Covid-19 :Au Maroc, il est trop tôt pour évaluer les taux de guérisons

Alors que beaucoup d’inconnues subsistent sur le Coronavirus, il semble encore précoce de parler d’un taux de guérison très élevé, même si les chiffres relatifs aux guérisons annoncés par le ministère de la Santé suscitent de l’espoir.

Covid-19 :Au Maroc, il est trop tôt pour évaluer les taux de guérisons

Le 30 avril 2020 à 11h48

Modifié 10 avril 2021 à 22h32

Alors que beaucoup d’inconnues subsistent sur le Coronavirus, il semble encore précoce de parler d’un taux de guérison très élevé, même si les chiffres relatifs aux guérisons annoncés par le ministère de la Santé suscitent de l’espoir.

Le taux de létalité du Covid-19 au Maroc, qui s’élève actuellement à 3,9%, laisse-t-il entrevoir un taux de guérison très élevé ? A priori, une simple soustraction permet d’aboutir à un taux de guérison supposé de 96%, si l’on arrondit à 4% le taux de létalité. L’équation est en réalité plus complexe et nuancée.

Précision : la létalité est différente de la mortalité. Elle désigne le nombre de personnes qui, ayant contracté une maladie, meurent de cette maladie, pour une année donnée. Autrement dit, elle désigne le risque qu’ont les personnes atteintes d’une maladie de mourir chaque année ; elle illustre le degré de dangerosité d’une maladie. La mortalité, elle, fait référence au pourcentage de morts par rapport au nombre d’individus d’une population donnée, dans une période donnée.

« Attention aux calculs trop simples », avertit prudemment le professeur Abdelfattah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales au CHU Ibn Rochd de Casablanca, contacté par Médias24. Ce dernier se garde de tout faux espoir, estimant qu’il est encore trop tôt pour parler d’un taux de guérison élevé, voire très élevé. « Il faudra attendre la fin de l’épidémie pour le savoir », souligne-t-il.

Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, 69 nouveaux cas de contamination au coronavirus ont été recensés, portant le cumul à 4.321 cas ce mercredi 29 avril à 16H. Trois nouveaux décès ont été enregistrés, portant le cumul à 168 décès, et 150 nouvelles guérisons ont été annoncées, soit un total de 928 guérisons et un taux de rémission de 21,5%.

Un virus et beaucoup d’inconnues

Abdelfattah Chakib s’interroge également : le taux de létalité est-il le reflet de la réalité ? Autrement dit, n’est-il pas moins important que le taux annoncé ? C’est ce que pense le professeur, exemple à l’appui : « Si on a 100 malades confirmés et 10 personnes qui décèdent, vous avez 10% de décès. Si en plus de ces 100 malades détectés, vous en avez 50 autres qui ne le sont pas (qui sont encore dans la nature ou qui sont des cas contacts positifs qui passent entre les mailles du filet), le taux de létalité est en réalité moins élevé. »

Il faut dire aussi que beaucoup d’inconnues subsistent autour de ce virus. « C’est là le grand problème de cette épidémie : nous n’en maîtrisons pas encore tous les aspects », souligne Abdelfattah Chakib. « Nous n’avons pas des années de recul ; seulement quelques mois », abonde l’épidémiologiste et infectiologue Jaâfar Heikel, joint par Médias24.

Que dire toutefois des 96% restants ? « Globalement, la moitié peut être considérée comme étant guérie cliniquement ou biologiquement. Cela ne signifie pas que l’autre moitié est mourante ou en mauvaise santé ; simplement qu’elle est en cours de guérison. Certains malades n’ont effectivement plus de symptômes mais ils sont toujours porteurs du virus. On dit qu’ils sont en cours de guérison : si on mesure leur charge virale, on va voir qu’elle diminue au cours du traitement », explique Jaafar Heikel.

Maintenir les mesures barrière même en cas de guérison

Selon les critères retenus par le ministère de la Santé, une personne atteinte du Covid-19 est déclarée guérie lorsque deux tests, réalisés à 24 heures d’intervalle, sont tous deux négatifs. « La durée d’hospitalisation varie en fonction des malades. Certains peuvent sortir au 10e jour, à la condition que les deux tests RT-PCR, réalisés dans un intervalle de 24 heures, soient négatifs », rappelle Abdelfattah Chakib.

Une fois la personne déclarée guérie, elle doit continuer à appliquer les mesures barrière, le confinement n’en étant qu’une parmi d’autres, en l’occurrence le lavage régulier des mains, le port du masque et le maintien de la distanciation sociale, rappelle de son côté Jaâfar Heikel. « Il ne faudrait pas que les personnes déclarées guéries puissent être réinfectées dans le cas où elles seraient exposées à une autre personne chez qui la charge virale est élevée. On ne mesure pas la charge virale quantitativement, mais qualitativement, c’est-à-dire la présence ou l’absence du virus. Il est avant tout question de réduire au maximum les risques, même si le risque 0 n’existe pas », conclut l’épidémiologiste.

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