Interrogations autour de la reprise de CHU par la CMR

| Le 6/11/2019 à 6:00

En annonçant le rachat par la Caisse Marocaine des Retraines de 5 Centres Hospitaliers Universitaires, le département des Finances se met devant un dilemme inextricable : veiller aux intérêts de la CMR ou de l’Etat ? Interrogations.

Mohamed Benchaaboun, ministre de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'administration vient d’annoncer que la Caisse Marocaine des Retraites (CMR) devrait acquérir 5 Centres hospitaliers universitaires (CHU). Le ministre, qui a qualifié cette opération d’une sorte de PPP ou de « Lease-back », a expliqué que cela permettra à la CMR d’engranger des rendements supérieurs à ceux qu’elle perçoit à travers ses placements en bons du trésor.

Juge et partie

Toutefois, cette opération pose un certain nombre de questions. En effet, elle pose d’emblée la question du conflit d’intérêt car pour investir hors côte et bons du Trésor, la CMR a besoin d’une dérogation de la part du département des finances - plus précisément de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACPAS)- qui est lui-même contrepartie dans cette opération.

En quelque sorte, le département des Finances se retrouverait en même temps juge et partie dans un deal qu’il aura lui-même initié.

Plus encore, cela remet directement en question l’indépendance des décisions de gestion des caisses de retraites vis-à-vis de l’Etat et cela vaut d’autant plus pour la CMR qui est censée assurer elle-même la gestion des placements des réserves. Une gestion où elle prend en compte l’équation rendement/risque en pondérant ses placements sur le marché financier entre la bourse et les bons du Trésor.

Effet d'éviction ?

En fait, plus que de poser des questions, cette opération risque d’éloigner le gouvernement d’une certaine orthodoxie souhaitée dans la gestion des finances de l’Etat qui par ailleurs se targue d’éviter tout effet d’éviction envers le privé qui pour sa part se plaint de la rareté des opportunités d’investissements avec des rendements intéressants.

Aussi, l’argument des revenus plus attractifs pour la CMR peut être retoqué par la possibilité de conditions plus avantageuses pour l’Etat si la cession des CHU était dans un cadre plus ouvert avec un marché qui accepterait peut-être des rendements inférieurs à ceux que la caisse de retraite se verra offrir. Pire, cela voudrait dire que l’on renfloue les caisses de la CMR en surpayant le loyer. En d'autres termes, puisque le rendement est garanti et supérieur à celui des Bonds du Trésor (ce qui est vrai), pourquoi ne pas avoir fait appel au marché dans les conditions normales de concurrence.

Dilemme inextricable

A contrario, si l’objectif est de renflouer les caisses de l’Etat en forçant la main de la CMR, cette dernière se verrait cantonnée au rôle de cache misère du déficit.

In fine, cette opération risque de mettre le département de Benchaaboun devant un dilemme inextricable : veiller aux intérêts de la CMR ou de l’Etat ? Ceci en concédant que dans des pays développés, le recours aux PPP et aux financements innovants pour soulager le budget de l'Etat, est une opération banale.  

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 30/6/2024 à 13:20

    Label’Vie ambitionne de doubler ses revenus et son EBITDA d’ici 2028

    Le groupe ambitionne d’accélérer très fortement son nombre de magasins d’ici 2028 pour atteindre plus de 900 enseignes contre 179 fin 2023. Les format les plus porteurs de croissance identifiés par le groupe sont le Carrefour Express, l’Atacadao et le Supeco, les deux derniers étant peu consommateurs en Capex, à faible coût de distribution et proches des clients.
  • | Le 29/6/2024 à 10:16

    L'encours des crédits bancaires progresse de 48 MMDH en 12 mois

    D'un mois sur l'autre, en mai 2024, l'encours des crédits bancaires recule très légèrement. L'encours des crédits aux ménages progresse de 9,5 MMDH d'une année sur l'autre. Les créances en souffrance augmentent de 3,7 MMDH sur la même période.
  • | Le 29/6/2024 à 9:14

    En mai, le cash en circulation s’alourdit de 4,2 MMDH d’un mois sur l’autre

    Le cash en circulation continue de grimper en mai pour atteindre plus de 407 MMDH. Il progresse de près de 38 MMDH sur une année glissante. Les dépôts bancaires progressent légèrement pour atteindre 1.172,7 MMDH.
  • | Le 27/6/2024 à 14:47

    Immobilier : la baisse du taux directeur impactera modérément les taux des crédits

    La baisse du taux directeur de 25 pbs devrait faire baisser les taux débiteurs, mais cela de manière assez douce. Les taux des crédits immobiliers devraient en effet reculer progressivement. Plusieurs sources bancaires sondées estiment que la baisse sera limitée et prendra un peu de temps. D'autres sources du marché sont un peu plus optimistes.
  • | Le 26/6/2024 à 13:44

    L'incidence de la baisse du taux directeur sur le marché obligataire et actions

    La baisse du taux directeur de Bank Al-Maghrib a surpris tout le marché. Elle tirera à la hausse le prix des actifs sur le marché obligataire en faisant baisser la courbe des taux. Le marché actions devrait également en bénéficier du fait d'une meilleure valorisation fondamentale des entreprises cotées, liée à la baisse du taux d'actualisation. Le climat économique tel que présenté par la Banque centrale devrait également bénéficier au marché actions.
  • | Le 25/6/2024 à 16:55

    L’augmentation de capital d’Akdital financera l’ouverture de 28 établissements d’ici 2026

    A travers son augmentation de capital de 1 MMDH, Akdital a pour objectifs de financer son expansion et de renforcer ses infrastructures existantes pour atteindre 51 établissements et 5.700 lits à l’horizon 2026.