Voilà pourquoi les inégalités sociales sont de moins en moins acceptées (CESE)

Le CESE (Conseil économique, social et environnemental), fait partie des rares organismes qui ont très tôt pris la mesure des inégalités sociales et de leur impact sur le climat social, économique (et politique). Dans le rapport 2017, désormais en ligne, un focus est consacré aux inégalités sociales et territoriales. En plus du constat et des recommandations, le rapport explique en quoi ces inégalités deviennent inacceptables pour les Marocains.

Voilà pourquoi les inégalités sociales sont de moins en moins acceptées (CESE)

Le 22 septembre 2018 à 17h53

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Le CESE (Conseil économique, social et environnemental), fait partie des rares organismes qui ont très tôt pris la mesure des inégalités sociales et de leur impact sur le climat social, économique (et politique). Dans le rapport 2017, désormais en ligne, un focus est consacré aux inégalités sociales et territoriales. En plus du constat et des recommandations, le rapport explique en quoi ces inégalités deviennent inacceptables pour les Marocains.

Le diagnostic du CESE sur les inégalités sociales arrive à point nommé. Les décideurs, acteurs politiques ou partis devraient tous le lire attentivement. Les prochaines élections se joueront sur ce thème. Et il ne s'agit pas seulement d'un enjeu électoral. Il y va de la cohésion sociale, du développement économique, du climat général et du vivre-ensemble.

Le CESE explique que la pauvreté absolue a diminué au Maroc et dans le monde, mais que la question des inégalités est plus complexe que cela. Le Maroc n'est d'ailleurs pas le seul pays touché par cette problématique.

"Au Maroc, la pauvreté monétaire a reculé significativement, mais la proportion des personnes concernées par la pauvreté multidimensionnelle et/ou la vulnérabilité demeure élevée".

S’agissant des inégalités, sur le seul plan économique, elles se situent à un niveau supérieur à la moyenne des pays comparables.

"Les mouvements sociaux observés dans notre pays, durant la période récente, montrent que la pauvreté, le chômage des jeunes et les inégalités sont de moins en moins acceptés".

Le CESE estime qu'à elle seule, "l'action en profondeur pour corriger les inégalités économiques, sociales et territoriales", n'est pas suffisante. Sans compte le fait qu'elle ne donne pas de résultats immédiats. Il recommande en parallèle de cela, "le renforcement de la justice sociale, de la reddition des comptes, de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption et contre toutes les formes d’abus".

Le rapport ne l'exprime pas de cette manière, mais c'est sur ça que se jouera l'avenir.

Le rapport cite les nombreux programmes de réduction des inégalités, transversaux ou spécifiques: Tayssir, 1 million de cartables, la Moudawana, Loi contre la violence faite aux femmes, les programmes de l’auto-entrepreneuriat, RAMED, AMO , INDH ou encore le chantier de la régionalisation avancée.

Le taux de pauvreté monétaire est passé de 15,3% en 2001 à 4,8% en 2014.

Le CESE ajoute que la société marocaine a changé et que "l’intolérance par rapport aux inégalités devient de plus en plus élevée; les citoyens étant plus conscients de leurs droits et exprimant davantage leur insatisfaction, leurs besoins et leurs attentes".

Pour illustrer ce "sentiment de frustration", le rapport cite un chiffre: "le taux de la pauvreté subjective qui est aux alentours de 45,1% en 2014, dépasse significativement le taux de pauvreté monétaire qui se limite à 4,8%. De même, près de 64% des personnes interrogées lors d’une enquête du HCP en 2014 estiment que les inégalités ont augmenté au Maroc, contre seulement, 7,8% qui pensent que celles-ci ont régressé".

Les jeunes sont particulièrement intolérants à l'égard des inégalités. Le rapport met ce constat en paralllèle avec "l’essor de l’utilisation de l’espace virtuel", autrement dit le web, y compris les réseaux sociaux, la facilité des échanges et leur amplification.

"Dans un contexte où la participation politique demeure modeste et où la confiance dans les institutions d’encadrement et d’intermédiation s’est affaiblie, le monde numérique est de plus en plus exploité en tant qu’espace libre d’expression et de débat, autour de sujets qui intéressent la société, notamment, la question des inégalités". Grâce aux nouvelles technologies, les citoyens comparent "leur propre niveau de vie et celui d’autres catégories dans la société", et établit également des comparaisons "entre classes sociales différentes, entre régions ou milieux de résidence différents, entre sexes (discrimination des femmes) ... sans omettre les comparaisons par rapport aux conditions de vie à l’étranger".

En troisième lieu, le rapport cite "l’inefficacité observée des mécanismes de mobilité sociale pour de larges franges de la population": "affaiblissement de la méritocratie et défaillance des ascenseurs sociaux classiques, tels que l’accès équitable à l’emploi, l’égalité des chances, une éducation de qualité pour tous, etc".

Le rapport précise que "le manque d’efficacité de l’ascenseur social est confirmé par les chiffres publiés en 2013, par le Haut-Commissariat au Plan sur la mobilité intergénérationnelle. En effet, seulement 35% des individus de 35 ans et plus ont connu une mobilité sociale ascendante par rapport à leur parents, les autres ayant plutôt stagné ou bien régressé".

Les femmes et les ruraux sont les catégories souffrant le plus  de discriminations. Il y a un effet de déterminisme: "la mobilité ascendante reste largement conditionnée par les années de scolarisation, l’expérience professionnelle, mais également, la position socio-familiale des parents et leur appartenance socio-professionnelle, ce qui renvoie au rôle décisif des différentes formes de capital matériel et immatériel, transmises à la descendance".

Le rapport cite "deux grands aspects des inégalités [qui] essortent comme étant les plus importants à résorber pour le cas du Maroc:

1-"les pratiques qui entravent l’égalité d’accès aux opportunités d’ascension sociale et celles qui affaiblissent le principe de promotion par le mérite, pour laisser place aux privilèges, aux rentes de situation, aux passe-droits et à la corruption". Trois domaines sont ciblés par la population: l'accès à l'emploi, l'accès aux opportunités d'affaires, le droit à une éducation de qualité.

"Lorsque ces trois composantes de l’ascenseur social sont en panne pour de larges franges de la population, ces dernières perdent confiance mais également l’espoir de pouvoir atteindre un niveau de vie meilleur en comptant uniquement sur le droit, l’effort et le mérite, ce qui menace la cohésion et la paix sociales ;

2. "Les inégalités liées aux effets de discrimination ou d’exclusion qui touchent certaines catégories, en particulier, les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées. En outre, il va sans dire que l’exclusion touche également les territoires (disparités régionales) et les milieux de résidence (urbain, périurbain, rural)".

Rapport complet ici. Synthèse ici. Focus sur les inégalités ici.

Nota: Est considérée comme pauvre, du point de vue monétaire, toute personne vivant en deçà du seuil de pauvreté fixé à une dépense par an par personne de 4 667 DH en milieu urbain et 4 312 DH en milieu rural (Seuil pour l’année 2014).

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