Région MOANAP : le FMI met à jour ses perspectives économiques
Tensions commerciales, ralentissement des exportations, mécontentement social… Voici les rasions qui ont poussé le FMI à revoir à la baisse ses perspectives économiques pour cette région qui comprend le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord, l'Afghanistan et le Pakistan.
Le Fonds monétaire internationales (FMI) alerte dans son dernier rapport de mise à jour des perspectives économiques de la région MOANAP (Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan) sur la montée des incertitudes dans cette région, dans un contexte marqué par des conditions défavorables à l’échelle mondiale.
Le fonds souligne que des tensions pourraient également faire dérailler des réformes capitales, et déboucher sur des conflits et une nouvelle montée de l’incertitude dans la région. Il souligne également que l’agitation sociale augmente dans certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Au cours des 18 derniers mois, Reported Social Unrest Index (RSU, indice de l’agitation sociale relayée établit par le FMI) a atteint son niveau le plus élevé depuis plusieurs années dans certains pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Le RSU a récemment augmenté après avoir baissé régulièrement au cours de la période 2015–2016, même si certains facteurs politiques (comme le régime politique) et le niveau de liberté de la presse ont pu affecter les résultats de certains pays (Voir graphique ci-dessous).
Evolution du RSU
La version actuelle de l’indice comprend l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, le Soudan et la Tunisie, et d’autres pays seront inclus à l’avenir.
L’indice, qui couvre la période comprise entre janvier 2005 et février 2019, augmente fortement au cours des épisodes d’agitation sociale marquée.
Cette tendance est illustrée au niveau du graphique ci-dessous, qui reporte l’intervalle entre le pic du RSU au cours des 18 derniers mois et la dernière fois où il était plus élevé. Plus l’intervalle est long, plus le niveau des protestations relayées est élevé par rapport au passé récent. C’est ainsi que les protestations récentes ont atteint un niveau record au Soudan.
À l’inverse, les intervalles plus courts enregistrés pour le Maroc, le Liban et l’Égypte reflètent, pour différentes raisons, une diminution des occurrences d’expression de mécontentement social par rapport au passé récent.
Les tensions commerciales obscurcissent les perspectives de croissance
Les projections de croissance ont été régulièrement révisées à la baisse par le FMI dans plusieurs pays (Jordanie, Liban, Maroc, Pakistan, Soudan) en raison de la fragilisation de l’environnement extérieur.
La croissance régionale pour 2019 avait été évaluée à 4% dans les Perspectives économiques régionales d’octobre 2018 du FMI, contre 3,6% dans les projections actuelles.
Le rapport indique que les aléas restent de nature baissière, les tensions commerciales mondiales obscurcissant les perspectives de croissance chez des partenaires commerciaux stratégiques et augmentant la probabilité d’une montée de l’aversion pour le risque à l’égard des marchés émergents chez les investisseurs.
En particulier, l’importante proportion des exportations vers la Chine, l’Union européenne et les États-Unis chez les pays importateurs de pétrole de la région MOANAP expose ces pays à des aléas baissiers relatifs à l’affaiblissement de la croissance notamment de la Jordanie, le Maroc, la Mauritanie, le Pakistan et la Tunisie.
Un ralentissement des exportations est prévu
Le déficit courant régional devrait diminuer de 6,5% du PIB en 2018 à 5,9% en 2019 et 5,2% en 2020. La baisse des prix du pétrole va contribuer à l’amélioration des termes de l’échange pour les pays importateurs de pétrole.
Toutefois, même si les déficits courants de l’Égypte et du Maroc devraient baisser à environ 2% du PIB d’ici à 2020, les déficits extérieurs restent importants dans les autres pays de la région.
Dans la mesure où les prix du pétrole devraient rester instables sur fond de persistance des tensions géopolitiques, la durabilité de l’amélioration des termes de l’échange reste incertaine.
Pour sa part, la croissance des exportations de la région devrait ralentir à 7% en 2019 et 6,5% en 2020, en raison principalement d’un affaiblissement de la demande chez des partenaires commerciaux stratégiques.
L’escalade des tensions commerciales engendre un aléa baissier supplémentaire pour tous les pays de la région.
Par ailleurs, si les envois du fonds contribuent à créer un matelas pour les déficits courants dans de nombreux pays (Maroc, Pakistan, Somalie), il existe des aléas baissiers liés à un ralentissement dans les pays émetteurs d’envois de fonds, qui sont pour la plupart en Europe ou membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Des marges monétaires limitées malgré une pression inflationniste modérée
L’inflation régionale devrait augmenter légèrement pour atteindre 11,3 % en 2019, sous l’effet principalement d’une hausse de l’inflation en Égypte (réforme des subventions aux combustibles) et au Pakistan (baisse du taux de change), selon le rapport.
Dans l’ensemble, l’inflation devrait rester globalement stable, grâce notamment à une baisse des prix de l’énergie.
Les projections font état d’une inflation inférieure à 10% dans la plupart des pays de la région et à 3% pour l’Afghanistan, la Jordanie, le Liban et le Maroc.