Télémédecine en temps de Covid-19 : retour d'expérience

DabaDoc, startup "healthtech" marocaine spécialisée dans la gestion de la relation entre les patients et les professionnels de santé, a organisé mardi 9 juin un webinaire sur la e-santé. Voici les principales conclusions. 

Télémédecine en temps de Covid-19 : retour d'expérience

Le 11 juin 2020 à 13h39

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

DabaDoc, startup "healthtech" marocaine spécialisée dans la gestion de la relation entre les patients et les professionnels de santé, a organisé mardi 9 juin un webinaire sur la e-santé. Voici les principales conclusions. 

La plateforme DabaDonc a lancé la téléconsultation en mars, au début de la crise du covid-19. Elle a été accompagnée par Axa Assurance Maroc sur le volet remboursement. 

Lors de ce webinaire, plusieurs intervenants sont revenus sur les avantages et limites de la télémédecine, la réglementation en vigueur ainsi que la problématique des données médicales. 

Télémédecine, quels avantages et quelles limites ?

Plusieurs avantages de la télémédecine ont été évoqués par Dr. Mohammed Zizi, médecin spécialiste (Cardiologue, Pneumologue), notamment la surveillance, la prévention et le diagnostic. 

"Durant la crise du covid-19, les patients ne pouvaient pas se déplacer. La téléconsultation nous a permis d'être en contact direct avec eux, de surveiller leur état de santé et d'intervenir en urgence et à distance lorsqu'un patient fait une crise".  

Quant aux limites, "il faut préciser qu'il y a deux types de pathologies cardiaques. Une première qui nécessite des examens complémentaires indispensables et une deuxième qu'on peut diagnostiquer à travers un interrogatoire. Par exemple, pour diagnostiquer une insuffisance cardiaque, en plus de l'interrogatoire, il faut obligatoirement réaliser un électrocardiogramme et une échocardiographie. Par contre, on peut déceler un début d’angine de poitrine simplement à travers un interrogatoire. Quand on a une douleur qui répond aux critères d'une angine de poitrine, on n'a presque pas besoin de faire un électrocardiogramme. Ce dernier ne vient que confirmer le diagnostic".

Par ailleurs, certains médecins évoquent la disparition de l'humanité en adoptant la téléconsultation. "Au contraire. Avant, on recevait le patient, on faisait le diagnostic, on lui donnait une ordonnance et on ne le voyait plus, alors qu'il peut avoir des complications ou des effets secondaires des traitements.... Avec la télémédecine on peut facilement entrer en contact avec le patient et améliorer sa qualité de vie, et la relation humaine est meilleure, même en l'absence d'un contact physique", réplique Dr. Zizi. 

"A mon avis, la télémédecine et la médecine sont complémentaires et peuvent aller dans l'intérêt du patient. On ne peut pas se passer des cliniques et des hôpitaux. La télémédecine est juste un moyen d'agir rapidement et de gérer les urgences. Ce n’est pas un moyen pour concurrencer la médecine", ajoute-t-il. 

Qu'en est-il de la réglementation?

Selon Zineb Drissi Kaitouni, co-fondatrice de DabaDoc, "la législation existe concernant la télémédecine. Le décret a été appliqué en juillet 2018, sauf que cette législation n’est pas adaptée à tous les contextes et toutes les modalités de la pratique de la télémédecine. D'ailleurs, elle n'a pas été en mesure de s’adapter au covid-19. Il faut la faire évoluer"

Omar Seghrouchni, président de la CNDP explique pour sa part qu'"il faut qu’on arrive à comprendre deux principaux points afin d'avancer sur ce chantier. Le premier, c'est qu'il fut un temps où l’évolution technologique n’était pas aussi rapide. On pouvait donc mettre en place une loi et la rafraichir chaque 10 années, en se disant que pendant ce temps elle fait fonction".

