Mardi 3 janvier vers 17H30, devant le siège du PJD. Une vingtaine de journalistes sont en attente de la réunion du secrétariat général du PJD. L’enjeu est la position du parti concernant la participation de l’Istiqlal au prochain gouvernement.

La précédente réunion avait eu lieu samedi 31 décembre. Abdelilah Benkirane avait alors déclaré qu’il fera connaître sa position après la session extraordinaire du parlement (Conseil national) de l’Istiqlal, tenue le même jour.

Samedi, dimanche, lundi: toujours rien.

Ce mardi donc, les Istiqlaliens sont suspendus à la décision du PJD qui réunit son secrétariat général. Les militants et sympathisants du PJD le sont également ainsi qu’une partie de l’opinion publique marocaine qui aimerait voir les tractations redémarrer.

A son arrivée au siège du PJD, Benkirane a le visage fermé. “Monsieur le Secrétaire général, une déclaration à la presse“, demandent des journalistes. “Non,“ répond-il.

Au bout de deux heures trente interminables, les premiers dirigeants commencent à quitter les lieux. Slimane El Omrani, secrétaire général adjoint, lit un communiqué dont personne ne comprend le contenu puisqu’il s’agit de généralités et de la réaffirmation de positions anciennes.

On y apprend seulement que le PJD salue et loue les positions de l’Istiqlal, que ce dernier veut faire partie de la majorité même s’il était écarté du gouvernement, et que le secrétariat général demande à Benkirane d’accélérer les consultations pour former le gouvernement.

Peu après, Benkirane quitte le siège du PJD et s’engouffre dans sa voiture en renvoyant les journalistes vers le communiqué.

Sur les réseaux sociaux, dans les pages du PJD ou proches de lui, le désarroi est patent. Le sujet du jour est le sens qu’il faut donner au communiqué. “Oui, l’Istiqlal est maintenu“, affirment les uns. “Non, l’Istiqlal est évincé“, expliquent les autres.

Bref, chacun fait la lecture qui l’arrange.

En réalité, l’Istiqlal est “out“. Mais Benkirane fera tout pour avoir une toute petite majorité gouvernementale, voire un gouvernement minoritaire, de sorte que le vote istiqlalien à la Chambre des représentants soit indispensable au fonctionnement de la majorité. En d’autres termes, que l’Istiqlal soit dans la majorité sans être dans le gouvernement.

Cela règle les problèmes d’égo du chef du gouvernement désigné et c’est pour cela qu’il a refusé d’affronter la presse. Mais cela ne règle ni les problèmes de Chabat, ni celui de tous ceux à qui ce dernier a promis des postes.