Fondation Joud, les 17 milliards, les élections... Aziz Akhannouch répond aux critiques et livre ses messages

Invité de la fondation Lafqui Titouani, Aziz Akhannouch revient sur les polémiques de Joud, des 17 milliards de DH et des projets agricoles récents. L'occasion, pour le président du RNI, de répondre aux nombreuses critiques reçues, mais aussi de se pencher sur la situation et les priorités du parti, dans le cadre des élections à venir.

Fondation Joud, les 17 milliards, les élections... Aziz Akhannouch répond aux critiques et livre ses messages

Le 12 mai 2021 à 15h10

Modifié 12 mai 2021 à 16h41

Invité de la fondation Lafqui Titouani, Aziz Akhannouch revient sur les polémiques de Joud, des 17 milliards de DH et des projets agricoles récents. L'occasion, pour le président du RNI, de répondre aux nombreuses critiques reçues, mais aussi de se pencher sur la situation et les priorités du parti, dans le cadre des élections à venir.

Lors de la 6e et dernière "discussion Ramadanesque autour des sujets de société", organisée par la Fondation Lafqui Titouani ce mardi 11 mai, Aziz Akhannouch, président du RNI, a eu l'occasion de répondre à ses détracteurs, mais aussi de donner un aperçu sur les priorités du parti, dans le cadre des prochaines élections.

Joud: Pourquoi on n'en parle qu'aujourd'hui?

"J’ai été surpris par les communiqués des partis publiés au milieu de la nuit. Comment se fait-il que des secrétaires généraux de partis politiques se réunissent jusqu’à minuit pour crier au scandale concernant Joud ?”, s'interroge-t-il.

“Joud est une institution privée, indépendante, dans laquelle se trouvent des cadres universitaires, des scientifiques, des hommes d’affaires, des commerçants, des retraités, il y a de tout. Ces personnes font des activités caritatives”.

“Le parti [RNI] est clair: toutes les organisations parallèles doivent passer par le conseil national pour obtenir la décision d’affiliation au parti. Joud n’est jamais passée par là”, indique-t-il.

“Dois-je interdire aux membres de notre parti de faire des actions caritatives ? Ce n’est pas possible! Je fais moi-même partie de ceux qui font des actions, au sein de cette institution, pour aider les gens”.

Joud n’a aucune relation avec le citoyen, elle ne travaille pas avec lui et ne lui distribue pas directement d’aide. Joud travaille avec des associations et est active sur tout le territoire. Elle n’organise pas que des aides directes mais travaille sur les routes, les classes primaires, sur l’amélioration des revenus, etc. Cela fait 5 ans que Joud existe et qu’elle fait des actions chaque année, pourquoi en parler maintenant et seulement maintenant?”

“Peut-être parce qu’il ne reste que 4 mois aux élections et qu’ils se sentent nerveux”, lance Aziz Akhannouch.

“Je vais sur le terrain et je fais parfois 7 à 8 heures de route pour aller voir les projets en étant accompagné par les membres de la fondation qui prennent des photos mais je ne les laisse pas les publier car nous restons discrets”.

Les partis politiques ne doivent pas distribuer de paniers, je suis d’accord. Mais ces partis sont composés de personnes qui ont le droit de faire du caritatif et nous voulons qu’ils le fassent".

"L'affaire des 17 milliards de DH est une affaire politique pure"

“L’affaire des 17 milliards de DH est une politisation qui remonte aux négociations de la composition du gouvernement en 2016. Elle a été utilisée comme une arme par les adversaires politiques”.

“C’est un chiffre mensonger. Fake news. Il n’y a pas de dossier ou de rapport de la commission d’enquête où figure le chiffre de 17 milliards”, insiste-t-il.

