Ce lundi 15 mars, le gouvernement allemand a déclaré qu'il suspendait l'utilisation du vaccin d'AstraZeneca, en raison de nouveaux rapports de caillots sanguins dangereux. La France et l'Italie viennent de prendre la même décision. 

Ils sont désormais presque une dizaine de pays européens à avoir annoncé la suspension provisoire de l'utilisation du vaccin AstraZeneca ou de certains de ses lots.

Qu'en est-il alors du Maroc qui a reçu à ce jour 6 millions de doses de ce vaccin dont plus de la moitié a été administrée ? Le Royaume doit-il suivre le pas des pays européens ? 

"Au vu des avis de l'Agence européenne du médicament et de l'OMS ainsi que des données marocaines, il n'y a pas lieu de s'inquiéter", nous répond Dr My Said Afif, président d'InfoVac Maroc et membre du Comité technique et scientifique sur la vaccination. 

"Plus de 10 millions de doses ont été administrées en Angleterre sans problèmes significatifs. L'Angleterre continue avec AstraZeneca, de même que l'Inde qui va l'administrer à 300 millions de personnes", poursuit Dr Afif. 

"Hier [dimanche], j'ai contacté le Pr Robert Cohen, président d'InfoVac France, référence internationale en vaccinologie. Il m'a dit : jusqu'à ce jour, ce vaccin est sûr et efficace. Personnellement, j'en suis convaincu et j'ai d'ailleurs moi-même reçu mes doses et je n'éprouve ni inquiétude ni effets secondaires", ajoute-t-il. 

"Avec le recul, la vaccination à large échelle en Angleterre a fait baisser les nouveaux cas, les décès et les réanimations pour les personnes âgées. L'effet est visible dans les statistiques", insiste notre interlocuteur. 

Des craintes liées à la formation de caillots sanguins inquiètent

Tout commence quand l'Autriche annonce la suspension d'un lot du vaccin AstraZeneca après le décès d'une infirmière, ayant reçu le vaccin, suite à des troubles de la coagulation sanguine et la constatation de complication similaire chez une autre infirmière. La suspension était motivée par la nécessité de mener les investigations nécessaires pour savoir s'il y a un lien de causalité avec le vaccin. 

Depuis, les annonces de suspension "au nom du principe de précaution" se sont succédé dans plusieurs pays : l'Irlande, le Danemark, la Norvège, l'Islande, les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Italie, la France. 

Les autorités sanitaires de ces pays craignent que le vaccin anglo-suédois soit à l'origine de formation de caillots sanguins engendrant des complications qui peuvent être mortelles. 

Suite à cette polémique, AstraZeneca Plc a déclaré, dimanche 14 mars, que l'examen des données de sécurité des personnes vaccinées avec son vaccin Covid-19 n'a montré aucune preuve d'un risque accru de caillots sanguins.

Cet examen a couvert plus de 17 millions de personnes vaccinées au Royaume-Uni et dans l'Union européenne. "Un examen attentif de toutes les données de sécurité disponibles de plus de 17 millions de personnes vaccinées dans l'Union européenne et au Royaume-Uni avec le vaccin Covid-19 AstraZeneca n'a montré aucune preuve d'un risque accru d'embolie pulmonaire, de thrombose veineuse profonde ou de thrombocytopénie, quel que soit l'âge défini, groupe, sexe, lot ou dans un pays en particulier", a déclaré la société AstraZeneca.

Mais n'est-il pas pertinent de prendre un médicament anticoagulant par précaution ? Nous avons posé la question à Dr Afif. Voici sa réponse : "Aux personnes qui demandent si on doit prendre un anticoagulant après le vaccin, je réponds ceci : il faut prendre un anticoagulant, l'acide acétylsalicilique, à raison de 100 mg par jour si on a fait un Covid. Dans le cas contraire, si on a plus de 50 ans, il faut le prendre tous les jours à cette dose, à titre de prophylaxie et ce n'est pas lié au vaccin".

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