Casablanca : Malgré leur réouverture, les crèches peinent à faire revenir les enfants

A Casablanca, les crèches ont rouvert en même temps que les établissements scolaires, le 5 octobre, mais les enfants n’affluent pas. Plusieurs d’entre elles font état d’une baisse de 50% des inscriptions, voire plus. Des parents refusent d’inscrire leurs enfants, craignant qu’ils soient contaminés. Parfois, ce sont les enfants eux-mêmes qui ne veulent plus quitter le foyer.

Casablanca : Malgré leur réouverture, les crèches peinent à faire revenir les enfants

Le 12 octobre 2020 à 14h34

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

A Casablanca, les crèches ont rouvert en même temps que les établissements scolaires, le 5 octobre, mais les enfants n’affluent pas. Plusieurs d’entre elles font état d’une baisse de 50% des inscriptions, voire plus. Des parents refusent d’inscrire leurs enfants, craignant qu’ils soient contaminés. Parfois, ce sont les enfants eux-mêmes qui ne veulent plus quitter le foyer.

La réouverture des crèches à Casablanca, que leurs directeurs et directrices attendaient avec impatience tant ils se disaient acculés par les charges, n’a pas eu l’effet escompté. Ces établissements ont été autorisés à ouvrir à nouveau vendredi 2 octobre. La réouverture effective a eu lieu lundi 5 octobre pour les crèches affiliées au ministère de l’Éducation nationale (qui accueillent des enfants de 4 ans et plus), et mardi 6 octobre pour celles rattachées au ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports (qui reçoivent des enfants de 4 ans et moins).

Mais voilà, l’heure n’est pas vraiment aux réjouissances pour les gérants de crèches, qui constatent une forte baisse des inscriptions. Il y a d’abord eu un premier filtre en juillet dernier, lorsque les nouvelles procédures d’accueil relatives au Covid-19 ont été communiquées aux parents. ''Un tiers des parents environ ont préféré reporter les réinscriptions de leurs enfants à l’année prochaine. Ce sont des enfants âgés de deux ou trois ans ; l’école n’est pas obligatoire pour eux. Les parents ont donc préféré ne pas prendre de risques'', explique Adil Joundy, vice-président de l’Association marocaine des crèches privées, joint par Médias24.

Ensuite, début septembre, la fermeture des crèches, tout comme les établissements scolaires, a fait tergiverser les parents. ''Ils n’avaient pas de visibilité. Ils se demandaient si les crèches allaient rester fermées toute l’année, ou si au contraire elles allaient rouvrir, et quand. Ils ont donc désinscrit leurs enfants et les ont réinscrits dans les crèches de Bouskoura et Dar Bouazza, qui sont restées ouvertes'', poursuit Adil Joundy.

Des parents angoissés et réticents à réinscrire leurs enfants

Dans la crèche qu’il dirige à Casablanca, la moitié des parents n’ont pas maintenu l’inscription de leurs enfants. Dans d’autres établissements, la situation est plus tendue encore : plus de la moitié des parents, presque les trois quarts, ont annulé l’inscription de leurs enfants. ''Beaucoup de crèches ont été contraintes de se séparer d’une partie de leurs effectifs pour faire face à cette réduction'', constate Adil Joundy qui, par le biais de l’AMCP, maintient un contact régulier avec la cinquantaine de crèches affiliées à l’association, réparties dans tout le Maroc.

Il y a d’abord les parents ''traumatisés'' par l’atmosphère anxiogène et qui, par conséquent, ne veulent plus réinscrire leurs enfants dans les crèches par crainte que ces derniers soient contaminés. Adil Joundy déplore la communication des autorités sanitaires sur le virus qui, estime-t-il, ''ont une démarche anxiogène''. Il regrette également l’absence d’une ''campagne de sensibilisation axée sur la pédagogie, expliquant qu’on peut tout à fait vivre avec le virus à condition de respecter certaines règles sanitaires''. Résultat : ''Certains parents ne veulent plus laisser sortir leurs enfants''.

Parfois, ce sont les enfants eux-mêmes qui refusent de quitter le foyer, comme si celui-ci était devenu l’ultime refuge contre les injonctions sanitaires sans cesse répétées. ''On leur a tellement dit de faire attention que certains ne veulent désormais plus sortir de chez eux'', constate Adil Joundy.

Des alternatives qui n’arrangent pas tout le monde

Les conditions imposées aux crèches dans le cadre du protocole sanitaire limitent également les inscriptions : ''Nous ne devons pas avoir plus d’un enfant par 4 m². Le nombre d’enfants par salle est donc passé de 24 en temps normal, à 12. Dans notre crèche, nous avons mis en place un système de garde alternée : un premier groupe d’enfants vient les lundis et mardis matin et les jeudis et vendredis après-midi. Un second groupe vient les lundis et mardis après-midi et les jeudis et vendredis matin. C’est la solution que nous avons trouvée pour que les enfants puissent fréquenter la crèche toute la semaine, à la suite d’un sondage effectué auprès des parents. Ce n’est pas notre conception de l’accompagnement de la petite enfance, mais nous n’avons pas d’autres alternatives.''

Point positif toutefois : les demi-groupes favorisent nettement la pédagogie et permettent aux éducatrices de prêter plus d’attention à chaque enfant, comme l’a également constaté l’Alliance de l’enseignement privé au Maroc''Le demi-groupe, c’est génial. C’est le point positif. En temps normal toutefois, nous sommes obligés d’avoir des salles de 24 élèves, sinon notre modèle économique ne fonctionnerait plus'', souligne Adil Joundy.

Mais cette alternative n’arrange pas tous les parents, constate le vice-président de l’AMCP : ''Ce n’est pas toujours simple pour eux d’aller récupérer leurs enfants entre midi et deux, compte tenu de leurs contraintes professionnelles, d’autant qu’il leur faut aussi payer une nourrice pour pouvoir les garder le matin ou l’après-midi.''

Pour les éducatrices, la difficulté est autre : le personnel arbore masques et visières tout au long de la journée, et ces équipements obligatoires compliquent leur travail aussi bien que la compréhension des enfants : ''Elles ne s’entendent pas parler entre elles et les enfants les entendent mal. Ils ne voient pas non plus les mouvements buccaux, ce qui complique l’apprentissage des mots et la reconnaissance des expressions faciales. De toute façon, on a fait notre deuil pour cette année ; on sait que les masques sont partis pour durer encore longtemps.''

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