Comment le budget 2017 prépare un nouveau modèle économique au Maroc

Le Maroc entamera l’année 2017 sans loi de finances. L’Etat fonctionnera sur la base des décrets de dépenses et de recettes pris au cours du Conseil de gouvernement du 15 décembre 2016.

Comment le budget 2017 prépare un nouveau modèle économique au Maroc

Le 17 décembre 2016 à 10h33

Modifié 17 décembre 2016 à 10h33

Le Maroc entamera l’année 2017 sans loi de finances. L’Etat fonctionnera sur la base des décrets de dépenses et de recettes pris au cours du Conseil de gouvernement du 15 décembre 2016.

Les dépenses prévues dans ces décrets sont celles du projet de loi de finances 2017. Cela est valable également pour les investissements. C’est dire que l’année commencera sous le signe de la continuité, dans une large mesure, avec la politique du gouvernement sortant en matière économique.

Le prochain gouvernement pourrait maintenir le même projet de loi de finances et le faire adopter au cours des premiers mois de l’année. Comme il pourrait apporter sa propre touche. Mais quel que soit le scénario, il est essentiel de bien garder à l’esprit sur quelle lancée de stratégie économique se trouve le Maroc actuel.

C’est ce que nous expose ci-dessous, l’économiste Larabi Jaidi.

Un budget permet de porter un regard sur la pertinence des choix et arbitrages présentés par le gouvernement en matière budgétaire et fiscale à court terme. Il offre aussi et surtout un moment privilégié pour s’interroger sur la cohérence de ces choix avec la stratégie de développement suivie sur le moyen et le long termes.  

Il n'y a de véritable politique de développement que celle qui inscrit son action de court terme, dans une perspective de moyen et long termes.

A défaut de l’existence d’un Plan ou d’un Cadre de développement, le budget s’impose comme le document de référence de la programmation pluriannuelle des choix et projets de l’Etat, d’autant plus que le ministère des Finances, principal artisan de la configuration du budget, a appelé à un changement du modèle de croissance.  

Nouveau modèle de croissance

Le modèle de développement de ces dix dernières années a permis de réaliser des performances macro-économiques tirées par le comportement favorable de la demande intérieure et l’impact de réformes économiques et sociales.

Les différentes stratégies sectorielles ont permis à l’économie nationale de s’inscrire dans un schéma porteur d’une croissance soutenue.

Elle a fait preuve de résilience face à des chocs extérieurs ou exogènes. Elle reste exposée à des vulnérabilités liées à la volatilité de sa croissance, au déficit du contenu en emplois de la croissance, à l’efficience de l’investissement et à la persistance de fortes inégalités.

Ce schéma a néanmoins révélé un fort potentiel de progrès économique et social. Le nouveau modèle doit consolider les acquis, diversifier sa base productive en se spécialisant dans des activités à forte valeur ajoutée exportatrice, rattraper les gaps de développement humain, le développement de nouveaux relais de croissance, pour un développement durable et inclusif.

En quoi les choix budgétaires 2017 inaugurent-ils cette nouvelle configuration du modèle de développement? Deux grandes orientations impulsent une nouvelle dynamique:

-l’accélération de la transformation économique, axée sur le processus d’industrialisation

-la promotion des exportations et la réduction des disparités sociales et spatiales.

 

L’accélération de la transformation structurelle de l’économie nationale

 

Le premier volet de ce programme de transformation consiste en la mise en œuvre du Plan d’accélération industrielle. 

Son objectif est de faire gagner à l’industrie 10 points dans la structure du PIB, en faisant passer cette part de 14% à 23%.

Le budget 2017 mobilise la tranche annuelle du financement global de 20 MMDH au profit du Plan, à travers le Fonds de développement industriel et des investissements.

L’enveloppe est consacrée aux contrats de performance signées avec les fédérations sectorielles, les grands donneurs d’ordre (Renault, Peugeot, OCP) et à l’appui financier au profit du programme relatif à l’appui à la compétitivité de la TPME.

Aujourd’hui, pas moins de 52 écosystèmes industriels ont été lancés dans une démarche de partenariat public-privé.  Leur succès dépend du suivi rigoureux les mesures d’appui et les réformes nécessaires pour atteindre les objectifs de création de richesse et d’emplois.

En 2017, des ressources seront engagées dans la mobilisation du foncier industriel et la formation des besoins en compétences. 2017 verra une dynamisation du secteur à travers le renforcement des contrats de performance des écosystèmes actés (automobile, aéronautique, textiles, industries chimiques et parachimiques, industries de matériaux de construction) et l’accompagnement de l’installation des projets industriels d’envergure, tels que l’implantation de fournisseurs de Renault et de Boeing.

Mais le grand défi réside dans le renforcement de la complémentarité entre les différents maillons de chaque écosystème, pour garantir la remontée de la chaîne de valeur, l’intégration du tissu industriel, la collaboration entre les grandes entreprises et les PME.

Nouvelle stratégie du commerce extérieur

Dans le sillage du plan d’accélération industrielle figure la promotion des exportations. La nouvelle année verra une révision des programmes d’appui aux exportations dans le cadre d’une nouvelle stratégie du commerce extérieur.

Il faut souhaiter que cette nouvelle approche puisse intégrer le développement des échanges avec les secteurs productifs. Les plans d’action, notamment les programmes de contrat de croissance à l’export et d’audit à l’export tardent à monter en maturité.

Là aussi, la réussite dépend des efforts de rationalisation et de simplification des procédures de sélection des bénéficiaires, pour permettre d’élargir les effectifs des entreprises accédant à ces programmes.

Le deuxième volet du programme de transformation structurelle de l’économie concerne le développement de l’économie verte, pour la promotion des énergies vertes et la préservation de l’environnement, ainsi que la poursuite de la mise en œuvre des autres stratégies sectorielles.

Des programmes sectoriels (Energie, Plan Vert..) consolident leurs parcours en retenant des mesures d’ajustement. D’autres (Rawaj, Artisanat, Tourisme 2020) semblent connaître des difficultés pour atteindre leurs objectifs ou prendre leur véritable élan.

La nouveauté en 2017 se manifeste dans le Plan Maroc Digital, encore tout frais et qui prend la relève d’un Maroc numérique à l’échec patent.

Enfin, le troisième volet du programme consiste dans le renforcement des grands chantiers des infrastructures et de la logistique. Le manque de compétitivité des quelques secteurs économiques est en partie imputable à une faiblesse des gains de productivité des investissements publics dans les infrastructures, ce qui contraint les performances commerciales de l’économie ainsi que de la croissance. L’une des priorités est de connecter les pôles de production aux pôles de commercialisation et d’exportation et de permettre la mise en œuvre réussie des différentes stratégies sectorielles.

A l’analyse du profil du programme d’accélération de la transformation structurelle et du renforcement de la compétitivité de l’économie nationale, on observe que les actions et mesures de ces programmes ont surtout porté sur la mise en œuvre de dispositifs, pour assurer une plus grande efficacité dans les choix des projets sectoriels, voire même du déploiement de mécanismes de prise de décisions et de leur suivi.

Il reste enfin à mettre l’accent sur les points de convergence à construire, les leviers qu’il faudrait actionner pour assurer une plus grande coordination des stratégies et des politiques et à promouvoir la cohérence au service du développement. 

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