Terrorisme : Le Maroc a empêché des attentats suicides imminents

Au lendemain de l’arrestation de cinq individus suspectés de vouloir commettre des attentats suicides dans plusieurs villes du Maroc, le directeur du Bureau central des investigations judiciaires a présenté aux médias les éléments disponibles de l’enquête. Selon Abdelhak Khiame, le démantèlement de la cellule a eu lieu juste avant que ses membres ne passent à l’acte contre des personnalités sécuritaires.

Terrorisme : Le Maroc a empêché des attentats suicides imminents

Le 11 septembre 2020 à 16h49

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Au lendemain de l’arrestation de cinq individus suspectés de vouloir commettre des attentats suicides dans plusieurs villes du Maroc, le directeur du Bureau central des investigations judiciaires a présenté aux médias les éléments disponibles de l’enquête. Selon Abdelhak Khiame, le démantèlement de la cellule a eu lieu juste avant que ses membres ne passent à l’acte contre des personnalités sécuritaires.

Lors d’une conférence de presse tenue, ce vendredi 11 septembre, au siège du BCIJ, son directeur général, accompagné du porte-parole de la DGSN, du commissaire chargé des affaires de terrorisme et du chef du laboratoire scientifique est revenu sur l’arrestation jeudi 10 septembre de la cellule.

Avant de répondre aux questions des journalistes présents, Abdelhak Khiame leur a livré toutes les informations disponibles (profils, moyens, objectifs …) en précisant que ceux qui pensaient que la crise sanitaire allait détourner l’attention des services du BCIJ se trompaient lourdement.

Un mode opératoire similaire à celui des attentats du 16 mai 2003

Selon lui, cette affaire l’a ramené aux attentats du 16 mai 2003, dont il avait dirigé l’enquête en tant que patron de la BNPJ, qui s'étaient distingués par le fait que les auteurs étaient tous des kamikazes.

« Si les actions planifiées avaient réussi, il y aurait eu beaucoup de victimes car elles devaient se produire simultanément dans plusieurs villes avec ses membres issus de Tanger, Tiflet, Témara et Skhirat.

L'Emir, poissonnier et ex-criminel de droit commun

« Sachant que l’Emir du groupe interpellé n’était pas un enfant de chœur, l'équipe chargée des arrestations a dû faire plusieurs tirs de sommation lors de l’assaut donné aux domiciles.

« Au total, cinq suspects, âgés de 29 à 43 ans, ont été interpellés dont un peintre, un agriculteur, un plombier et un menuisier.

« Si aucun n’avait d'antécédents judiciaires, leur chef, poissonnier de son état, avait déjà été condamné en 2004 et 2006 pour des crimes de droit commun (Association de malfaiteurs).

« En effet, ce dernier était coutumier d'attaques à l'arme blanche pour lesquelles il avait déjà eu affaire à la justice avant de se radicaliser et de sombrer dans l'extrémisme religieux.

« D’ailleurs, il se déplaçait toujours avec une épée à bord de son triporteur sachant qu’il était prêt à se soustraire violemment à une interpellation intempestive qui aurait pu contrarier ses plans.

« Nous avons bien fait de nous méfier car il n'a pas hésité à vouloir se soustraire à l’interpellation en attaquant avec son épée un agent mais, grâce à Dieu, notre collègue n'a pas eu de blessures graves.

Saisie de gilets explosifs

« Concernant les produits saisis à Témara chez lui, nous avons trouvé plusieurs qui étaient nécessaires à la confection d’explosifs, une quantité importante d'armes blanches (haches, couteaux de grande taille), paires de jumelles, différentes bonbonnes de gaz, cagoules, cocotte-minute de grande taille, clous ... mais la découverte la plus grave a été celle de 3 gilets explosifs, prêts à l’emploi, pour commettre des attentats suicides.

« Nos découvertes laissent donc penser que les suspects étaient prêts à se faire exploser pour tuer un maximum de personnes dans des attaques ciblées dont il reste à déterminer le programme.

