Sigmar Gabriel, un impulsif à la tête de la diplomatie allemande

Le 27 janvier 2017 à 8h27

Modifié 27 janvier 2017 à 8h27

Versatile, imprévisible, adepte du franc-parler: le social-démocrate Sigmar Gabriel, qui doit prendre ses fonctions vendredi 27 janvier à la tête de la diplomatie allemande, ne dispose à première vue d'aucune des qualités généralement requises pour la fonction.

"Dans mon prochain poste, je ne pourrai plus continuer comme ça, m'a dit (Frank-Walter) Steinmeier", futur chef d'Etat et ministre des Affaires étrangères sortant, a plaisanté jeudi Sigmar Gabriel devant le Parlement. "Il va falloir que je devienne plus diplomatique."

Sa disposition à garder son sang froid sera rapidement mise à l'épreuve, avec le lancement attendu au printemps des négociations sur le divorce entre l'Union européenne et la Grande-Bretagne ainsi que la mise en place d'une administration ultra-protectionniste aux Etats-Unis.

Il pourrait d'ailleurs retrouver dès la mi-février son futur homologue américain Rex Tillerson lors d'une réunion à Bonn du G20, dont l'Allemagne assure la présidence en 2017.

Gaffes

Jusqu'à présent, cet homme politique chevronné de 57 ans s'est plutôt distingué par la virulence de ses prises de position.

"Je m'attendais juste à ce qu'il désigne le Parlement 'd'assemblée des blablateurs' ou bien les autres partis de 'partis du système' (...) On aurait eu alors la rhétorique complète des années 20 contre la démocratie", avait-il lancé après le discours d'intronisation du nouveau président américain Donald Trump, tandis que la chancelière conservatrice Angela Merkel plaidait pour un travail constructif avec le nouveau locataire de la Maison Blanche.

Depuis 2013 ministre de l'Economie et vice-chancelier au sein du troisième gouvernement Merkel, celui qui est considéré comme un politique brillant et un grand orateur a certes accumulé une grande expérience des voyages internationaux.

Mais ce sont surtout ses gaffes qui sont restées dans les mémoires, à l'instar d'un déplacement -jugé hâtif- en Iran au mois de juillet 2015, juste après la signature de l'accord sur le nucléaire, qui avait provoqué l'irritation d'Israël et l'embarras de Berlin.

Ou encore en octobre, quand il a accusé, par voie de presse, la Chine de concurrence déloyale envers l'industrie allemande, juste avant de s'y rendre. L'accueil des autorités sur place fut glacial.

"Il est justifié de douter quelque peu du fait que Gabriel, qui ne s'est pas fait remarquer jusqu'ici par sa finesse diplomatique, soit la bonne personne" pour le poste, avançait récemment le quotidien conservateur Die Welt.

"Une colère presque indomptable"

Poursuivi par une impopularité chronique, Sigmar Gabriel a fini par renoncer à l'ambition de défier la chancelière conservatrice Angela Merkel aux élections générales du 24 septembre.

Mardi, il avait annoncé laisser cette tâche, de même que la direction du parti social-démocrate (SPD), à l'ancien président du Parlement européen Martin Schulz mieux placé selon les sondages pour inquiéter la chancelière.

En 2009, Gabriel avait pris les rênes d'un SPD en pleine traversée du désert suite aux réformes sociales impopulaires du chancelier Gerhard Schröder au début des années 2000.

L'ancien enseignant incarnait alors une réorientation du parti sur des valeurs progressistes. Au sein du gouvernement Merkel, il a notamment oeuvré à l'introduction d'un salaire minimum - une petite révolution en Allemagne - ou à l'amélioration des petites retraites.

Mais il n'a pas réussi à endiguer l'érosion du parti, aujourd'hui crédité d'intentions de votes autour de 20%. Une partie de son électorat est parti rejoindre la gauche radicale Die Linke, les Verts mais aussi les populistes de droite d'Alternative pour l'Allemagne (AfD), portés par la crise des migrants.

Issu d'un milieu modeste, élevé par sa mère infirmière, Sigmar Gabriel a entretenu des relations très compliquées avec son père, expulsé de Silésie et nazi convaincu jusqu'à sa mort.

Ce passé expliquerait en partie sa personnalité impulsive et versatile. En 2013, il confie à l'hebdomadaire Die Zeit avoir gardé de son enfance "une colère presque indomptable. Quand je ressens quelque chose comme étant injuste (...) alors je peux vraiment m'énerver".

Quand en août 2016, de jeunes extrémistes de droite l'accusent de détruire le pays et louent le patriotisme de son père, il réagit en leur adressant un doigt d'honneur.

Un geste jugé indigne d'un grand responsable politique. Invité à répondre aux critiques, il rétorque: "Je n'ai fait qu'une erreur, je n'ai pas utilisé les deux mains".

(Avec AFP)

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