Malgré les incitations, la voiture “verte” a du mal à démarrer au Maroc

La loi de Finances exonère de vignette les propriétaires des voitures hybrides et électriques au Maroc. Une mesure, parmi d'autres, pour encourager l'achat d’une voiture "verte". Mais les incitations restent faibles. Le marché ne démarre pas vraiment.

Malgré les incitations, la voiture “verte” a du mal à démarrer au Maroc

Le 25 janvier 2017 à 16h06

Modifié 25 janvier 2017 à 16h06

La loi de Finances exonère de vignette les propriétaires des voitures hybrides et électriques au Maroc. Une mesure, parmi d'autres, pour encourager l'achat d’une voiture "verte". Mais les incitations restent faibles. Le marché ne démarre pas vraiment.

Durant ce premier mois de l’année, les automobilistes sont tous préoccupés par le paiement de la vignette, sauf pour quelques cas bien précis. Parmi ceux-là, il y a les propriétaires de voitures dites "vertes".

L’Exécutif a, en effet, exonéré les propriétaires des véhicules hybrides et électriques du paiement de cette taxe annuelle, depuis le début de l’année 2017. À travers cette nouvelle loi de Finances, l'Etat a, manifestement, voulu apporter des mesures incitatives pour l’achat des voitures propres et essayer de faire démarrer un marché atone.

Annulation des droits de douane

"En plus de l’exonération de la vignette, la loi de Finances 2017 prévoit l’annulation des droits de douane à l’importation des voitures hybrides ou électriques pour les concessionnaires et les distributeurs locaux", détaille Saïd Mouline, directeur général de l’AMEE (Agence marocaine pour l'efficacité énergétique), anciennement l’ADEREE.

Il faut rappeler que les droits de douane à l’importation sont déjà nuls pour toutes les voitures en provenance d’Europe. La récente décision intégrée dans la loi de Finances ne s’appliquera donc que pour les véhicules hybrides et électriques qui sont importées d’Asie. "Le niveau de la taxe était assez élevé, 17,5%, et n’encourageait pas les distributeurs marocains à importer des voitures de ce type depuis l’Asie", estime Saïd Mouline.

Une mesure qui vaut son pesant d’or, parce que les marques asiatiques proposent une longue liste de modèles "propres". Toyota a été la première marque à tâter le terrain de l’hybride au Maroc. Le constructeur a mis sur le marché il y a près de 5 ans, le premier modèle hybride, la Prius III.

Depuis, d’autres séries ont été lancées. Actuellement, les Japonais de Toyota proposent trois modèles hybrides aux Marocains, à savoir la Prius 4,Yaris et le nouveau Rav4. Prochainement, la CHR Hybride arrivera sur le marché national.

Une offre abondante

Deux années plus tard, c’était au tour du constructeur français Renault de franchir le cap, en proposant une gamme de véhicules 100% électriques. Il s’agit de la Kangoo ZE, la Zoe et la petite Twizzy, des modèles actuellement disponibles à la vente au Maroc.

Pour faire jouer la concurrence et se placer sur cette petite niche, d’autres importateurs ont emprunté le même chemin et ont commencé à exposer leurs modèles.

Il y a l’exemple d’un constructeur asiatique, en l’occurrence Honda qui a dans son catalogue la Insight hybride. Nissan aussi avait sauté le pas, avant de se retirer, en proposant la Leaf Hybride. Le suédois Volvo a, quant à lui, voulu se démarquer en visant une population à travers son gros 4*4 hybride le XC90, en vente depuis quelques mois. L’offre des 4*4 en motorisation hybride s’est élargie quand Porsche a, elle aussi, exposé le luxueux Cayenne S en hybride.

Malgré cette offre visiblement abondante, commercialement parlant, c’est un échec jusqu’à présent. L’année 2014 demeure la meilleure en termes de ventes, le pic d’une centaine d’exemplaires avait été atteint.

L’année suivante s'est écoulée sous le signe de la baisse, avec une chute de 50% et on recense qu’une petite cinquantaine d’unités écoulées (dont 31 électriques et 19 hybrides). Le bilan de l’exercice 2016 est, quant à lui, en légère hausse avec 129 véhicules "verts" vendus à travers le Maroc (dont 53 électriques). C’était aussi l’année de la COP22, faut-il le rappeler.

Beaucoup reste à faire

Comparativement avec le reste du monde et les pays qui ont opté pour ce marché, le niveau des ventes au Maroc reste très petit, même s'il reste encore à ses débuts. L’automobiliste marocain n’est, semble-t-il, pas encore prêt à quitter le traditionnel moteur à explosion pour une alternative aussi propre soit-elle. Ce n’est pas seulement à cause de la technologie très pointue qu’intègrent ces véhicules.

La palette de mesures qui ont été pensées et mises en place par l’Exécutif vont-elles booster le marché? "Pas sûr que cela soit suffisant", répond Saïd Mouline. Et pour cause, il nous explique qu'il y a, d’un côté, la cherté des véhicules dont les prix varient entre 200.000 DH et presque 1 million de DH. Et d’un autre, c’est le manque d’infrastructures, et principalement pour les voitures électriques qui nécessitent un réseau de points de recharge. En plus de cela, les voitures électriques offrent une autonomie de batteries limitée, qui ne dépasse que rarement les 300 kilomètres."

Pour mieux comprendre, imaginez une vie avec très peu de stations services, et des réservoirs qui font 10 litres pour les voitures conventionnelles.

Dans les pays qui ont fait des voitures "vertes" une priorité, à l'instar de la Norvège, les Pays-Bas ou encore la Suède, la solution est passée, notamment, par des subventions publiques.

Il faut préparer tout l’écosystème pour faciliter l’acquisition. Cela va de l’établissement bancaire, jusqu’à la prime à la casse en passant par les aides étatiques. Toute une panoplie de mesures.

"Nous essayons d’avancer petit à petit, tout en observant l'évolution du marché et chaque année nous proposons des nouveautés. L'Etat a fait effort cette année avec la vignette et les droits de douane et après, s'il y a le besoin, nous agirons en conséquence", conclut Saïd Mouline.

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