Covid. La deuxième vague fait toujours des ravages, la troisième menace (Pr. El Adib)

Les statistiques quotidiennes ne reflètent pas la réalité. La deuxième vague de la pandémie n'est pas encore finie, et la troisième qui frappe déjà certains pays risque de concerner le Maroc. Voici ce qu'en dit le Pr Ahmed Rhassane El Adib.

Covid. La deuxième vague fait toujours des ravages, la troisième menace (Pr. El Adib)

Le 14 décembre 2020 à 19h00

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Les statistiques quotidiennes ne reflètent pas la réalité. La deuxième vague de la pandémie n'est pas encore finie, et la troisième qui frappe déjà certains pays risque de concerner le Maroc. Voici ce qu'en dit le Pr Ahmed Rhassane El Adib.

La pandémie du covid-19 n’est pas encore terminée, alerte Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech, qui met en garde contre une troisième vague qui pourrait intervenir au Maroc. Celle-ci frappe déjà certains pays, notamment la Corée du Sud, longtemps érigée en modèle de gestion de la crise sanitaire, pour sa stratégie poussée de tests et de traçage des cas contacts.

Qu’en est-il au Maroc ? A-t-on déjà dépassé la seconde vague de l’épidémie ? Est-on prêts à affronter une nouvelle vague, qui pourrait être beaucoup plus mortelle ?

"On n’est pas encore sortis de la deuxième vague"

C’est ce que nous confirme Pr. El Adib, joint par nos soins. Selon lui, les chiffres quotidiens publiés par le ministère de la Santé "ne reflètent aucunement la réalité. Ils sont biaisés pour plusieurs raisons, en partie la diminution de notre capacité de testing. Les politiques de gestion régionales laissent à désirer, et on n’a pas d’idée sur l’immunité de la population".  

En effet, les chiffres dévoilés quotidiennement par le ministère de la Santé montrent une amélioration de la majorité des indicateurs de la pandémie durant ces deux dernières semaines, notamment le nombre de cas actifs. Le nombre de patients en réanimation continue, lui, d’augmenter. Au dimanche 13 décembre, il s'élève à 1.038 cas, dont 112 sous intubation et 586 sous ventilation. "Les unités de réanimation et de soins intensifs sont donc sous pression extrême".

Ces bulletins montrent également une baisse du nombre de tests PCR effectués quotidiennement. Le 10 octobre dernier, 25.131 tests ont été effectués, contre 19.179 le 10 décembre, et 15.141 le 13 décembre.

"A Fès, par exemple, le nombre de tests PCR effectués quotidiennement est réduit, mais la mortalité augmente en parallèle. Les responsables essaient également de réquisitionner des cliniques" pour la prise en charge des patients, outre les lits de réanimation dont dispose le CHU.

"A Rabat aussi, un ensemble de cliniques ont été réquisitionnées, alors que le nombre de cas annoncé quotidiennement reste faible".

Autre point à signaler, le ministère de la Santé n’annonce plus le taux d’occupation des lits de réanimation dédiés au Covid, depuis fin novembre dernier.

D’après Pr. Tarik Sqalli Houssaini, vice-doyen de la Faculté de médecine de Fès, "à chaque fois que des places se libèrent en réanimation, elles sont tout de suite réoccupées. (…) Cela voudrait simplement dire que nos services de réanimation ont atteint leur capacité d’accueil maximale (...)".

"Les cas positifs détectés par scanner ne sont pas comptabilisés"

Par ailleurs, et contrairement à d’autres pays, "au Maroc, on n’annonce que les cas dont les tests PCR s’avèrent positifs, puisque la définition du cas Covid-19 ne prend en compte que la RT-PCR ou les techniques assimilées, tels que les tests rapides antigéniques, qui ne sont pas encore disponibles" à grande échelle.

"Ainsi, quand on a 30 malades en réanimation annoncés, il faut toujours multiplier par 4, parce que les cas positifs détectés par scanner ne sont pas comptabilisés dans les chiffres officiels du ministère".

"Dans les unités de soins intensifs ou de réanimation, la grande majorité des patients sont hospitalisés sur la base des données du scanner, puisque, étant diagnostiqués en retard, leurs tests PCR sont négatifs".

"Les décès dont les PCR sont négatifs ne sont pas comptabilisés non plus", ajoute notre interlocuteur.

Tous ces constats confirment ainsi que la population touchée par le Covid au Maroc est bien plus importante qu'estimée. 

Ne pas baisser la garde face au risque d'une troisième vague

Toujours d'après Pr. El Adib, on a de gros risques d'avoir une troisième vague d'épidémie au Maroc, à laquelle on ne se prépare pas.

Selon des experts internationaux, celle-ci pourrait être plus redoutable. Comme la seconde n’a pas été semblable à la première, ils estiment que cette troisième vague peut également prendre un visage différent, mais actuellement, personne ne peut prédire son intensité.

Le Japon, par exemple, est confronté à une troisième vague, plus puissante et mortelle que les deux précédentes.

Au Maroc, "sur le plan médiatique, il y a une obnubilation par le vaccin, certes extrêmement important, mais on oublie l’essentiel qui est de : Prévenir - Tester - Isoler - Traiter", déplore Pr. El Adib.

"La situation va durer même si la vaccination démarre. Entre-temps, on risque une troisième vague, et au lieu de se préparer, on a diminué nos capacités de tests. Tout ce qu’on disait depuis longtemps sur le principe de testing, et de changement de la définition du cas Covid, en intégrant le scanner, ne se fait pas".

"Les structures de soins sont saturées. Les patients ne trouvent plus de places, notamment dans les grandes villes telles que Casablanca et Rabat, et beaucoup se traitent à domicile".

Outre la saturation des unités de soins, "celles-ci sont hypothéquées par le Covid. Le nombre de décès par des maladies non Covid, tels que les cancers ou les pathologies cardiaques, va donc monter en flèche".

"Au lieu d’avancer, de dérouler les tests rapides antigéniques, et d’intégrer le privé, on perd des points." Rappelons que le déploiement des tests rapides antigéniques se prépare depuis la fin du mois d'octobre dernier. A Casablanca, ils sont déjà disponibles dans le public, mais pas encore dans le privé

Par ailleurs, "rien n’est fait pour améliorer la prise en charge précoce des patients".

Ainsi, "même si la vaccination de masse se déroule comme on l'espère, ce ne sera pas fini avant l’été. Entretemps, le système ne pourra par tenir si on continue avec la même politique, déjà qu'il est largement dépassé", conclut notre interlocuteur.

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