Finances publiques: la situation à fin mars confirme la résilience du Maroc

Recettes fiscales meilleures que ce que l'on craignait, campagne agricole qui s'annonce excellente et situation budgétaire maîtrisable. Les inconnues de cette année sont, désormais, la vaccination au Maroc et dans les pays partenaires ainsi que l'éventuelle 3e vague dans notre pays.

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Finances publiques: la situation à fin mars confirme la résilience du Maroc

Le 18 avril 2021 à 12h04

Modifié 18 avril 2021 à 14h37

Recettes fiscales meilleures que ce que l'on craignait, campagne agricole qui s'annonce excellente et situation budgétaire maîtrisable. Les inconnues de cette année sont, désormais, la vaccination au Maroc et dans les pays partenaires ainsi que l'éventuelle 3e vague dans notre pays.

Les chiffres relatifs aux charges et ressources du Trésor à fin mars 2021 sont encourageants, malgré une dégradation apparente. Sur le plan économique et financier, il se confirme que le sort de l’exercice 2021 tiendra à la campagne de vaccination, aussi bien, au Maroc qu’au niveau de ses principaux partenaires.

Par contre, la campagne agricole sera très bonne, voire excellente, levant une hypothèque dont le Maroc a souffert en 2019 et 2020. D’autre part, le tissu économique fat preuve d’une résilience certaine, les recettes fiscales, à fin mars, s’étant très bien comportées. Les finances publiques se dirigent vers une baisse progressive du déficit budgétaire, réduisant d’autant l’effet d’éviction possible.

>A fin mars, le déficit budgétaire en aggravation vs mars 2020.
La situation des charges et ressources du Trésor, à fin mars 2021, se solde par un déficit budgétaire de 6,7 milliards de DH (MMDH), contre un excédent de 5,6 MMDH, au titre de la même période de 2020.

En fait, les deux périodes, 1er trimestre 2020 et 1er trimestre 2021, ne sont pas comparables.

En mars 2020, il y a eu le confinement et la décision de prolonger les délais de déclarations et de paiements de certains impôts.

De même, 18,3 milliards de DH de recettes exceptionnelles avaient été mobilisées, en mars 2020, dans le cadre du Fonds spécial de gestion de la pandémie Covid-19.

Par contre, cette année 2021, la loi de Finances a maintenu l’effort d’atténuation temporaire de la charge fiscale sur quelques secteurs, en difficulté, comme le tourisme ; ainsi que l’encouragement du financement de l’entreprise et le financement public, d’une partie du programme de généralisation de la protection sociale.

Enfin, le budget de l’Etat a subi, ce premier trimestre 2021, la hausse de la masse salariale, sous l’effet de la troisième phase du dialogue social.

>Les recettes fiscales à fin mars.

Sur une base nette des remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, les recettes globales du Trésor, au 1er trimestre 2021, ont enregistré une baisse de près de 2,7 MMDH, comparativement à fin mars 2020.
Les recettes fiscales ont enregistré un taux de réalisation de 29,1 % et ont accusé une baisse de près de 2,1 MMDH qui s’explique, notamment, par la non reconduction, en 2021 de la mesure relative à la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices, instituée par la loi de finances 2019.
Hormis cette contribution, les recettes fiscales affichent une relative résilience en se situant, quasiment, au même niveau qu’à fin mars 2020, lequel n’a été affecté que, partiellement, par les effets de la pandémie.

>Cette quasi-stabilité des recettes fiscales recouvre les évolutions suivantes:

*Une baisse des recettes tirées de l’IS (-1,8 MMDH), en lien, principalement, avec la baisse de l’activité en 2020 et, dans une moindre mesure, des droits d’enregistrement et de timbre (0,3 MMDH) et des taxes intérieures de consommation (-0,1 MMDH).

*Une augmentation des recettes au titre de l’IR (+0,9 MMDH) et de la TVA à l’intérieur (+0,8 MMDH) et à l’importation (+0,3 MMDH). A souligner  que l’évolution de la TVA à l’importation s’explique, principalement, par la TVA sur les produits hors énergie (+0,5MM.DH) qui a plus que compensé le recul de celle  afférente  aux  produits  énergétiques (-0,2MMDH), sous l’effet de la baisse des importations, en volume et prix.

*une augmentation des droits de douane de 0,3 MMDH.

>Repli des recettes non fiscales.

