Achoura: les pétards font toujours des victimes

Les pétards et autres feux d'artifice sont toujours disponibles dans les marchés à l'occasion de la fête de Achoura. La loi encadrant leur usage n'est toujours pas appliquée et le contrôle à l'importation et sur le marché local manque d'efficacité. Pendant cette période, les hôpitaux accueillent chaque jour des blessés.

Achoura: les pétards font toujours des victimes

Le 9 septembre 2019 à 16h08

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Les pétards et autres feux d'artifice sont toujours disponibles dans les marchés à l'occasion de la fête de Achoura. La loi encadrant leur usage n'est toujours pas appliquée et le contrôle à l'importation et sur le marché local manque d'efficacité. Pendant cette période, les hôpitaux accueillent chaque jour des blessés.

La fête de Achoura sera célébrée le 10 septembre, correspondant au 10 Moharram, mais les célébrations ont déjà démarré dans plusieurs quartiers des principales villes du Maroc.

A Casablanca, de nombreuses personnes sont blessées quotidiennement depuis quelques jours suite à l'explosion des pétards, nous confient différents ophtalmologues à l'Hôpital 20 août, qui est le seul à disposer d'un service d'urgences ophtalmologiques dans la métropole. Pour l'instant, l'établissement n'était pas en mesure de communiquer le chiffre exact de blessés.

Rappelons que l'année dernière, Achoura s’est soldée par la mort d’un jeune garçon à Derb Ghellaf. Il avait reçu un gros fumigène au cou.

Où est la loi encadrant l’utilisation des pétards?

La loi n° 22-16 portant réglementation des produits explosifs à usage civil et des artifices de divertissement a été publiée au Bulletin officiel (n°6694) du 26 juin 2018. Son entrée en vigueur est toutefois conditionnée par la publication de ses décrets d’application. A ce jour, aucun de ces décrets n’a été publié.

Cette loi concerne les explosifs à usage civil. Elle vise, entre autres, à réglementer la fabrication, l'importation, la commercialisation et la détention des matériels contenant des substances pyrotechniques, y compris les artifices destinés au divertissement (les pétards).

Ces artifices de divertissement sont classés en quatre catégories:

- la catégorie C1: il s'agit de ceux qui présentent un danger très faible et un niveau sonore négligeable. Ils sont destinés à être utilisés dans des espaces fermés. Ces produits seront interdits à l'importation, à la fabrication, au stockage, à la commercialisation et à la distribution. En cas d'infraction, l'auteur sera puni d'une amende de 10.000 à 20.000 DH;

- la catégorie C2: ce sont ceux qui présentent un danger faible et un faible niveau sonore. Ils sont destinés à être utilisés, à l'air libre, dans des zones confinées;

- la catégorie C3: il s'agit de ceux qui présentent un danger moyen. Ils sont destinés à être utilisés, à l'air libre, dans des grands espaces ouverts. Leur niveau sonore n'est pas dangereux pour la santé humaine;

- la catégorie C4: ce sont ceux qui présentent un danger élevé. Leur niveau sonore n'est pas dangereux pour la santé humaine.

L'emploi des artifices de divertissement des trois dernières catégories doit être effectué par des personnes ayant les qualifications requises en la matière et possédant une carte de contrôle d'explosifs. La forme et les modalités d'obtention de cette carte seront fixées par voie réglementaire.

En général, la loi prévoit jusqu'à cinq ans d'emprisonnement pour quiconque:

1. détient, sans motifs légitimes ou se livre à l'introduction illicite des artifices de divertissement;

2. se livre à la fabrication illicite des produits explosifs, des artifices de divertissement. Ceux-ci sont confisqués et détruits dans les conditions fixées par voie réglementaire.

D'où viennent ces pétards?

En attendant l'application de cette loi, l'importation de ces produits est interdite par la réglementation douanière pour les non-détenteurs d'une licence spécifique, selon Lhassan Hellou, Directeur de la facilitation et de l'informatique à l'Administration des Douanes et impôts indirects (ADII), joint par Médias24. 

"Ces produits rentrent illicitement sur le marché marocain par le biais de la contrebande. Ils sont cachés dans des camions, avec d'autres produits déclarés. Ces engins sont contrôlés par scanner au niveau des frontières (Sebta, Melilia et Guergarat par exemple), lorsque nous avons un doute", poursuit notre source.

"La réglementation de la douane donne le droit à certaines entités d'importer ces produits, telles que les entreprises d'animation". 

"En 2019, comme en 2018, seules trois sociétés au Maroc disposent de licences délivrées par le ministère chargé du Commerce extérieur pour importer les matières inflammables, les poudres et explosifs, les articles de pyrotechnie et les alliages pyrophoriques. Ces sociétés ont importé, légalement, 37 tonnes en 2018 et 41 T en 2019". 

Comment se fait le contrôle?

"Des commissions régionales, qui relèvent des Wilayas, mènent régulièrement des campagnes de lutte contre le trafic illicite des pétards. Ces contrôles s'accroissent avant et durant la période de Achoura pour faire face à la contrebande". 

"Des brigades mobiles sont aussi mises en place au niveau des frontières".

Pour rappel, le 28 mars 2018, la douane a effectué une saisie spectaculaire de 4,147 kg de pétards à Guergarat, soit plus de 1 million de DH. 

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a pour sa part saisi une grande quantité de pétards, selon une source de l'institution, qui se garde toutefois de nous fournir des chiffres précis. Des personnes ont également été interpellées.

Mais il est clair, compte tenu de l'usage fréquent des pétards par les jeunes dans les rues et du nombre des victimes dans les hôpitaux, que les contrôles de la Douane et des services de sûreté ne permettent pas d'intercepter toutes les quantités de ces produits dangereux.

Lire aussi: Pétards de la Achoura: une loi pour faire le ménage

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