Le Liban adopte un plan de relance pour tenter de sauver l'économie

| Le 30/4/2020 à 15:53

Le gouvernement libanais a adopté jeudi 30 avril, un plan visant à relancer l'économie au bord du naufrage du pays endetté, où les manifestants sont redescendus dans la rue pour crier leur colère face à des conditions de vie intenables.

Les mesures de confinement adoptées contre le nouveau coronavirus ont amplifié la crise économique, la pire depuis la guerre civile (1975-1990): inflation qui continue d'augmenter, pénurie de liquidités et forte dépréciation de la monnaie par rapport au dollar, utilisé au quotidien au même titre que la livre libanaise.

L'adoption du plan de relance intervient après trois nuits consécutives de violences dans la ville de Tripoli (nord), où des manifestants ont battu le pavé pour dénoncer une chute de leur pouvoir d'achat.

Le naufrage économique a été l'un des déclencheurs en octobre 2019 d'un soulèvement inédit contre l'ensemble de la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence.

"Le Conseil des ministres approuve à l'unanimité le plan économique", a indiqué la présidence sur Twitter à l'issue d'une réunion du gouvernement.

Peu de détails ont filtré sur le plan mais le Premier ministre Hassan Diab doit prononcer un discours à 17H00 (14H00 GMT).

"En adoptant le plan de relance, nous mettons les wagons sur les rails", a-t-il dit durant la réunion, en saluant un plan "pratique, qui comprend une vision économique pour l'avenir du Liban".

Le plan est vital, les autorités espérant qu'il sera jugé suffisamment crédible par la communauté internationale pour débloquer des aides.

Selon des fuites dans les médias, 80 milliards de dollars (environ 73 milliards d'euros) sont nécessaires pour sortir de la crise, dont entre 10 et 15 milliards de dollars de financements extérieurs sur les cinq prochaines années.

Les réformes prévues comprennent des coupes dans les dépenses publiques et une restructuration de la dette de l'Etat, qui s'élève à environ 170% du PIB, l'un des taux les plus élevés au monde.

 Molotov, lacrymogènes 

Le temps est compté pour le Liban, qui a annoncé en mars être en défaut de paiement, une première dans son histoire.

Selon des estimations officielles, 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté et ces derniers mois des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi ou vu leurs salaires réduits.

Le gouvernement a reconnu une hausse importante de l'inflation et la livre a poursuivi sa dégringolade dans les bureaux de change, franchissant le seuil des 4.000 livres pour un dollar. Le taux officiel de 1.507 livres est resté inchangé.

Malgré le confinement et un couvre-feu nocturne imposés face à l'épidémie de Covid-19 (725 cas officiellement recensés dont 24 décès), la colère gronde à nouveau dans la rue, après plusieurs mois marqués par un essoufflement de la contestation.

"Notre pouvoir d'achat a énormément baissé, mon salaire suffit à peine pour finir le mois", déplore Alaa, 34 ans, un employé d'une ONG qui attend un enfant et participe aux manifestations à Tripoli.

Mercredi, des heurts ont éclaté dans cette ville entre manifestants et forces de sécurité, les premiers lançant des cocktails Molotov et des pierres, les seconds ripostant à coups de gaz lacrymogènes. Au moins 23 manifestants et 19 militaires ont été blessés, selon l'agence officielle ANI.

Des affrontements similaires, lundi et mardi à Tripoli, ont fait un mort et cinquante blessés parmi les manifestants et 40 blessés parmi les militaires selon l'armée.

 Aide internationale 

Les manifestants dénoncent des services publics de base en déliquescence -coupures d'électricité quotidiennes, un réseau d'eau courante médiocre et une gestion calamiteuse des déchets.

Ils dénoncent également l'attentisme des responsables face à l'aggravation de la crise et les accusent d'être coupés de la réalité et principalement préoccupés par les querelles politiciennes interminables, qui vont parfois jusqu'à paralyser l'appareil de l'Etat.

La communauté internationale s'est engagée en avril 2018 à accorder des aides de plus de 11 milliards de dollars au Liban, en contrepartie de réformes. Mais en l'absence de réformes, les montants n'ont pas été débloqués.

Pour élaborer son plan de relance, le Liban avait requis en février une assistance technique du Fonds monétaire international (FMI) mais n'a toujours pas formulé de demande d'aide financière auprès de cette institution.

Pour des experts, une aide du FMI est nécessaire pour remettre le pays sur les rails.

(AFP)

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