Bourse de Casablanca : plus de 100 milliards de DH se sont évaporés à cause du Covid-19

Mouna Ettazy | Le 1/7/2020 à 17:35

La Bourse de Casablanca a encaissé de lourds impacts de la crise du Covid-19. Tous les indices sont dans le rouge au 1er semestre. Peu de sociétés ont pu tirer leur épingle du jeu. Le flou persiste pour le 2ème semestre, dans l’attente d’une loi de finance rectificative et des résultats semestriels des sociétés cotées.

Le marché avait des anticipations optimistes pour la bourse en cette année. Le climat économique s’annonçait favorable. Mais, la pandémie du Covid-19 en a décidé autrement. Avec le déclenchement de la crise, toutes les bonnes anticipations se sont vite évaporées, laissant place à la panique et au manque de visibilité.

Le lendemain de l’apparition du premier cas du Covid-19 au Maroc, mardi 3 mars, le marché casablancais a lâché 1,87% en une seule séance. C’était le début de la dégringolade. 

En conséquence, les indices MASI et MADEX ont chuté de 16,45% à 10.169,19 points et de 16,76% à 8.256,56 points au premier semestre 2020

Le FTSE CSE Morocco 15, l’indice regroupant les 15 plus grosses capitalisations de la place, a lâché 15,32% à 9.177,36 points.

Ce premier semestre a totalisé 127 séances de cotation ayant généré un volume global échangé de 28,62 milliards de DH pour plus de 234 millions de titres échangés, d’après le résumé semestriel publié par la Bourse de Casablanca. Le volume global échangé est en baisse de 20,45% en comparaison avec le volume drainé pendant la même période de l'année précédente (35,98 milliards de DH).

A peu près plus de la moitié de ces séances ont connu des horaires réduits de cotation. La bourse de Casablanca avait décidé d’opter, du 24 mars au 1er juillet, pour les horaires de cotation adoptés d’habitude durant le mois de ramadan afin de limiter la casse des cours. De plus, les variations des cours ont été limitées par l’AMMC.

Dans ces conditions, le marché central a drainé 21,19 milliards de DH d’actions échangées, tandis que le marché de blocs a enregistré 4,27 milliards de DH en transactions, dont 77,61 millions de DH ont concerné des blocs d'obligations.

La capitalisation globale de la place casablancaise s’est située à 523,86 milliards de DH, en baisse de 16,40% en comparaison avec son niveau au 31 décembre 2019 (626,7 milliards de DH). Ainsi, 102,9 milliards de DH de capitalisation se sont envolés en l’espace de 6 mois ! 

Retour sur les phases de l’évolution du marché au 1er semestre 

Afin d’analyser l’évolution du marché boursier durant ce 1er semestre, il importe de distinguer entre 4 phases :

Phase 1 : l’avant crise (De janvier à fin février 2020)

Les principaux indices de la cote avaient démarré l’année 2020 sur un trend haussier, continuant sur la même tendance de l’année 2019, qui s’est soldée avec une hausse de 7,11%. 

Le MASI affichait une hausse de 0,73%, enregistrée depuis le début de l’année jusqu’au 28 février, soit la dernière séance de cotation avant l’apparition du premier cas Covid-19 au Maroc. 

Phase 2 : panique et chute des cours (Mars 2020)

La panique à la bourse de Casablanca s’est déclenchée significativement lors de la séance du vendredi 6 mars, trois jours après l’annonce du premier cas atteint du Coronavirus au Maroc. Pendant cette séance, le MASI avait lâché 3,05%.

Le marché a atteint le pic de sa chute le 18 mars ; séance pendant laquelle le MASI est descendu au-dessous de la barre des 9.000 points, enregistrant ainsi une baisse quotidienne de 3,34% et une baisse de 26,16% depuis le début de l’année.

Phase 3 : attentisme et stabilisation (Avril et mai 2020)

Par la suite, la panique a commencé à se calmer au cours du mois d’avril. Le marché limitait ses pertes et entrait dans une étape d’attentisme. Cela était lié à l’amélioration de la situation de la pandémie dans plusieurs pays, dont le Maroc. A l’approche du déconfinement progressif au Maroc, et suite à la reprise partielle de l’activité économique, le marché avait commencé à afficher un léger redressement.