“C’est une affaire politique pure. (...) Je respecte la loi et je ne dirige pas d’entreprise commercialement active. Ces nombreuses entreprises sont à Casablanca, je n’ai aucune relation avec elles. Si elles ont fait une erreur ou ont une problématique, qu’elles se débrouillent. Il y a des institutions dans ce pays, et le Conseil de la concurrence est une institution qui travaille et enquête dans ce sens. Il va livrer ses conclusions et chacun va assumer ses responsabilités”.

“Ceux qui parlent d’argent et de pouvoir sont des ennemis de la réussite. Lorsqu’ils voient des personnes qui réussissent dans leur parcours professionnel, ils essayent de les combattre avec une forte expression politique (...) importée de l’Egypte, de la Tunisie etc.”.

“Concernant l’affaire Saham, Moulay Hafid Elalamy va mieux répondre que moi.(...) Il a payé 1 milliard et 200 millions de DH d’impôts sur cette transaction”.

“Ce qui figurait dans la loi de Finances au sujet de l’exonération de droits d'enregistrement avait été demandé par la CGEM”.

Projets agricoles: "J'ai travaillé pour leurs députés, ils doivent être reconnaissants"

“Cela fait 14 ans que je travaille dans le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime et ce n’est que maintenant qu’ils ont remarqué que nous mettons en place des projets et nous accusent de le faire pour des raisons politiques ? Les projets que nous exécutons maintenant ont démarré il y a 8 ans ou 14 ans”.

“Je vais vous donner des exemples qui montrent que ces personnes n’ont qu’un seul problème: c’est la réussite, c’est de voir que nous avons réussi, que nous travaillons et que nous allons de l’avant, ils veulent arrêter notre travail”.

“Nous avons fait un projet de dessalement et de réseau de distribution de 4 milliards de DH à Chtouka Ait Baha. Ce projet a pour but de protéger 9 milliards de DH d’investissements dans la région car, sans eau, tout sera perdu et 100.000 salariés n’auront plus où travailler. Or, cela fait deux mandats que dans la région de Chtouka Ait Baha il n’y a pas de député du RNI. Avons-nous investi ces 4 MMDH pour aider les autres ?”

“Autre exemple: 6 milliards de DH pour un projet d’irrigation à Saiss, (...) Est-ce qu’à Sefrou ou à Ifrane, nous avons des députés ?”

“Nous avons aidé 730.000 agriculteurs dans l’agriculture solidaire. Nous donnons des aides, dans le cadre du fonds de développement agricole à 38.000 voire 40.000 agriculteurs. Est-ce que nous disons à toutes ces personnes de venir faire de la politique ? Est-ce que nous leur demandons de prendre la carte du parti ? C’est absurde! S’il y a 730.000 par ci, en plus des 300.000 ou 400.000 qui existent et qu’on y ajoute les 1 million de Joud dont certains parlent, dans ce cas les partis politiques n’ont qu’à partir si tout cela est vrai”.

“C’est de l’absurdité et une absence de reconnaissance. J’ai travaillé pour eux, pour leurs députés, je les ai aidés et leur ai ramené de l’eau. Il faut, au moins, être des hommes et être reconnaissants”.

“Ils se rassemblent à deux et à trois pour aller chez le ministre de l’Intérieur et chez le chef du gouvernement. Va savoir ce qu’ils disent et sur quoi ils se mettent d’accord”.

“Excusez-moi de réagir ainsi mais je n’accepte pas l’injustice”.

“Le leadership pour diriger une majorité n’est pas donné à n’importe qui”

“Au sein du gouvernement, nous n’avons aucun problème. Le chef du gouvernement fait son travail (...). Il y a un équilibre et un leadership qui sont bons au vu des conditions difficiles. Nous passons par une pandémie et ce n’est pas facile de diriger un gouvernement et d’avoir des résultats”.

