RDS : La reprise pousse la valeur à la hausse, les analystes sont mitigés sur le potentiel
L’immobilière connait une forte croissance en bourse depuis le début de l’année. Pour un analyste de la place, la valeur bénéficie de l’effet de rattrapage mais dispose également d’une politique de déstockage efficace et d’une bonne diversification de son offre. Pour d’autres, le titre est l’apanage des petits porteurs et une telle hausse n’est pas justifiée d’un point de vue fondamental.
Depuis le début de l’année, les immobilières bénéficient d’un bon effet de rattrapage en bourse. Après que le secteur ait lâché 44,11% en 2020, il affiche désormais une progression de 49,11% depuis janvier 2021.
Parmi les trois immobilières qui font le secteur, Résidences Dar Saada (RDS) affiche quant à elle une hausse de près de 37% de son cours à 36,98 dirhams le titre à l’ouverture de la séance du 15 juin.
Graph Resid Dar Saada P
Cette bonne progression en bourse est portée par l’effet de rattrapage, la bonne tenue du marché, mais également par les données encourageantes publiées au premier trimestre 2021. Le groupe affichait un chiffre d’affaires à 92 millions de dirhams en légère hausse de 2% avec une bonne tenue des préventes, en croissance de 20% sur la période. A fin mars, le chiffre d’affaires sécurisé s’élevait à 1,4 milliard de dirhams, contre 1,2 milliard à fin décembre 2020.
Une performance tirée par l’effet rattrapage et le potentiel fondamental
Contacté, un professionnel d’une société de bourse de la place nous explique : « Il y a une reprise qui s’est amorcée au niveau de ce secteur. Comme les cours se sont écroulés en 2020, il est tout à fait normal qu’ils reprennent mécaniquement ». La valeur bénéficierait naturellement de l’effet de rattrapage suite à l’arrêt total des chantiers et la forte baisse des ventes durant l’année 2020.
Pour notre source, le titre recèle encore de la valeur sur le reste de l’année. « Je pense qu’il s’agit d’une fin de cycle du mouvement baissier qu’a connu la valeur depuis plusieurs années. Il y a un potentiel fondamental aujourd’hui » explique notre source. Pour elle, ce potentiel repose sur trois principaux facteurs.
Premièrement, l’assainissement de la situation financière de RDS. Le groupe est parvenu à réduire son endettement depuis l’an dernier. Sur l’année dernière seulement, l’endettement a baissé de 4,7% à 2,85 milliards de dirhams malgré un quasi-arrêt des revenus pendant 6 mois. Le groupe avait procédé sur la période à un remboursement de plus de 430 millions de dirhams de dettes bancaires hors intérêts au titre de l’exercice 2020. Au premier trimestre 2021, l’endettement s’affichait encore en retrait de 3% par rapport à décembre 2020 à 2,65 milliards de dirhams. Il faut aussi rappeler qu’en 2020, les créances clients s’élèvent à 624 millions de dirhams, en baisse de 30%.
Dans un second temps, le potentiel de RDS réside dans la diversification de son offre. « Le groupe a commencé à diversifier son offre de manière efficace. Il a notamment commencé à inclure des duplex dans les logements sociaux par exemple. Donc, il est clair que l’offre devient plus attrayante que ce qu’elle était il y a quelques années » explique notre interlocuteur.
Puis, le groupe a réussi a assurer des cash-flow satisfaisants avec sa politique de déstockage. « Les immobilières et notamment RDS avaient un vrai problème de stock. Ils avaient des difficultés à écouler leur stock car la demande n’étaient pas au rendez-vous. Désormais la politique de déstockage du groupe a limité la casse » poursuit notre source. En effet, dans une récente note, la société de recherche Alpha Mena rappelait également que le groupe a pu générer des cash-flow opérationnels satisfaisants grâce à sa politique de déstockage de produits finis.
Une valeur spéculative qui est l’apanage des petits porteurs
Cependant, le secteur demeure encore fortement marqué par des années de crise et le bout du tunnel n'est pas encore visible. Un analyste de la place nous explique que la hausse observée depuis le début de l’année demeure majoritairement spéculative.
« Aujourd’hui, je pense que cette hausse à laquelle nous assistons est principalement spéculative. Il n’y a pas vraiment d’éléments tangibles qui peuvent faire croire en un potentiel fondamental. Le groupe communique principalement sur son chiffre d’affaires, ce qui n’est pas nécessairement parlant » explique-t-il.
Pour notre interlocuteur, le secteur est principalement suivi par les petits porteurs qui spéculent sur les valeurs. « Tous les institutionnels se sont désengagés de ce secteur car il est en crise depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, c’est principalement les petits porteurs qui mènent les cours et échangent cette valeur. Il n’y a pas assez d’information sur le groupe et il n’y a que trop peu de visibilité, ne serait-ce que pour les flux de l’année prochaine » précise notre source.
Une autre source de la place nous explique : « La hausse observée depuis 5 mois ne s'explique pas de façon fondamentale. On en peut pas vraiment expliquer la forte hausse du cours étant donné la conjoncture qui demeure encore compliquée pour le secteur immobilier ». Malgré les chiffres encourageants du premier trimestre, notre source réitère, « 2020 était une année exceptionnelle, les performances du premier semestre seront également en hausse, car l’an dernier, le confinement était de mise et l’activité des immobilières avait été très fortement impactée ».
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