Bourse : les valeurs immobilières toujours boudées par les investisseurs
Le manque de visibilité qui entoure le secteur immobilier, conjugué à la détérioration de la crédibilité des valeurs immobilières cotées en bourse poussent les investisseurs, spécialement les institutionnels, à fuir davantage ces dernières.
L’indice boursier des valeurs immobilières cotées à la Bourse de Casablanca affiche la troisième plus forte régression de la place. Depuis le début de l’année en cours, cet indice a lâché 39,77% (observé à la clôture de la séance de ce mardi 14 juillet 2020).
La dégringolade de cet indice est tirée par toutes les valeurs cotées du secteur immobilier, à commencer par Résidences Dar Saada qui a baissé de 49,63% depuis le début de l’année en cours pour se situer à 28,21 DH à la clôture de la séance de ce mardi 14 juillet.
Depuis le déclenchement de la crise du Covid-19, ce titre a perdu 31,87% en passant de 41,41 DH au 28 février -soit la dernière séance boursière avant l’apparition du 1er cas Covid-19 au Maroc- à 28,21 DH.
Evolution du cours de Résidences Dar Saada
Graph Resid Dar Saada P
Pour sa part, Addoha dégage une baisse de 37,39% depuis le début de l’année 2020. Pendant la période de la chute des cours à la bourse de Casablanca à cause de la panique générée par la pandémie, le cours du titre Addoha est passé de 8,4 DH à 7,10 DH, perdant ainsi 15,47%.
Evolution du cours d'Addoha
Graph Addoha P
Alliances, elle, a cédé 33,96% depuis le début de l’année en cours. A cause des impacts du Covid-19, le titre a baissé de 20,21% entre le 28 février et ce mardi en passant de 46,35 à 36,98 DH.
Evolution du cours d'Alliances
Graph Alliances P
La forte dégringolade des valeurs immobilière en cette période est liée à plusieurs facteurs. D’abord, le secteur immobilier passait par une phase de crise bien avant le déclenchement de la pandémie du Covid-19 qui l’a fragilisé davantage.
D’après quelques analystes de la place, ce secteur souffre d’un manque de visibilité énorme. « Cela est lié en grande partie à l'incertitude sur le dispositif légal notamment en ce qui concerne la reconduction des mesures fiscales incitatives relatives au logement social, qui prennent fin le 1er janvier 2021 (hors programmes impactés par l'arrêt d'activité pendant le confinement qui bénéficient d'un délai supplémentaire d'une année, selon le projet de loi de finances rectificative) », nous affirme un analyste. Ainsi, les analystes consultés ne peuvent plus établir des prévisions concernant l’évolution de l’activité de ces valeurs, compte tenu du poids du logement social dans leur business model.
De plus, « ces valeurs perdent de plus en plus leur crédibilité, spécialement quand elles ne livrent pas des informations détaillées pouvant dévoiler authentiquement leurs réalisations et donner un peu de visibilité sur leurs perspectives d’évolution », estime un deuxième interlocuteur.
Les analystes consultés nous affirment qu’ils ne peuvent plus établir des prévisions concernant l’évolution de l’activité de ces valeurs vu qu’il n’y a pas de données fiables sur lesquelles ils peuvent se baser.
Ainsi, plusieurs sociétés de bourse ont éliminé les valeurs immobilières de leur périmètre d’analyse à cause de l’incertitude qui entoure le secteur et des manquements en termes de communication de ces entreprises.
L’avenir s’avère encore plus flou pour le secteur immobilier. Les opérateurs qui espéraient être soutenus par l’Etat en cette période de crise du Covid-19 ont été déçus après la publication du Projet de loi de finances rectificative qui n’a apporté que deux petites mesures à ce secteur :
> une réduction de 50% sur les droits à l’enregistrement pour les biens construits à usage d'habitation et les terrains destinés à la construction dont le montant ne dépasse pas 2,5 MDH.
> la prorogation d'une année les délais de réalisation des projets relatifs au programme des logements sociaux dont l'autorisation de construire à été obtenue avant l'état d'urgence sanitaire.
>>> Lire aussi : Les promoteurs immobiliers déçus par les mesures du PLFR
Quid du comportement des investisseurs face à ces valeurs ?
Nos sources nous confirment que les investisseurs continuent de fuir les valeurs immobilières à cause des éléments précités.
« La majorité des investisseurs institutionnels se sont désengagés de ces valeurs. Cela s’expliquent par le fait qu’en grande partie, les investisseurs institutionnels ont des stratégies d’investissement long-termistes, ils ont donc besoin d’un peu de visibilité pour se projeter sur le long-terme, chose que n’offrent pas les valeurs immobilières ».
>>> Lire aussi : Immobilier : l'impact de la crise sur le secteur et les mesures à prendre pour le relancer (Injaz & CIH)
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