Mondial 2026. La FGD pointe le manque de visibilité sur l’impact financier de la compétition

A voir l’excitation qui entoure la candidature marocaine à l’organisation de la Coupe du monde, on pourrait croire que tous les décideurs sont d’accord. Or, vendredi 9 février, lors du Conseil communal de Rabat, le contrat Ville hôte a été approuvé, sans unanimité.

Mondial 2026. La FGD pointe le manque de visibilité sur l’impact financier de la compétition

Le 14 février 2018 à 15h49

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

A voir l’excitation qui entoure la candidature marocaine à l’organisation de la Coupe du monde, on pourrait croire que tous les décideurs sont d’accord. Or, vendredi 9 février, lors du Conseil communal de Rabat, le contrat Ville hôte a été approuvé, sans unanimité.

L'accord sur le contrat Ville hôte, qui lie la Fédération internationale de football association (Fifa), la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et la ville hôte, lors d’une session extraordinaire du Conseil communal de Rabat, n’a pas été unanime. Les représentants de la Fédération de la gauche démocratique ont voté "contre". Cause ? Aucune estimation chiffrée et aucune visibilité sur l’impact financier de l’organisation de la Coupe du monde sur le Maroc.

"Le contrat comporte plusieurs obligations devant être respectées par les Villes hôtes, on ne voit pas vraiment ce que Rabat peut en tirer", nous explique Omar Hayani, conseiller de la FGD.

Selon lui, ce sont des compétitions qui ont prouvé par le passé que leur impact économique et social attendu n’était pas aussi élevé que prévu. "Des pertes, des surcoûts de réalisation des stades... Nous estimons que le Maroc a d’autres priorités plutôt que d’organiser des compétitions sportives de cette ampleur".

Manque d'information et de visibilité

Omar Balafrej, député de la FGD, parlementaire et membre du Conseil de la ville de Rabat est aussi outré par l’absence d’éléments financiers concrets quant à l’organisation de la Coupe du monde. "Nous ne sommes pas d’accord non par rapport aux termes du contrat mais sur le principe même". Le contrat étant un contrat standard établi par la Fifa, contenant un ensemble d’obligations, que toutes les villes hôtes du Mondial doivent signer.

Il ajoute: "Nous avons voté 'contre' pour une seule raison, et c’est le manque d’information et la non visibilité sur l’impact financier d’un tel évènement au Maroc. Nous représentons les citoyens, on ne peut donc pas signer un accord sur cet investissement colossal alors qu’il y a des dépenses plus prioritaires."

Selon Balafrej, la ville de Rabat a beaucoup d’infrastructures déjà prêtes. "Je l’avais dit lors de la commission du vendredi dernier à Rabat, nous avons le terrain Moulay Abdellah qui est prêt, donc il n y a pas de grands investissements à faire en termes de terrains dans la capitale, mais il y a un certain nombre de choses qui ne sont pas dans le détail, le contrat reste très vague".

"A la veille de la commission j’ai demandé au comité organisateur de nous donner plus d’éléments: Qu’est-ce qui a été fait comme évaluation? Combien cela va-t-il nous coûter, non seulement pour Rabat, mais pour le Maroc entier? J’étais surpris de voir qu’ils n’avaient aucun élément chiffré à nous donner, aucune estimation financière", nous raconte Balafrej.

Il ajoute: "Le jour du Conseil, nous avons posé les mêmes questions devant des représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports et le comité organisateur, réponse: Pas d’estimation chiffrée pour l’instant."

Selon lui, soit il n’y a pas encore d’évaluation financière, ou bien les chiffres sont énormes. "En tant que responsable politique, la seule chose sur laquelle je pourrai me baser pour trancher, c’est les diverses études et évaluations qui ont été faites sur des Mondiaux précédents, notamment celui du Brésil et de l’Afrique du sud".

Balafrej donne l’exemple du Brésil, où "des montants énormes ont été dépensés. Au final l’impact était plutôt négatif. Il y avait, bien entendu, des aspects positifs, mais financièrement on parle de dizaines de milliards de dollars qui ont été dépensées pour des infrastructures qui ne servaient plus à rien après l’évènement, voire même qui ont été démolies par la suite (stade de foot en pleine Amazonie). A noter qu’en infrastructure, le Brésil est un pays beaucoup plus développé que le Maroc, pourtant l’impact global était financièrement négatif".

Toutes les compétitions de ce genre ayant eu lieu durant les 15 dernières années dans les pays en voie de développement, voire dans des pays plus développés que le Maroc, se sont soldées, d’après lui, par "des conséquences financières désastreuses". Il donne également l’exemple de la Grèce, pays bien plus développé que le Maroc au moment de l’organisation des Jeux olympiques, où on considère l’organisation des Jeux olympiques comme l’une des raisons pour lesquelles le pays a subi le choc de la crise.

"On sera tous très content d’organiser la Coupe du monde, mais est-ce qu’on a les moyens?"

Le député de la FGD ajoute: "à la veille de la COP22, on nous disait la même chose: que le Maroc allait gagner beaucoup de temps par rapport à ses objectifs environnementaux, qu’il y aura une véritable prise de conscience par les Marocains quant aux enjeux environnementaux, qu’il y aura des pistes cyclables partout, qu’il y aura plus de gens à vélo. Après la COP22, voyez-vous des pistes cyclables partout? Ou plus de gens qui roulent à vélo à Casablanca ou à Rabat par exemple?"

Selon Balafrej, le Maroc a des besoins énormes en infrastructures, il faut faire des évaluations précises pour savoir où est-ce qu’on va dépenser l’argent. Il donne, notamment, l’exemple du budget pour l’éducation ou bien pour la construction du tunnel sous le col du Tichka, où l’on estime que l’on n’a pas assez de fonds dans les débats de finance: "On a parlé de Ouarzazate comme ville hôte possible, et la route entre Tichka et Ouarzazate? Le projet du tunnel est prévu depuis les années 1940 et il n’a jamais été fait parce qu’il ‘coûte très cher’ (10 milliards de DH), d’après une réponse que j’ai eu au Parlement. En parallèle, on veut organiser la Coupe du monde qui va coûter des milliards et des milliards de dollars. Est-ce qu’on ne ferait pas mieux d’investir d’abord en ces infrastructures avant de se lancer dans l’investissement en stades dans certaines villes pour la Coupe du monde?"

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