En détresse, les petits agriculteurs se débarrassent de leur bétail

Sécheresse, flambée des prix des aliments et effondrement des prix du bétail. C’est la dure réalité que vivent les petits agriculteurs, contraints de se débarrasser de leurs bêtes à prix bradés pour réduire leurs charges.

En détresse, les petits agriculteurs se débarrassent de leur bétail

Le 3 mars 2020 à 11h47

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Sécheresse, flambée des prix des aliments et effondrement des prix du bétail. C’est la dure réalité que vivent les petits agriculteurs, contraints de se débarrasser de leurs bêtes à prix bradés pour réduire leurs charges.

Le bétail, c’est la banque, l’épargne du petit agriculteur. C’est aussi un outil de production. Mais ce sont également des bouches à nourrir. Quand il y a sécheresse, il devient plus un boulet qu’une source de revenus.

C’est le cas actuellement. La campagne agricole 2019-2020 connait un déficit pluviométrique important sur la majorité des régions agricoles, et vient après une campagne 2018-2019 également difficile.

Le bilan fourrager est déficitaire, d’où une flambée des prix des aliments, surtout dans les régions éloignées des zones de production de paille. Au Souss-Massa, la botte de paille se vent au moins à 25 DH contre un prix normal de 7 à 12 DH, rapporte Dr. Yassine Jamali, vétérinaire et agriculteur-éleveur. Idem pour l’orge, le son de blé et le pain sec dont les prix ont flambé.

« Ce n’est plus rentable pour les petits agriculteurs d’acheter les aliments de bétail à ce niveau de prix », affirme Abdelmoumen Guennouni, ingénieur agronome.

Face à cette envolée des prix et à la situation défavorable des cultures, nombre d’agriculteurs sont contraints de vendre une partie de leurs chèvres, moutons ou encore leurs vaches ou veaux pour ceux qui en ont.

D’où un effondrement des prix, l’offre ayant sensiblement augmenté face à des acheteurs très peu nombreux. Exemple : une chèvre « beldi » qui se vend normalement à 600 DH ne trouve pas preneur aujourd’hui à plus de 250 DH, ajoute Dr. Jamali.

Précisons que malgré cette situation, le prix de la viande rouge chez le boucher n’a pas baissé. « Il faut distinguer deux marchés, celui de l’élevage d’engraissement qui approvisionne les abattoirs et celui de l’élevage de pâturage qui fait vivre les petits agriculteurs. C’est ce dernier marché qui est lourdement sinistré », explique M. Guennouni.

Un problème structurel

Le petit agriculteur accepte donc des prix qui ne lui permettent pas de faire vivre le reste de son bétail très longtemps. « Alors que vendre une chèvre permet normalement d’acheter jusqu’à 60 bottes de paille, cela ne rapporte aujourd’hui que 10 bottes, sachant qu’une botte permet de faire vivre une chèvre pendant 10 jours », se désole le vétérinaire qui précise que la paille, avec un apport nutritionnel faible, sert plus à remplir l’estomac qu’à assurer la croissance des bêtes ou une production laitière.

Que faire face à cette situation ? Le gouvernement doit-il lancer un programme d’appui à l’alimentation de bétail comme en 2018 à cause de la vague de froid ?

Pour Abdelmoumen Guennouni, ce genre de programmes n’a aucun impact sur le petit agriculteur. « De faibles quantités d’orge subventionnée sont distribuées par les autorités locales aux agriculteurs sans tenir compte de la taille du cheptel. De plus, le bétail a besoin d’une alimentation diversifiée », affirme-t-il.

Dr. Jamali est moins catégorique : « Cela réduit un peu l’angoisse des agriculteurs, renforce l’offre et atténue la hausse des prix de l’orge ».

Mais pour les deux spécialistes, l’année est compromise malgré toutes les mesures qui peuvent être prises. Et la corrélation entre situation des petits agriculteurs et croissance économique est forte. On risque donc d’enregistrer un taux de croissance bien inférieur aux différentes prévisions, d'autant plus que les effets du Coronavirus sur l'économie devraient être importants.

Dr. Jamali estime qu’il faut trouver des solutions à un problème structurel, celui du stress hydrique : « l’eau disponible par habitant a chuté à 600 m3 par an. Il faut réfléchir à des solutions réalistes, qui tiennent compte de ce que la nature peut offrir. Dessaler l’eau de mer à un coût convenable peut constituer une solution mais seulement pour les zones situées sur la façade maritime. Il faudra penser aux zones reculées ».

>>Lire aussi: Le Roi Mohammed VI: 115 MMDH pour le programme d'eau potable et d'irrigation

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