Les  recettes non fiscales ont enregistré un repli de 0,9 MMDH, imputable, à hauteur de 1,2 MMDH, aux  «fonds de concours». Les produits provenant des établissements et entreprises publics ont, en revanche, enregistré une augmentation de 400 MDH, attribuable, principalement, à un versement de 500 MDH de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie au titre des dividendes de 2020.

>Baisse des dépenses ordinaires (- 1,3 MMDH).

L’évolution, par rapport à fin mars 2020, est imputable à un repli des dépenses, au titre des «autres biens et services» (-2,5 MMDH) et des intérêts de la dette (-0,5 MMDH).
En revanche, les dépenses de personnel se sont inscrites en hausse de 1,4 MMDH, sous l’effet, notamment, des mesures de la 3ème phase du dialogue social.
La charge de la compensation a  enregistré  une augmentation de 0,3 MMDH, en liaison, notamment, avec la hausse des cours du gaz butane.
Ces évolutions des recettes et des dépenses ordinaires se sont traduites par un solde ordinaire négatif de 1,2 MMDH, contre un solde positif de 0,2 MMDH à fin mars 2020.
Les émissions au titre des dépenses d’investissement, pour leur part, se sont inscrites en baisse (-2,3 MMDH), par rapport à fin mars 2020, pour s’établir à 19,3 MMDH. Comparativement aux prévisions de la LF 2021, leur taux de réalisation s’est élevé à 28,4%.
Solde excédentaire des comptes spéciaux du Trésor
*Les comptes spéciaux du Trésor ont dégagé un solde excédentaire de 13,9 MMDH, contre près de 27 MMDH à fin mars  2020 qui  intégrait une recette nette de 17,1 MMDH au titre du fonds Covid-19. A noter que les  ressources des comptes spéciaux du Trésor tiennent compte d’un montant de 3,8 MMDH, correspondant au produit de la contribution sociale de solidarité sur  les  bénéfices  et  les  revenus, affecté au Fonds d’appui à la protection sociale et à la cohésion sociale, en vertu de la LF2021.

>Les perspectives encourageantes de 2021

Sans aller jusqu'à effacer la récession de 2020 (-7,5%), la croissance dépassera, probablement, 5%, cette année 2021. Pour Bank Al Maghrib, elle pourrait atteindre 5,3%. Tout dépendra en fait de la 3e vague et de la vaccination, au Maroc et chez les principaux pays partenaires. La campagne agricole est pour sa part, quasiment, déterminée et les récoltes, décisives, des cultures de printemps, devraient être excellentes.

L'année 2020 avait été très éprouvante pour les finances publiques et le staff qui les a suivies. Entre mars et juin, il y avait une absence totale de visibilité et les données qui alimentaient les tableaux de bord étaient scrutées quotidiennement.

Cette année 2021, l'état d'esprit est meilleur. L'année se présente mieux et 2020 a été moins catastrophique que ce que l'on craignait.
Concernant les seules finances publiques, l'objectif avait été de contenir le déficit budgétaire à 7,5% du PIB en 2020, en tenant compte d'une baisse de 40 milliards de DH des recettes fiscales. Fin 2020, les recettes fiscales ont baissé "seulement" de 28 milliards de DH, notamment, grâce à l'excellent travail de équipes de Khalad Zazou.

La récession aurait pu être même inférieure mais le ministère des Finances a profité de la marge qui lui a été offerte pour débloquer, dès fin 2020, les 15 milliards de DH du Fonds Mohammed VI et 3 milliards de DH pour les garanties CCG.

Le compte courant a, pour sa part, réalisé une performance, avec un taux de -1,5% du PIB seulement. Une performance facilitée, certes, par les levées en devises du Maroc mais aussi par la hausse (inespérée!) des transferts de MRE et le maintien d'une partie du flux des IDE.

En 2021, l'objectif est de limiter le déficit budgétaire à 6,5% du PIB, tout en soutenant la relance, l'emploi et l'investissement et en décaissant l'important part étatique, concernant la généralisation de la couverture sociale.

L'endettement avait pris 11 à 12 points de PIB en 2020, en raison des besoins du Trésor, des levées qui ont été effectuées et également de la baisse du PIB.

En 2021, et malgré le déficit, l'endettement ne connaîtra qu'une légère hausse car le PIB va reprendre sa croissance. L'endettement devrait se stabiliser en 2022-2024, puis commencer à baisser, légèrement, en 2025. Telles sont les prévisions officielles.

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