Sahara, USA, Israël: Un entretien exclusif avec l'ambassadeur américain David Fischer

Dix jours après la déclaration du président Donald Trump reconnaissant la marocanité des provinces du Sud, l’Ambassadeur américain est revenu pour Medias24 sur les conséquences de cette décision historique. Selon David Fischer, l’ouverture d’un consulat US à Dakhla ouvrira la voie à de nombreux projets d’investissement d'origine américaine qui apporteront un grand développement régional et des avantages tangibles à ses habitants.

Sahara, USA, Israël: Un entretien exclusif avec l'ambassadeur américain David Fischer

Le 19 décembre 2020 à 12h56

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Dix jours après la déclaration du président Donald Trump reconnaissant la marocanité des provinces du Sud, l’Ambassadeur américain est revenu pour Medias24 sur les conséquences de cette décision historique. Selon David Fischer, l’ouverture d’un consulat US à Dakhla ouvrira la voie à de nombreux projets d’investissement d'origine américaine qui apporteront un grand développement régional et des avantages tangibles à ses habitants.

Medias24 : Selon le MAE Nasser Bourita, la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara est le résultat d'un long processus initié par le Roi Mohammed VI en mai 2018. Avez-vous été impliqué dans ces discussions ?

David Fischer: -Oui mais je me dois d'abord  de préciser que nous avons eu un excellent leadership des côtés marocain et américain.

Ainsi, le président Trump, accompagné d'une équipe exceptionnelle dirigée par le conseiller spécial Jared Kushner, a fortement contribué à la reconnaissance d'Israël et à l'expansion de la paix régionale.

Il y a donc lieu de se féliciter de la vision audacieuse de politique générale du président Trump et de sa capacité de fin négociateur qui a permis aux nations du Moyen-Orient et d’Afrique d’engranger les bénéfices de son travail pour promouvoir la prospérité et la paix dans le monde.

Bien  évidemment, il faut également saluer le leadership du Roi Mohammed VI qui a abouti au résultat actuel, ainsi que l’excellent travail du ministre Nasser Bourita et de son équipe au ministère marocain des Affaires étrangères.

En effet, les efforts continus du Roi pour promouvoir la tolérance et l’harmonie religieuses ont été plus que remarquables.

Grâce à son engagement, le Roi a mis cette région d'Afrique sur la voie de la stabilité et de la prospérité en exportant une religion sunnite modérée.

Que ce soit à travers la tradition historique du Maroc de protéger sa minorité juive, la signature de la Déclaration de Marrakech ou enfin l’accord signé la semaine dernière, le Roi a montré l’exemple à la région et au monde entier.

-Sachant que votre pays est la première puissance mondiale, pensez vous que d'autres pays finiront par suivre les USA et reconnaitre le caractère marocain des provinces du sud ?

-Absolument car il est temps de passer à un nouveau logiciel et à  une nouvelle manière de réfléchir.

Si chaque pays est libre de prendre ses décisions, nous les encourageons cependant fortement à reconnaître, à l’image du président Trump et d’autres dirigeants mondiaux, que le statu quo sur le Sahara occidental n'a pas du tout fonctionné et n’a par conséquent profité à personne.

A partir de là, nous devons donc avancer vers une solution sérieuse, réaliste et crédible au conflit du Sahara.

     -Sur quel constat est basée la reconnaissance américaine ?

-Simplement sur le fait que les États-Unis estiment que l'autonomie est la seule option réaliste pour parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable pour l'avenir du Sahara occidental.

En effet, le statu quo actuel qui dure depuis plus de quarante ans n’a abouti à aucune solution.

Pour trouver cette solution, il faut donc une nouvelle réflexion, un leadership audacieux et un désir de paix durable.

Sachant cela, nous allons continuer à exhorter tous les participants au processus de la paix à s'engager de manière constructive avec les Nations Unies et à envisager de nouveaux moyens créatifs et authentiques pour faire avancer cette cause.

     -Pensez-vous que la proclamation présidentielle sera maintenue par son successeur ?

