ENTRETIEN. Omar Hilale: “La négociation ne peut se faire qu'avec l'Algérie”

ENTRETIEN EXCLUSIF. Mercredi 10 août, le Conseil de sécurité de l'ONU a écouté un briefing de Horst Köhler, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara. Au-delà du compte rendu de la tournée régionale qu'il a effectuée fin juin, il a été annoncé que des discussions entre les parties (sans autre précision) auront peut-être lieu avant la fin de l'année. La plupart des membres ont demandé à M. Köhler de consulter le Maroc au préalable, pour toute initiative, idée, proposition ou format de rencontre. Le Maroc refuse toute rencontre si le tour de table ne comprend pas l'Algérie. Eclairage avec Omar Hilale, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies.

ENTRETIEN. Omar Hilale: “La négociation ne peut se faire qu'avec l'Algérie”

Le 10 août 2018 à 10h17

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

ENTRETIEN EXCLUSIF. Mercredi 10 août, le Conseil de sécurité de l'ONU a écouté un briefing de Horst Köhler, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara. Au-delà du compte rendu de la tournée régionale qu'il a effectuée fin juin, il a été annoncé que des discussions entre les parties (sans autre précision) auront peut-être lieu avant la fin de l'année. La plupart des membres ont demandé à M. Köhler de consulter le Maroc au préalable, pour toute initiative, idée, proposition ou format de rencontre. Le Maroc refuse toute rencontre si le tour de table ne comprend pas l'Algérie. Eclairage avec Omar Hilale, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies.

Médias24: L'impression que donne la réunion du 8 août, c'est qu'elle n'a permis aucune avancée.

Omar Hilale: Ce n’est pas seulement une impression, c’est la réalité. Votre impression est correcte.

-On perd beaucoup de temps finalement, nous sommes au même point qu’il y a une année.

-Le temps de la prise de contact, de l’établissement de la confiance, de l'écoute, est nécessaire. La précipitation parfois ne mène nulle part. Le Président Köhler était en mode écoute. C’est un dossier nouveau pour lui, c’est un dossier qui dure depuis 42 ans, il n'est pas facile d’assimiler toute sa complexité, ses couches de sensibilité et ses tenants et aboutissants. Il faut lui reconnaître le mérite d’avoir pris le temps d’écouter.

-Pourquoi a-t-il sollicité une rencontre avec le Conseil de sécurité?

-L’objectif était de l'informer sur sa visite régionale en juin, à Alger, Tindouf, en Mauritanie et au Maroc. Il a voulu dire ce qu’il a vu et entendu.

-Quand on écoute la déclaration du représentant du Royaume-Uni, qui préside le Conseil de sécurité, la position marocaine a été confortée.

-La position marocaine était claire dès le départ. Dès que nous avons été informés qu’il voulait interagir avec les membres du conseil, nous avons posé un certain nombre de questions sur le timing, le contenu et les objectifs.

Pour le timing, nous estimions qu’un mois à peine après la visite régionale, le délai n’était pas suffisant pour bien évaluer les résultats de cette visite et qu’il fallait donner du temps au temps.

Mercredi 8 août, il n’y avait que 4 ambassadeurs sur 15, tout le monde était en vacances. Nous, nous voulions qu’il fasse son intervention devant les ambassadeurs. Il y avait 11 chargés d’affaires et 4 ambassadeurs seulement.

Sur le contenu, sur l’objectif, il est normal qu'il cherche à informer le conseil au sujet de sa visite.

Mais au-delà de la visite, nous avons des réserves. Un message fort et ferme au sujet duquel nous avons saisi les membres du conseil de sécurité par écrit et individuellement. Si M. Köhler doit présenter de nouvelles idées, prendre des initiatives, il doit en parler avec nous d’abord. Ce message a été entendu. La plupart des membres du conseil lui ont dit: si vous avez des idées, des propositions, discutez-les avec les parties et en premier lieu avec le Maroc. A ce moment là, vous pourrez revenir avec les réactions.

C’est ce qu’il s’est engagé à faire.

L’ambassadeur adjoint du Royaume Uni, qui a présidé la réunion, a bien déclaré que l’envoyé personnel a bien saisi qu’il se devait de consulter le Maroc au préalable et qu'il s’est engagé à le faire.

-Au cours des prochaines semaines, M. Köhler va essayer d'organiser des discussions. Que va-t-il se passer? Si l’Algérie n’est pas dans le tour de table, le Maroc n’acceptera jamais...

-Ce n’est pas nouveau. Si on veut une véritable relance du processus politique, il faut que l'Algérie soit présente. Si on veut de simples pourparlers comme cela s’est fait à Manhasset, c’est autre chose. Ce n’est pas notre objectif, ce n’est pas notre attente, nous l’avons dit haut et fort.

Nous avons été clairs à ce sujet. Nous voulons de véritables négociations, pas avec des pions, mais avec les vrais responsables du différend sur le Sahara marocain.

-Pensez vous que l’Algérie pourrait accepter?

-C’est le diplomate qui vous répond. Le diplomate, par essence, doit toujours rester optimiste.

Les responsables algériens n’ont qu’à comparer leur situation en 1974-75 et notre situation. Comme nous étions, comme nous sommes actuellement. Dans quelle situation ils se trouvent sur le plan politique, économique et social. Je les invite à réfléchir, à faire preuve de sagesse. C’est eux qui paient le prix. Nous, nous construisons le Sahara. Eux, ils appauvrissent leur peuple pour financer le polisario. Leurs soutiens rétrécissent chaque jour.

-Si l’Algérie n'accepte pas, que va-t-il se passer en octobre? le mandat de la Minurso sera-t-il renouvelé?

-Oui je le pense. L’envoyé personnel a bien déclaré que tous les pays ont mis l’accent sur la Minurso et sur la surveillance du cessez- le-feu, je ne pense pas que le conseil de sécurité ne renouvellera pas le mandat. De toutes façons, le renouvellement se fera. D'un autre côté, Minurso ou pas, nous assurons la sécurité.

-Après le dernier sommet de l'Union Africaine à Nouakchott, il était question de consultations pour activer le bureau de l’UA à Laâyoune.

-Pour nous, le rôle de l’UA est terminé. L’OUA avait pris position et s’est déjugée. Le jour où l'UA prendra une position de neutralité, expulsera la pseudo-rasd ou gèlera sa présence, on pourra discuter. Dans la situation actuelle, il est hors de question de permettre quoi que ce soit. Je ne vois pas quel peut être l'apport de l'UA dans ces conditions.

-Donc ils n’ont pas pris contact pour ces consultations...

- Non, mais le cas échéant, nous saurons leur expliquer notre position, nous avons suffisamment d’arguments pour cela.

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