Assemblée plénière de l'AMITH: ambivalence, contrebande, dépendance ibérique...

A côté d’un secteur exportateur en expansion mais encore dépendant du fast-fashion ibérique, la production locale continue de souffrir des importations, malgré les récentes collaborations entre l’association textile et les pouvoirs publics, afin d’endiguer le problème.

Assemblée plénière de l'AMITH: ambivalence, contrebande, dépendance ibérique...

Le 30 janvier 2018 à 16h15

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

A côté d’un secteur exportateur en expansion mais encore dépendant du fast-fashion ibérique, la production locale continue de souffrir des importations, malgré les récentes collaborations entre l’association textile et les pouvoirs publics, afin d’endiguer le problème.

Ce vendredi 26 janvier, s’est tenue une assemblée plénière de l’association textile AMITH. Les chiffres encourageants à l’export et la décision de protéger le marché domestique, via le récent rétablissement des droits de douane sur les importations turques, encouragèrent les adhérents à venir en masse.

L’annonce de la présence du ministre Elalamy a eu raison des derniers hésitants. La salle des conférences de l’ESITH (Ecole des industries textiles et d’habillement de Casablanca) était comble.

Entre l’intervention musclée d’Elalamy et celle de Karim Tazi (président de l’AMITH), où ce dernier a présenté les réalisations et les chantiers à venir de son association, les industriels ont pris la parole pour exprimer leurs griefs, leurs doléances, mais aussi leurs satisfécits.

Ci-après la synthèse des interventions des uns et des autres, ventilées en deux rubriques: marché local et marchés à l'export.

Marché local 

La profession commence l’année 2018 par la remise en cause de l’accord de libre-échange avec la Turquie, par le gouvernement. C’est une véritable bouffée d’oxygène pour l’industrie, car ce pays a quadruplé ses exportations de vêtements vers le Maroc. Mais cette suspension de l’exonération des droits de douane est temporaire et ne durera qu’une seule année. 

Plus encore, le gros des importations concerne en fait les circuits de contrebande qui alimentent les reseaux informels de distribution. Beaucoup d’industriels se plaignent de cette concurrence déloyale. 

Karim Tazi a rappelé à cet égard, que la production locale couvre moins du quart des besoins du marché domestique (estimés par l’AMITH à 45 MMDH) et qu’aucun business-model ne peut concurrencer les produits de contrebande. Même les petites unités de l’informel en sont affectées. 

Un important tisseur de la place confortera les propos de son président, quand il annoncera que son entreprise a réussi à exporter 30% de sa production en Chine tout en étant incapable de placer ses propres produits sur le marché local!

Dans une intervention remarquée, Mohamed Kabbaj du groupe Soft, a tenu à rappeler que la contrebande est doublement insidieuse. Elle rogne des parts du marché à l’industrie nationale et empêche de prévoir l’évolution de l’offre. Ce manque de visibilité encourage les capitaines d’industrie à migrer vers des secteurs à l’abri des concurrences illégales (spéculation foncière, achat des franchises de vente en détail,…etc.)

Karim Tazi a tempéré les ardeurs de ses confrères, en déclarant qu’aujourd’hui, la relation entre l’AMITH et la douane est exemplaire, que cette dernière en particulier et l’administration en général, sont plus que jamais conscients des conséquences néfastes des importations illégales sur l’emploi. 

Marchés à l’export

La situation du secteur exportateur contraste avec les difficultés du marché local. En effet, les ventes marocaines ont crû ces deux dernières années: 5,9% en 2017 et 8,8% en 2016.

C’est le fruit de l’arrimage réussi des exportateurs marocains au «fast-fashion» européen.

Certes, les industriels n’ont pas manqué de souligner qu’ils étaient trop dépendants de la mode rapide et du marché ibérique plus particulièrement. Le représentant d’une plateforme d’export tangéroise fera cependant remarquer que des grands noms du prêt-à-porter mondial commencent à s’intéresser au Maroc et qu’ils offrent plus de visibilité (12 mois) que leurs concurrents ibériques. 

La nécessaire diversification des marchés exige d’après des industriels, l’existence d’une quantité suffisante de créateurs, capable de proposer aux donneurs d’ordre, des formes, des supports et des décors, sans cesse renouvelés.

Ces industriels posèrent alors l’épineux problème de la rareté des profils techniques et créatifs, sur le marché de l’emploi. Le directeur de l’école «Casa Moda» abondera dans le même sens, en se plaignant de l’exiguïté de son budget de fonctionnement et son manque d’autonomie financière.

Karim Tazi répondra à ces remarques, en annonçant l’accord conclu récemment entre l’AMITH et le CITEVE pour son installation au Maroc. C’est un centre leader en Europe, très actif dans la recherche technique, la mode et le développement des nouveaux produits. Le président des textiliens compte sur ce nouveau partenaire, pour enrichir l’offre marocaine, afin de la rendre capable de capter d’autres demandes internationales.

Karim Tazi tenait cependant à rappeler qu’il ne fallait pas dénigrer la simple sous-traitance, car il y existe encore des niches, où la demande est intacte et offre encore des marges intéressantes.

Le deuxième frein aux exportations concerne l’origine des intrants. En effet, l’UE conditionne sa franchise des droits de douane, à la non-utilisation des tissus asiatiques dans la fabrication maghrébine de vêtements. Ce n’est pas ce qu’elle exige d’autres pays bénéficiant d’une entrée inconditionnée de leurs produits, sur le sol européen (Cambodge, Laos, Vietnam, Pakistan,…etc.) 

Concernant ce dernier point, le ministre Elalamy a tout simplement avoué son ignorance et a promis de s’y pencher. Karim Tazi a alors annoncé que l’AMITH travaille sur ce sujet depuis longtemps, en collaboration avec sa consœur tunisienne, et qu’elle s’est dernièrement adjoint les services d’un bureau de conseil spécialisé, pour monter un dossier de défense solide, à faire valoir auprès des instances décisionnaires de l’Europe.
  

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