“Mais quand on en vient à la majorité, je suis d’accord avec Driss Lachgar. Il y a une problématique car la majorité n’est pas maîtrisée. (...) J’ai l’impression que le PJD a un problème de gestion lorsqu’il n'est pas seul à gérer. Il n’y a pas de réunions et dès qu’une petite critique émane d’un chef de parti, ça engendre de la nervosité, alors que lorsque ça vient de l’opposition, ça ne pose aucun problème. Nous en avons parlé avec le Chef du gouvernement; nous lui avons dit qu’il s’est réuni avec l’opposition mais pas avec la majorité; il aurait fallu se réunir avec la majorité pour définir une position commune avant la réunion avec l'opposition”.

“Le leadership pour diriger une majorité n’est pas donné à n’importe qui”.

"Certains ont pensé que nous étions des lièvres et que nous allions nous fatiguer"

“La vision et le cap de Sa Majesté sont clairs, mais il faut des personnes capables de suivre”.

“Nous avons fait un grand effort. Nous avons effectué de nombreux tours régionaux, et de nombreuses rencontres avec des milliers de citoyens. Nous avons préféré qu’il y ait de l’écoute, pour connaître les avis des citoyens ainsi que leurs priorités”, indique-t-il.

“Nous travaillons depuis 5 ans et certains ont pensé que nous étions des lièvres, que nous allions nous fatiguer (...) mais il s’avère que nous avons du souffle et que nous sommes prêts à faire de plus grands efforts”.

“Nous avons travaillé sérieusement et avons organisé le parti”, souligne-t-il.

Le RNI est prêt pour les prochaines élections prévues pour le 8 septembre, ainsi que ce qui vient avant”.

“Lorsqu’il y a des perturbations (des adversaires politiques, ndlr), cela nous prouve que nous sommes sur la bonne voie et que ceux qui nous accablent matin et soir sentent qu’il y a un travail sérieux. Cela est normal dans la politique et nous l’acceptons”.

“Ce qui se passe, et c’est la vérité, c’est que le RNI travaille sur le terrain depuis 5 ans et a noué des relations avec les citoyens, leur parle et leur a trouvé de bons candidats qui sont appréciés et peuvent avancer. Certains partis, pas tous, regardaient de loin et lorsqu’ils sont allés sur le terrain et qu’ils ont constaté que d’autres ont pris les devants, ils ont voulu arrêter cette dynamique”.

"Vous pouvez me voir allié à des partis qui nous ont manqué de respect"

“Ce n’est pas possible que 3 partis se mettent face au RNI. Nous n’avons que 37 sièges, d’où vient cette peur ? Peut-être qu’elle vient des échos sur le terrain et il tout à fait normal que chacun prenne position et qu’il y ait un peu de nervosité, mais cela sera dépassé dans l’avenir”.

“Il n’y a pas de ligne rouge. Je ne peux pas dire que, puisqu’untel a dit ou fait quelque chose, je ne m’allierai pas avec lui (...) Je suis clair en matière d’alliances, tant qu’il s’agit de partis patriotes et qui travaillent”.

“Il faut qu’il y ait des valeurs communes et que le socle du programme soit rapproché. Il faut que ce soit un parti loyal et qui va ramener des compétences aux ministères puisque nous vivons une situation difficile”.

“Nous sommes un parti du centre, on peut s’allier avec ceux de droite et ceux de gauche. On peut trouver plus de tendances avec les socialistes, mais je n’ai pas de ligne de rouge”.

“Je ne me suis disputé avec personne! Vous en êtes témoins. C’est eux qui m’ont provoqué”.

“S’ils nous attaquent c’est parce qu’ils savent qu’il y a une possibilité pour que nous soyons premiers”.

“Malgré tout ce qu’ils ont fait, je peux quand même vous dire que vous pouvez me voir allié à des partis qui nous ont manqué de respect. Car il s’agit de la patrie, de l’Etat, d’un programme du pays qui est au-dessus de nous et que nous devons construire pour les Marocains. Nous avons besoin de patience. Nous savons que ce qui vient n’est pas facile”.

