FMI: scénario encore plus sombre pour une récession historique

Plus de 12.000 milliards de dollars de perte cumulée pour l'économie mondiale en 2020 et 2021 à cause de la pandémie de coronavirus. Cette "crise pas comme les autres" est bien plus sévère que prévu et la reprise sera plus lente qu'espéré, a prévenu le Fonds monétaire international.

FMI: scénario encore plus sombre pour une récession historique

Le 24 juin 2020 à 14h57

Modifié le 10 avril 2021 à 22h43

Plus de 12.000 milliards de dollars de perte cumulée pour l'économie mondiale en 2020 et 2021 à cause de la pandémie de coronavirus. Cette "crise pas comme les autres" est bien plus sévère que prévu et la reprise sera plus lente qu'espéré, a prévenu le Fonds monétaire international.

Gita Gopinath, son économiste en chef, a dévoilé mercredi 24 juin une prévision de récession de 4,9% cette année. C'est bien pire que les 3% anticipés en avril en plein cœur de la pandémie, quand le FMI soulignait déjà qu'il s'agissait de la pire crise depuis la Grande Dépression des années 1930.

Et pour certains pays notamment en Europe, la contraction du Produit intérieur brut est vertigineuse: -12,5% pour la France, -12,8% pour l'Espagne et l'Italie.

"Un degré élevé d'incertitude entoure" ces prévisions, reconnaît Mme Gopinath alors que l'épidémie n'est pas terminée et que des foyers resurgissent là où elle semblait endiguée, comme en Allemagne où les autorités ont annoncé mardi des reconfinements locaux.

A ce jour, la pandémie de Covid-19 a fait plus de 477.500 morts dans le monde.

Pour l'heure, aucun pays n'échappe au pessimisme ambiant à commencer par la Chine, d'où est parti, fin 2019, le virus mortel. La croissance du géant asiatique ne sera que de 1%, loin des 6,1% réalisés en 2019, qui constituait déjà un plus bas historique du fait de la guerre commerciale avec Washington.

La crise sanitaire va être encore plus dévastatrice pour les Etats-Unis, dépourvus de filet de sécurité sociale et malgré les gigantesques plans d'aide du gouvernement (quelque 3.000 milliards de dollars).

Le PIB de la première puissance du monde va ainsi s'effondrer de 8% contre 5,9% estimé en avril. La reprise en 2021 sera, elle, moins soutenue (+4,5%).

Partout ailleurs dans le monde, des chiffres catastrophiques: -10,2% pour les pays de la zone euro et pour le Royaume-Uni, -9,4% dans la région d'Amérique latine et des Caraïbes, -8% en Afrique du sud, -5,8% au Japon, -4,7% au Moyen-Orient et Asie centrale ou encore -4,5% en Inde.

Dans son rapport, le Fonds prend acte que la pandémie "a eu un impact plus négatif sur l'activité au premier semestre 2020 que prévu".

 "Rester vigilants"

En outre, prévient-il, "la reprise devrait être plus progressive que prévu". En 2021, la croissance mondiale devrait ainsi atteindre 5,4% (-0,4%).

C'est environ 6,5 points de pourcentage en moins que dans les projections de janvier avant la propagation du virus dans le monde.

Gita Gopinath a exhorté les gouvernements à "rester vigilants" car la crise n'est pas terminée. "De nombreux pays font déjà beaucoup" pour aider les entreprises et les ménages, a-t-elle souligné mais ils devront veiller à ne pas revenir sur ces aides trop rapidement mais "de manière graduelle", a-t-elle également mis en garde.

Le FMI est particulièrement inquiet de l'impact négatif sur les ménages à faibles revenus, qui "met en péril les progrès significatifs accomplis dans la réduction de l'extrême pauvreté dans le monde depuis les années 1990".

 Pire ou meilleur ?

Pour autant, comme pour les projections publiées en avril, "il y a un degré d'incertitude plus élevé que d'habitude autour de cette prévision", observe le FMI.

In fine, cela pourrait se révéler pire ou meilleur.

Meilleur, s'il y a par exemple la découverte d'un vaccin et s'il y a des aides gouvernementales supplémentaires qui accélèreront la reprise.

Au contraire, "de nouvelles vagues d'infections peuvent freiner" la reprise "et resserrer rapidement les conditions financières, provoquant un surendettement", a résumé Gita Gopinath.

Dans les économies où les taux d'infection diminuent, la reprise est actuellement plus longue en raison de la persistance de la distanciation physique au second semestre. Elle est aussi "inégale", souligne Gita Gopinath. Certains secteurs comme les ventes au détail rebondissent quand d'autres comme les services "à forte intensité de contacts, l'hôtellerie, les voyages et le tourisme, restent déprimés", constate-t-elle.

Les pays tributaires de ces secteurs seront "probablement profondément affectés pendant une période prolongée", souligne l'économiste.

Pour les économies luttant encore pour endiguer la pandémie, les mesures de confinement continuent de peser.

Par ailleurs, la possibilité de "résultats alternatifs" ne s'explique pas seulement par l'évolution de la pandémie", constate le FMI.

En effet, l'ampleur du récent rebond des marchés financiers soulève des interrogations tant elle semble "déconnectée" des changements dans les perspectives économiques.

Enfin, au-delà de la pandémie, d'autres risques compromettent l'économie mondiale, souligne le FMI, citant "l'escalade des tensions entre les Etats-Unis et la Chine", "l'effilochage des relations entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la coalition des producteurs de pétrole" ou encore "les troubles sociaux".

(AFP)

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