"Aujourd'hui les choses vont très vite. Il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir réglementer la technologie. Il faut plutôt faire attention aux usages et les encadrer. Les lois en tant que telles vont avoir un socle qui va être principiel et en mesure de suivre et d'interagir avec les secteurs concernés pour pouvoir délibérer et mettre en place des façons d'encadrer, qui ne bloquent pas l'innovation et le progrès".

"Le deuxième point, c’est qu'aujourd'hui, il y a une certaine façon de faire qui a émergé du marketing et du décisionnel depuis le début des années 90, et qui a abouti à la vision 360°. C’est-à-dire qu’on interagit avec un client, patient, ou un citoyen à travers différents canaux, et on essaie d'avoir une vision complète intégrée concernant le sujet, pour pouvoir optimiser les relations et les interactions. La question est donc dans la largeur de cette vision à 360° en termes de protection, qu'il faut réglementer de manière citoyenne".  

Quid des remboursements ?  

"La téléconsultation est maitrisée et vient compléter la consultation normale", a souligné Philippe Rocard, président d'Axa Maroc. 

"On est face à une évolution qu’il faut accompagner, plutôt que de résister au changement. C’est pour cela qu'on a défini un cadre pour prendre en charge le remboursement des téléconsultations. Il y a un acte médical, un médecin qui intervient, et une ordonnance qui est livrée. Une copie de ces éléments est fournie pour le remboursement. On a donc des informations assez comparables avec une consultation normale".

Par ailleurs, il est encore tôt de tirer des conclusions sur ce volet au Maroc, selon lui. "Nous avons lancé le remboursement des téléconsultations au Maroc quelques jours avant le confinement. L’expérience est encore trop courte pour pouvoir tirer un bilan" au Royaume. 

Toutefois, les organismes du secteur public ne sont pas encore dans cette optique. "Les textes du décret prévoient le remboursement des téléconsultations, mais le processus n’est pas encore opérationnel", a précisé Mme. Kaitouni. "On espère que cette partie pourra se concrétiser prochainement, vu la crise actuelle, parce que malgré le déconfinement les patients seront encore réticents à se déplacer".

Données médicales, un chantier freiné par le covid-19

C'est ce qu'a affirmé M. Seghrouchni, lors de son intervention. "Nous avions, fin 2019, annoncé que 2020 allait être pour nous une année prioritaire sur la problématique des données de santé. Nous avons d'abord commencé par comprendre comment fonctionne l’écosystème, et pour ce, nous nous sommes rapprochés des acteurs du secteur, notamment le ministère de la Santé, l’Ordre des médecins, l’Anam, la Cnops, et l’Acaps. Certaines tâches avaient commencé à bien avancer, d’autres étaient encore à leurs premiers balbutiements. Arrivé le covid-19, ces acteurs étaient sur le front. Et donc, on ne pouvait pas continuer à demander par exemple au ministère de la Santé pourquoi les données d’un patient ont été diffusées ou à l’Ordre des médecins de continuer nos réunions tous les mercredis, dont le but est de préparer un guide pour les cabinets médicaux, qui permettra aux médecins de se mettre en conformité sans perdre trop de temps. Le Covid nous a ralentis".

Durant cette période, "nous avons également eu la problématique de l’émergence de la télémédecine et des services à distance de manière générale". 

"La télémédecine doit durer après la crise du covid"

"La crise actuelle nous a montré l'importance d'investir dans le secteur de la santé et dans la transformation digitale. Il faut donc développer un écosystème autour de la e-santé", relève Meriem Zairi, directrice générale MENA du Fonds d’investissement SEAF et présidente de la commission Startups et transformation digitale à la CGEM. 

"Par ailleurs, les lois doivent être en ligne avec ces pratiques, et doivent se mettent à jour". 

Pour Dr. Zizi, la télémédecine est un chantier qui doit continuer après le covid-19. "La digitalisation nous facilite la tâche et nous aide à prendre en charge nos patients. Les gens qui critiquent cette méthode ne l’ont pas expérimentée. Ils doivent s'y mettre et entrer en contact avec leurs patients pour l'apprécier", conclut-il. 

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