Al Hoceima: l’impasse?

ANALYSE. Depuis la manifestation de Rabat le dimanche 11 juin aux premiers jugements prononcés contre des manifestants du Hirak mardi et aux différentes tentatives de médiation, une situation de blocage semble s’installer sur le dossier d’Al Hoceima. On s’achemine vers la fin du mois sacré et les questions se posent au sujet de la manière dont la situation pourra aller vers l’apaisement.

Al Hoceima: l’impasse?

Le 19 juin 2017 à 18h31

Modifié 11 avril 2021 à 2h42

ANALYSE. Depuis la manifestation de Rabat le dimanche 11 juin aux premiers jugements prononcés contre des manifestants du Hirak mardi et aux différentes tentatives de médiation, une situation de blocage semble s’installer sur le dossier d’Al Hoceima. On s’achemine vers la fin du mois sacré et les questions se posent au sujet de la manière dont la situation pourra aller vers l’apaisement.

Aux manifestants de Rabat, Casablanca, Madrid, Bruxelles et Amsterdam qui réclament la libération des détenus, les autorités ne répondent par aucun signe montrant une volonté d’apaiser une situation qui s’enfonce de manière chronique dans la défiance mutuelle et les protestations de la rue.

Les interrogatoires au fond des détenus de Casablanca devaient commencer ce lundi, marquant ainsi la dernière étape de l’instruction. Les autorités judiciaires veulent-elles accélérer les procès? Toute réponse ne peut être que spéculation.

De son côté, le ministère de l’Intérieur a dénoncé la fabrication de vidéos et l’usage de photos qui ne concernent pas Al Hoceima mais qui sont d’origines diverses telles que l’Egypte, Gaza ou des actes de criminalité au Maroc. Il est possible que des procédures judiciaires soient engagées contre les auteurs de ces actes consistant à utiliser des informations ou illustrations fausses pour stigmatiser l’Etat et susciter l’indignation contre lui.

Il faut néanmoins rappeler que deux chaînes de télévision, Médi1 tv et Al Aoula, ont utilisé des images des débordements des supporters lors d’un fameux match Al Hoceima-WAC, pour illustrer un sujet sur les manifestations en cours dans la même ville.

Au cours de ces derniers jours, tant le président de la deuxième chambre Hakim Benchammach que l’historien Hassan Aourid ont appelé à l’apaisement et réclamé la libération des personnes arrêtés, plus de 120 au total.

 La conférence sur la situation à Al Hoceima tenue à Tanger vendredi 16 juin au siège de la région en présence du ministre de la justice Mohamed Aujjar et du ministre délégué à l’intérieur Noureddine Boutayeb a également recommandé la libération de toutes les personnes détenues et une réduction de la forte présence sécuritaire à Al Hoceima et dans sa région.

Intervenant vendredi dernier à Tanger un jeune  d’Al Hoceima a rappelé à l’audience présente que “nous sommes ici pour parler des personnes qui ne sont pas là, celles qui sont emprisonnées à Al Hoceima et à Casablanca“. Car là aussi, les manifestations se poursuivent à un rythme quotidien depuis la veille du mois de Ramadan soit près de 20 jours: A Al Hoceima, Imzouren ou El Aroui près de Nador, les soirées et parfois les après-midi sont faites de manifestations et d’échanges de projectiles et de gaz lacrymogènes entre manifestants et forces de l’ordre.

Les mères et les familles commencent elles aussi à manifester de plus en plus souvent dans les rues d’Al Hoceima.

Plus d’arrestations

Pour l’instant, les autorités répondent par un renforcement des contrôles d’identité dans les quartiers de la ville d’Al Hoceima afin de prévenir les rassemblements, des arrestations continues de journalistes et de militants et quelques actions sur le chapitre du développement avec quelques réponses sur les dossiers de la santé, de l’enseignement, de la pêche ou la distribution de l’eau potable.

Alors que la revendication de la libération des prisonniers politiques occupe désormais le devant de la scène, les premières revendications d’ordre économique et social du Hirak sont passées au second rang.

C’est notamment ce qu’ont rappelé les initiatives de médiation d’Al Moubadara ou de celui du collectif des 22 organisations de défense des droits de l’homme. Ce lundi 19 juin au soir, une nouvelle manifestation est convoquée tandis que le mouvement de protestation du Hirak entrera dans son neuvième mois au lendemain de l’Aid Al Fitr.

L’impasse constatée 20 jours après l’arrestation de Nasser Zefzafi, de Mohamed Jelloul et des autres militants vient notamment du fait que la libération de ces derniers devient une condition sine qua non d’une amorce de dialogue et que de l’autre côté, ces personnes ont notamment été arrêtées car les autorités contestent la légitimité de leur représentativité. Les deux camps se font face à face.

Deux camps face à face

La persistance de cette impasse, si elle se confirme, va enfermer de plus en plus Al Hoceima et sa région dans une position de défiance vis-à-vis d’un pouvoir central qui tente dans son discours d’intégrer les problèmes du Rif et les revendications du Hirak dans le champ plus vaste des problèmes de développement économique et social que connaissent d’autres régions du Maroc.

Cela ne peut être que mal perçu alors que le gouvernement vient d’annoncer la prochaine élaboration d’un programme de visites des différentes régions à problèmes du pays. Mais cela ne constitue pas une réponse aux revendications de la population d’Al Hoceima et du Rif qui manifestent depuis huit mois. C’est le type de réponse qui refuse aux populations du Rif leur spécificité sociale faite d’émigration et d’économie de la drogue, et leurs spécificités historiques et culturelles.

Qu’un gouvernement de coalition composé de six partis politiques n’arrive pas à formuler des réponses plus convaincantes aux revendications du Hirak révèle quelque chose de peu rassurant sur la classe politique marocaine. Le serpent se mord la queue.

Chacun conteste la légitimité de l’autre et pour l’instant, la seule solution envisagée pour mettre fin au détestable climat politique régnant semble être composée d’un étroit maillage sécuritaire autour d’Al Hoceima et d’Imzouren et de nouvelles arrestations chaque jour.

Bientôt, nous pourrions regretter tant d’indécision politique de la part d’un personnel politique manquant cruellement d’imagination et d’initiative.

Pourtant que ce soit de la part de certains politiques, d’ONG ou de Marocains d'Europe, ce ne sont pas les idées et les recommandations qui auront manqué au cours des derniers jours.

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