Phase 4 : Légère reprise mais l’hésitation persiste (Juin 2020)

Le redressement de la bourse a été boosté par les décisions de Bank Al-Maghrib lors du dernier Conseil. Au lendemain de l’annonce de la baisse du taux directeur de 50 pbs qui a eu lieu mardi 16 juin, le MASI a gagné 3,51% en une séance de cotation pour se situer à 10.438,48 points. Suite à cela, la baisse du MASI cumulée depuis le début de l’année en cours a été réduite pour s’établir à 14,24% à la clôture de la séance du mercredi 18 juin. Les investisseurs reviennent sur le marché mais restent prudents.

Vers la fin du mois de juin, le marché a corrigé légèrement à la baisse. D’après des analystes, c’était une simple correction technique

Commentant l’évolution de la bourse au 1er semestre, un analyste de la place estime que « la baisse de plus de 16% du MASI est totalement justifiée. Cette baisse aurait pu être beaucoup plus importante s’il n’y avait pas eu la décision de Bank Al-Maghrib de baisser le taux directeur ».

Les valeurs technologiques, pharmaceutiques et de distribution se distinguent en bourse 

Pendant la phase de panique, la chute des cours a touché quasiment toute la cote casablancaise. Par la suite, avec le retour progressif (et sélectif) des investisseurs, quelques valeurs ont pu en profiter et ont tiré leur épingle du jeu. 

Ainsi, seules 14 sur 75 valeurs affichent des variations positives au premier semestre 2020

3 indices sectoriels se sont distingués en bourse en dégageant des hausses. Il s’agit des indices Logiciel et système d’information, Distribution et Pharmaceutique. Ainsi, les hausses de cours ont été enregistrées par :

- Stroc Industries (+19,91%) ;
- HPS (19,73%) ;
- Label’Vie (+19,19%) ;
- Maroc Leasing (+18,71%) ;
- Disway (+17,19%) ;
- Microdata (+14,89%) ;
- Réalisations mécaniques (+9,94%) ;
- Maghrebail (+7,85%) ;
- Agma (+5,90%) ;
- Mutandis (+5,77%) ;
- Dari Couspate (+5%) ;
- Sothema (+4,87%) ;
- Auto Nejma (+3,68%) ;
- Ennakl (+3,13%).

En face, les 10 valeurs qui ont subi la plus forte baisse de cours à l’issue de ces 6 mois de cotation appartiennent globalement aux secteurs immmobilier et construction, tourisme et bancaire. Il s’agit de :

- Delattre Levivier Maroc (-72,23) ;
- Résidences dar saada (-44,64%) ;
- Risma (-39,41%) ;
- Addoha (-38,27%) ;
- Salafin (-33,08%) ;
- Jet Contractors (-32,88%)
- Fenie Brossette (-32,69%) ;
- Med Paper (-30,40%) ;
- Attijariwafa bank (-28,66%) ;
- Bank of Africa (-27,08%).

Quelles prévisions pour le 2ème semestre 2020 ?

Le flou persiste pour le deuxième semestre 2020. « Il y a toujours des risques qui encerclent le marché, comme l’évolution de la pandémie au niveau national et international. Le scénario d’une deuxième vague de pandémie n’est pas écarté », d’après notre analyste.

« De plus, le marché s’attend à des résultats semestriels en dégradation, mais c’est le degré de leur dégradation qui fera la différence : soit les indices vont reprendre, si les résultats s’avèrent meilleurs que prévu, soit ils vont replonger s’ils s’avèrent pires qu'anticipé. Mais, dans tous les cas, la reprise ne sera pas importante, c’est la baisse qui aura plus d’ampleur », continue-t-il.

« Le marché attend aussi la loi de finances rectificative pour voir les secteurs qui vont être soutenus. Tous ces éléments vont orienter les investisseurs pour faire un arbitrage sur le marché », ajoute-t-il. 

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