 « Les produits saisis ont été envoyés à notre laboratoire scientifique pour déterminer leur usage mais selon nos constatations, une partie était probablement destinée à la confection d'une bombe artisanale dans une marmite cocotte-minute et le reste avait déjà servi à garnir d’explosifs des gilets.

Les attentats projetés étaient financés par les 5 membres de la cellule

« On en saura certainement plus après le début des interrogatoires qui vont commencer ce matin mais nous pensons que c'est leur chef qui s'est occupé de toute la logistique car c'est lui qui a acquis et assemblé les matières indispensables à la confection des ceintures et de la marmite explosives.

« Son bras droit, interpellé à Tiflet, était chargé de consolider le groupe et de s’activer à recruter d'autres éventuels sympathisants dans tout le Maroc que nous retrouverons le cas échéant.

« Les auditions permettront de déterminer d'éventuelles connexions internationales de la cellule avec des éléments opérationnels de Daech.

« A ce stade de l’enquête, nous pensons que le financement des attentats prévus s’était fait à travers la cotisation des cinq personnes interpellées en attendant de trouver d’autres sources.

Les attentats suicides contre des hauts commis de l'Etat étaient imminents

 « Sachant que nous scrutions leurs faits et gestes depuis un moment, nous avons pris la décision de les interpeller après avoir compris qu’ils allaient passer à l'action de manière imminente.

« Hormis des civils, les principales cibles devaient être des hauts commis de l’Etat et en particulier des officiers supérieurs de l’armée, de la gendarmerie et surtout de la sûreté nationale.

« C’est pourquoi, nos équipes ont investi, jeudi 10 septembre très tôt, les domiciles de tous les suspects pour les interpeller et pour procéder à des saisies d’éventuelles armes ».

Après avoir fini sa présentation, le directeur a commencé à répondre aux questions de la presse en donnant, en premier, le micro à notre collègue de Médias24 qui l'a interrogé sur le mode opératoire.

Une interpellation pour anticiper un éventuel changement de timing des attentats

En réponse, Khiame a confirmé que la dangerosité du groupe résidait dans son caractère kamikaze et donc imprévisible.

« Heureusement que nos enquêteurs chargés de leur surveillance ont pu anticiper en déterminant que les suspects allaient passer instamment à l'action. Sans quoi, il aurait pu y avoir un changement de timing qui aurait été à l’origine de nombreuses victimes.

« Questionné sur la présence du DG de la DGST-DGSN sur les lieux de l'interpellation de l'émir, il a déclaré que ce n'était pas la première fois que Abdellatif Hammouchi se déplaçait en personne sur le terrain des opérations surtout quand la situation présentait un risque pour ses hommes.

Quel rapport avec la date du 11 septembre 2001 ?

A la question d'une journaliste qui demandait si la date du 11 septembre 2001 (attentats de New York) proche de celle de l'interpellation (10/9) ne signifiait pas que des attentats étaient prévus ce vendredi 11 septembre, le patron du BCIJ a répondu que c'était une coïncidence, en ajoutant que l'interpellation aurait pu se faire plus tard si des indices sur l'imminence d'attaques terroristes n'avaient pas précipité le cours des choses.

Une explication qui laisse cependant toujours plausible un scénario où les attentats auraient bien pu avoir lieu ce vendredi 11 septembre (date anniversaire célébrée par tous les extrémistes islamistes de la planète). D'autant plus que Boubker Sabik, porte-parole de la DGSN a révélé précédemment que la cellule comptait passer à l'action dans un délai compris entre quelques heures et quelques jours après leur arrestation. 

La cellule la plus dangereuse du tableau de chasse du BCIJ

A un journaliste qui s’étonnait de l’absence de découverte d’armes à feu, Sabik a affirmé que, malgré cela, cette cellule était certainement une des plus dangereuses que le BCIJ ait jamais arrêtées, car elle aurait pu faire beaucoup de victimes du fait de sa détermination suicidaire.

En conclusion, le directeur a ajouté que tant que les interrogatoires ne seraient pas terminés, il n'était pas impossible que d'autres complices ne soient pas interpellés au Maroc ou ailleurs. 

Ci-après un reportage de 2M consacré à l'interpellation des suspects:

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