La vie professionnelle n’a pas été un long fleuve tranquille pour Habib Oualidi qui a quitté le Maroc à l’âge de 17 ans avec quelques centaines de francs pour seul viatique.

Après des études de communication et plusieurs jobs dans la publicité où il se fait remarquer, il est approché en 1994 par un groupe français qui lui demande de diriger sa filiale dénommée Kayak.

Emballé par la confiance de ce groupe de 10 sociétés, il déchantera quand il comprendra qu’on lui avait caché que Kayak était confronté à une crise financière avec une dette de 150.000 euros.

Peu rancunier, il remédiera au mauvais positionnement de la société qui s’éparpillait avec une pléthore d’activités (web agency, RP, publicité, design graphique, print …) pas toujours  lucratives.

La sortie du tunnel ne durera pas longtemps avec la perte d’un important client représentant pas moins de 40% du chiffre d’affaires. Entretemps, Habib Oualidi était devenu non seulement DG mais également actionnaire minoritaire de la société.

Combatif, le nouvel actionnaire de Kayak décide de ne plus compter sur le groupe et de se tourner vers la conception et la création. C’est ainsi qu’il arrive à décrocher un budget Leroy Merlin pour éditer pendant 3 ans un magazine en dix langues.

Au terme de ce délai, la société doit encore faire face à une traversée du désert avec la perte de deux gros clients (Leroy Merlin et Cristal d’Arques) qui représentaient 50% du chiffre d’affaires de Kayak.

Habib Oualidi change encore une fois son fusil d’épaule en décidant de soumissionner pour la première fois aux appels d’offres publics.

"J’ai tout misé sur un appel d’offres des transports urbains du Nord-Pas-de-Calais. Nous étions 19 agences en concurrence mais j’ai réussi à les convaincre au cours du dernier entretien en leur disant ceci: Kayak n’est ni Havas ni Publicis mais vous aussi vous n’êtes pas Paris, alors associons-nous pour leur montrer que l’on peut être aussi bons qu’eux voire bien meilleurs", s’amuse le communicant qui précise que si son discours n’avait pas porté, ça aurait été la fin de l’aventure Kayak.

En 2009, la société affronte une nouvelle crise quand elle quitte le giron du groupe qui lui assurait une certaine sécurité malgré les aléas commerciaux. Le manager, désormais unique actionnaire, prend alors le virage du web pour s’affranchir du print qui ne cessait de perdre des parts de marché.

Son équipe devient experte en web marketing et rebondit en proposant à ses futurs clients des packs multi-canal avec un plan de communication personnalisé en fonction de chaque problématique.

Dès la création de ce concept innovant, Kayak emporte le marché de "La Redoute" malgré la concurrence de plusieurs agences prestigieuses et même de son ancien groupe qui n’est pas retenu.

Une bouffée d’air frais qui durera jusqu’en 2011, avant de se retrouver de nouveau confronté à des difficultés financières dues à l’embauche de six experts dont seule la moitié s’avérera rentable.

Obligé de licencier trois personnes, Oualidi devra essayer de survivre et de se débattre avec ses impayés au fisc jusqu’en 2013 où il verra même ses comptes professionnels bloqués.

Malgré un pont en or offert par un chasseur de têtes pour prendre la tête d’une autre société et l’offre de deux repreneurs prêts à lui racheter son fonds de commerce (sans les employés de Kayak), le manager s’entête et décide d'intégrer le studio graphique Webold initié par deux jeunes talents, Quentin Fontaine et Alexandre Barreto.

Le pari est gagné et l'agence suscite l'intérêt des grands comptes. Les premiers à lui faire confiance sont  le Crédit Mutuel, la marque Auchan et le Crédit Agricole.

Après six crises, Kayak Communication peut enfin respirer et envisage l’avenir avec sérénité. Cette douloureuse mais édifiante expérience professionnelle est relatée dans le dernier livre de ce Marocain têtu qui est en passe de devenir une référence dans le monde français des affaires.

Dans "Kayak mon amour" publié chez Pomdam, l’auteur capitalise sur son expérience qui a permis d’extraire "50 leçons de vie pour entreprendre", qui ne s’apprennent pas en écoles de commerce.

Pour promouvoir son livre, Oualidi effectue un road show jusqu’en juillet dans des clubs d’affaires, émissions TV, grandes écoles, salons professionnels… (Voir conférence ci-dessous)