Croissance, réformes, régime de change...Interview avec Jihad Azour, directeur Moyen-Orient et Asie centrale au FMI

Mouna Ettazy, à Washington | Le 17/4/2019 à 15:50

Rencontré à Washington dans le cadre des  réunions du printemps 2019 du FMI, Jihad Azour nous donne son avis sur l'économie marocaine et nous parle du passage du pays à un régime de change plus flexible. 

 

Directeur Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international, Jihad Azour a donné une conférence de presse vendredi dernier à Washington, dans le cadre des réunions du printemps 2019 du Fonds monétaire international (FMI).

Nous avons eu l’occasion d'échanger avec lui à propos de l’économie marocaine, ses évoltutions, les prévisions de croissance pour 2019, ainsi que sur le bilan de la première année de flexibilisation du dirham.

Jihad Azour pense ainsi que l’économie marocaine s’est remarquablement développée au cours de ces dernières années et ce, grâce à plusieurs réformes qui ont été mises en place par le gouvernement. Le Fonds a également joué un rôle dans ce progrès, signale-t-il.

Pour le passage à un régime de change flexible, il confirme que le Maroc a réussi sa première année de flexibilisation du dirham. Il nous parle par ailleurs des éléments qui permettent à une économie de bien gérer son système de change flexible.

 

     LeBoursier : La Banque centrale marocaine a récemment revu à la baisse sa prévision de croissance pour 2019. Allez-vous faire de même sachant que la campagne agricole s'annonce moyenne ? 

Jihad Azour : La croissance économique au Maroc pour 2019 est prévue à 3,2%. Comme vous l’avez signalé, l’agriculture est un secteur important et donc les évolutions climatiques affectent la croissance. Si on regarde dans le détail, la croissance économique hors l’agriculture est meilleure que la croissance générale.

    - Globalement, comment évaluez-vous l’économie marocaine ?

Il est clair que le Maroc a réussi au cours des dernières années à faire un certain nombre de réformes importantes.

Le Maroc a fait des réformes pour stabiliser son économie et pour améliorer le cadre macroéconomique qui est très important à la fois pour le développement de l’investissement et aussi pour permettre à l’Etat d’investir dans les secteurs d'avenir, comme l’éducation et le social.

Plusieurs réformes ont donc réussi. Et le Fonds a été un partenaire très engagé avec le Maroc. Nous avons récemment signé un programme qui se focalise sur un certain nombre de réformes de progression, c’est-à-dire des réformes structurelles qui permettent l’amélioration du climat des affaires et le renforcement du rôle du secteur privé.

Le secteur privé a réussi aussi à se transformer pour couvrir de nouveaux marchés en Afrique et attirer des investissements dans les secteurs à haute valeur ajoutée et s’intégrer dans la chaîne de valeur globale. L’économie marocaine est de ce fait de plus en plus exposée aux évolutions du commerce international. Il est donc nécessaire d’ancrer la stabilité dans la politique économique et de s’assurer que l’ensemble des indicateurs macroéconomiques sont couverts.

    - Le Maroc a réussi sa première année de flexibilisation du dirham. Pensez-vous que le pays est prêt pour élargir davantage la bande de fluctuation ?

Oui, le Maroc a réussi son passage au change flexible.

Je dirai que le meilleur élément pour gérer un système de change flexible, c’est d’avoir une économie stable et d’avoir une politique macroéconomique qui renforce la confiance des investisseurs, en réduisant l’inflation, en réduisant les déséquilibres internes et externes et aussi en permettant à l’économie de croître. Je trouve que le Maroc va dans cette direction.

Dans ce régime de change, il n’y a pas vraiment des étapes. C’est l’offre et la demande qui détermine le taux de change, puisqu’il est devenu flexible.

Le passage au nouveau régime de change s’est fait dans les bonnes conditions. Nous suivons son évolution. Mais, ce n’est pas notre rôle de définir si le taux de change est adéquat ou pas. 

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