Quoiqu'il advienne à l'avenir,  l'équipe du président Biden a envoyé des signaux clairs selon lesquels elle croit aux accords d'Abraham et au renforcement de la paix et de la sécurité dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

De plus, il faut rappeler que le Maroc est l'un des alliés les plus anciens des États-Unis mais aussi le plus proche de toutes les administrations présidentielles qui se sont succédées depuis que le président Clinton a affirmé officiellement son soutien à la proposition d'autonomie du Maroc pour ses provinces du sud.

Encore une fois, nous continuerons à exhorter tous les participants au processus de paix à s'engager de manière constructive avec l'ONU et à envisager de nouveaux moyens pour faire avancer la cause de la paix.

    -Comment voyez-vous le contenu des prochaines résolutions de l'ONU ?

-Il est un peu tôt pour vous répondre mais les États-Unis ont déposé la proclamation du président Trump auprès du Conseil de sécurité de l'ONU et continueront à faire pression pour la nomination rapide d'un nouvel envoyé personnel du secrétaire général afin de trouver  une solution définitive à ce conflit qui s'éternise.

En fait, s’il y a une chose qui ne changera pas, c’est que les États-Unis resteront déterminés à travailler avec toutes les parties concernées pour soutenir les travaux nécessaires à venir.

-Certains opposants à la cause du Maroc ont parlé d'une compensation financière américaine (3 MM$) pour le convaincre de reprendre les relations diplomatiques avec Israël, qu'en est-il vraiment ?

-C’est faux, il n'y a eu aucune compensation financière qui a été subordonnée ou conditionnée à cet accord.

Proches depuis 200 ans, les États-Unis et le Maroc sont des partenaires économiques qui continueront d'entretenir des relations économiques solides, comme c’est déjà le cas avec le continent africain.

En effet, nous investissons continuellement dans cette partie du monde pour aider les économies à se développer.

En réalité, comme tout le monde le sait, l’accord historique entre Israël et le Maroc fait suite à des accords similaires entre Israël et les Émirats arabes unis,  le Royaume de Bahreïn, et enfin avec le Soudan.

De plus, le Maroc s'appuie sur ses liens de longue date avec la communauté juive marocaine non seulement au Maroc et dans le monde mais aussi en Israël.

-Certains condamnent la proclamation américaine du caractère marocain des provinces du sud. Comment les convaincre du bien-fondé de la décision marocaine de reprendre ses relations avec Israël ?

-Tout simplement par le fait que l’adoption de la paix par les États-Unis, Israël et le Maroc sera à l’origine d’un monde meilleur qui s'en tire mieux à tous les niveaux (socio-économique …).

     -Quand pensez-vous que le consulat américain sera ouvert dans la ville marocaine de Dakhla ?

-Très rapidement  sachant que nous allons commencer prochainement le processus de recherche d'un site approprié pour le nouveau consulat.

     -Sachant qu'il n'y a pas une grande communauté américaine dans cette région, quelle sera sa vocation ?

-Si nos consulats à travers le monde fournissent des services consulaires aux citoyens américains, ils ont également pour vocation de faire progresser le commerce et le développement économique, et de soutenir, entre autres fonctions, une gamme de programmes de sensibilisation culturelle.

Son ouverture permettra également aux États-Unis de mieux profiter du positionnement stratégique du Maroc, qui est une plaque tournante du commerce en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient.

     -Qu'apportera-t-il au Maroc sur le plan économique ?

-Il permettra de soutenir et d’encourager la concrétisation de nombreux projets d’investissement et de développement qui apportent des avantages tangibles aux populations des provinces du sud du Maroc.

Au final, le leadership audacieux du Roi Mohammed VI a habilement positionné le Maroc comme une «porte d’entrée économique de l’Afrique» grâce aux accords de libre-échange du Royaume avec l’Union européenne et avec les pays du Moyen-Orient et d’Afrique sans parler des Etats-Unis avec qui le Royaume est le seul pays du continent à avoir un accord de libre-échange.

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