Au Maroc, le nombre de nourrissons morts est passé de 46.000 en 1990 à 14.000 en 2017. C’est ce qui ressort du dernier rapport de l’Unicef, publié ce mardi 17 octobre. Pour la même année, l’étude estime ainsi à 20 décès pour 1.000 naissances le taux de mortalité infantile, soit la probabilité de mourir entre la naissance et l'âge d'un an. Ce taux était de 63 sur 1.000 en 1990.

La tendance baissière recouvre également le nombre de décès survenus entre la naissance et l’âge de cinq ans. Evaluée à 79 sur 1.000 en 1990, la probabilité de mourir avant cet âge était de 23,3 en 2017. Le Royaume progresse d’un point par rapport à 2016, où ce taux était de 24,3.

Au niveau régional, le Maroc fait à peine mieux que l’Algérie (24/1.000 en 2017), mais avec un taux de 12,4 et 13, la Libye et la Tunisie sont, en Afrique du nord, les pays où on enregistre les taux les plus faibles de mortalité chez les moins de 5 ans. La Mauritanie fait le pire score, avec 79 décès en 2017, soit le taux du Maroc en 1990. Plus au nord, ces taux sont de 3,1 en Espagne, 3,7 au Portugal et 4,2 en France.

Mortalité néonatale, l’âge de la mère comme facteur-risque

"Le premier mois est la période la plus cruciale pour la survie de l'enfant", observe le rapport, qui consacre une partie à la mortalité néonatale. En 2017, l’Unicef estime à 10.000 le nombre de Marocains ayant rendu l’âme avant de boucler leurs 28 jours, soit 14,4 enfants sur 1.000. Ce taux était de 15 en 2016 et de 36,2 en 1990.

Comparé à nos voisins, le Maroc présente un taux quasi-similaire à celui de l’Algérie (14,9), tout étant devancé par la Libye (6,5) et la Tunisie (7,5). La Mauritanie conforte son statut de mauvais élève (33,8). Pour nos voisins européens, la mortalité néonatale ne dépasse pas 1,7 en Espagne, 2,1 au Portugal ou 2,4 en France.

"A l’échelle mondiale, on estime à 2,5 millions le nombre de nouveau-nés décédés au cours du premier mois de vie en 2017, soit environ 7.000 par jour, dont la plupart sont décédés dans la première semaine après la naissance", relève l’étude.

Fait intéressant, plus la mère est jeune, plus les risques augmentent: "Les enfants des mères les plus jeunes sont les plus exposés au risque de décès dans les premières semaines de leur vie", selon l’Unicef, qui précise que les nouveau-nés dont les mères ont moins de 20 ans ont environ 1,5 fois plus de risques de mourir que ceux dont les mères ont entre 20 à 29 ans.

Taux de mortalité des enfants âgés de 5 à 14 ans

A mesure que les enfants grandissent, le taux de mortalité diminue. Au Maroc, la probabilité de décès entre l’âge de 5 et 14 ans était de 3,2 sur 1.000 enfants âgés de 5 ans, soit aux 2.000 morts au total, selon l’Unicef, qui estimait à 7.000 ce chiffre en 1990 (10.5 sur 1.000). Là aussi, le Royaume a légèrement soigné ses statistiques par rapport à 2016 (3,3 sur 1.000).

La Mauritanie (9,8) et la Libye (5,8) comptent les taux de décès les plus élevés en Afrique du nord. Les Tunisiens (3) et Algériens (3,8) enregistrent des chiffres qui se rapprochent de ceux enregistrés au Maroc. En France, au Portugal et en Espagne, les décès ont culminé à 0,8/1.000.

Les pays où la mortalité est la plus élevée chez les enfants âgés de 5 à 14 ans sont concentrés en Afrique subsaharienne.

Pour les rédacteurs du rapport, "les blessures deviennent plus importantes en tant que cause de décès" des 5-14 ans. Elles représentent environ 30% des décès parmi ces groupes d’âge, alors que les maladies transmissibles comptent pour environ un cinquième. "Les maladies infectieuses et autres maladies transmissibles, périnatales et causes nutritionnelles provoquent environ la moitié des décès". 

Un enfant meurt toutes les cinq secondes

Globalement, 6,3 millions d’enfants de moins de 15 ans sont morts en 2017, "la plupart de causes évitables", selon l’Unicef. "Ce chiffre équivaut à un décès toutes les cinq secondes".

"La vaste majorité" des décès (5,4 millions) est survenue durant les cinq premières années de vie et la moitié concernait des nouveau-nés. Sachant que 50% des décès d’enfants de moins de 5 ans dans le monde ont eu lieu en Afrique subsaharienne et 30%, en Asie du sud-est.

Il y a péril en la demeure: "Si nous n’agissons pas immédiatement, 56 millions d’enfants de moins de 5 ans, dont la moitié seront des nouveau-nés, mourront d’ici à 2030", indique Laurence Chandy, directrice de la division des données, de la recherche et des politiques de l’Unicef. 

Malgré tout, le nombre de décès chez les enfants de moins de 5 ans a "considérablement diminué", note l’Unicef. Chiffré à 12,6 millions en 1990, il est passé à 5,4 millions en 2017.