"Je serai prêt pour les élections et j’irai sur le terrain"

“Il est clair que nous sommes en phase de recrutement, (...) et que notre parti est attractif”.

“Très peu de personnes ont quitté (le parti, ndlr). Leurs places sont garanties dans le sens où nous avons de très bons candidats, peut-être meilleurs. Donc il n’y a aucune crainte”, déclare-t-il.

“Nous allons laisser les 37 sièges [score actuel, datant des élections de 2016] derrière nous et irons plus loin, plus haut”.

“Pour le Parlement, nous avons fixé le choix sur près de 90% des candidats. (...) Les 24 membres du bureau politique des jeunes vont tous se présenter. Et au sein de notre bureau politique, plus de 50% vont se présenter”.

“La majorité des profils, soit 85 à 90% sont des commerçants, entrepreneurs, métiers libéraux, cadres et ingénieurs”

“Aujourd’hui il m’est difficile de répondre”, dit-il au sujet de sa candidature potentielle à Agadir.

“J’ai besoin de deux ou trois semaines car nous consultons encore et j’ai d’autres possibilités. Mais ce que je peux dire c’est que je serai prêt pour les élections et que j’irai sur le terrain, comme je l’ai été lorsque je me suis présenté à Tiznit”, indique-t-il.

“Je ne fais pas partie de ceux qui disent que le taux de participation sera faible. Pour moi, il va dépasser les 50%. J’en suis persuadé”.

L’injustice vient de l’enseignement et de la santé

Ce qui nous attend après les élections, c’est l’après-Covid, c’est-à-dire des mesures immédiates, mais aussi un programme qui devra être appliqué”.

“Je n’ai aucun problème avec l’école privée. Mais pour que le citoyen soit contraint de payer pour éduquer ses enfants et qu’aujourd’hui, à cause du Covid, ils quittent l’école privée pour le public sans en être ravis, c’est une frustration et une injustice”.

“L’injustice vient de l’enseignement et de la santé. Ce n’est pas possible qu’une personne qui se donne pendant 50 ans et qui, lorsqu’elle a besoin du système de santé pour ses parents les retrouvent jetés quelque part sans personne pour les accueillir, sans circuit, sans médecin”, poursuit-il.

“Nous n’avons jamais été contre les aides directes. Simplement, il ne doit pas y avoir que ça dans la société, il faut trouver à la population des emplois, leur donner l’égalité des chances pour y accéder. Ils doivent travailler et être indépendants”.

“Les personnes en difficulté doivent être accompagnées jusqu’à arriver, au moins, à un niveau où elles peuvent trouver du travail”.

“Concernant les enseignants (en grève, ndlr), il y aura une discussion à ce sujet au sein du bureau politique au moment où nous allons produire le programme et prendre la décision. Je ne veux pas entrer dans les détails de l’exécution de notre plan dans les prochaines années”, déclare-t-il.

Akhannouch rappelle une phrase que prononçait son père, Ahmed Oulhaj: les meilleurs jours du mois, ce sont ceux où je paie les impôts et les salaires. Une phrase bien connue au sein du groupe Akwa, car l'héritier Aziz l'a plusieurs fois répétées à ses équipes au temps où il se rendait tous les jours à ses bureaux de Ain Sebaâ.

Il insiste, à raison, sur un point: la capacité de gestion des affaires publiques par le RNI. Si le Maroc a pu aussi bien tenir le coup face au Covid, c'est en partie parce que les finances publiques avaient été assainies. Et si elles ont été assainies, après les dérapages de 2011, 2012 et 2013, cela a été piloté par un cadre du RNI. Tout comme des secteurs comme l'industrie. "Il ne suffit pas d'avoir une idée, ou de lancer un projet. Il faut avoir la bonne gouvernance pour délivrer et cela, le RNI sait le faire", répète-t-il en mettant l'accent sur la réputation et "la capacité de gestionnaires" du RNI.

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