capitaliser sur une forte trésorerie (une trésorerie positive depuis plus de 10 ans) pour proposer un dividende attrayant ».
Cette solidité financière a d’ailleurs permis récemment au groupe d’effectuer l’acquisition de Cépages Marocains Réunis (CMAR) pour 200 millions de dirhams. CMAR est une société agricole dont l’objet est la culture de raisins et d’olives, entrant dans le processus de de fabrication du vin et des huiles d’olives de SBM. Cette opération intragroupe (les deux sociétés appartenant au Groupe Castel, ndlr) a pour but d’intégrer verticalement CMAR à SBM. Concrètement, SBM a racheté l'un de ses fournisseurs. Philippe Corbin, directeur financier du groupe nous expliquait dans un précédent article que : « cette acquisition a été faite dans l’objectif de pouvoir mettre sous le giron de SBM cette partie d’amont agricole. Cette opération nous permettra de sécuriser l’intégration de nos activités ».
La manœuvre permettra à SBM de mieux gérer la chaine d’approvisionnement et d’améliorer ses marges sur le long terme et ainsi mieux absorber ses charges fixes. Le rachat de ce fournisseur traduit également une volonté du groupe de se positionner sur des produits à plus forte valeur ajoutée que sont le vin et l’huile d’olive.
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