Mohammed VI, roi africain

La stratégie marocaine en Afrique renforce la position du Royaume dans le dossier du Sahara. Mais ce n’est pas son objectif premier. C’est une conséquence. Et c’est ce qui fait sa force.

Mohammed VI, roi africain

Le 6 novembre 2016 à 22h19

Modifié 6 novembre 2016 à 22h19

La stratégie marocaine en Afrique renforce la position du Royaume dans le dossier du Sahara. Mais ce n’est pas son objectif premier. C’est une conséquence. Et c’est ce qui fait sa force.

Cette politique a été entamée en l’an 2000, par un geste purement symbolique: l’annulation par le Maroc de toutes les dettes des pays africains à son égard.

Ce n’est que 16 ans plus tard, en 2016, que le Royaume a demandé son retour dans les cénacles panafricains. Entretemps, il a construit patiemment et pas à pas, une stratégie à long terme et pas de simples alliances de circonstance. La demande d’adhésion à l’UA a été déposée après cette patiente construction.

La stratégie marocaine a été portée par le Roi lui-même. C’est lui qui l’a voulue, qui l’a promue et qui l’a coachée.

Elle s’est orientée au départ vers une région qui apparaît comme son partenaire naturel: l’Afrique de l’ouest. Ensuite, l’Afrique centrale (Gabon, Guinée Equatoriale). Maintenant, elle se dirige vers l’Afrique de l’Est (Rwanda, Tanzanie, Ethiopie, Kenya) puis vers l’Afrique lusophone, l’Afrique anglophone et l’Afrique australe.

L’Afrique, une priorité pour le Maroc

Dans son message au sommet africain de Kigali en juillet dernier, le Roi a souligné: “Jamais l’Afrique n’a été autant au cœur de la politique étrangère et de l’action internationale du Maroc.

"Il a ainsi développé un modèle unique, authentique et tangible de coopération Sud-Sud, qui a permis, non seulement de consolider les domaines traditionnels de la formation et de l’assistance technique, mais également d’investir de nouveaux secteurs stratégiques, comme la sécurité alimentaire et le développement des infrastructures.
"Ce processus n’est pas prêt de s’arrêter. Il est irréversible“.

Les atouts marocains

Le Maroc a utilisé tous ses atouts et les a maximisés:

-l’économie, entre autres en mettant en avant les champions nationaux, en particulier dans la finance (banque et assurance), l’habitat, les télécoms. Mais pas seulement. Ainsi que les projets à caractère stratégique (transfert de savoir-faire pour réaliser le plan Gabon Vert) et social (adduction et distribution d’eau potable et d’électricité).

De 2004 à 2014, le Maroc a plus que quadruplé ses échanges commerciaux avec les pays du continent, passant de 1 MMDH à 4,4 MMDH.

Il est également devenu le deuxième investisseur en Afrique et a pour objectif de devenir le premier.

-OCP: la sécurité alimentaire africaine a besoin des phosphates du Maroc et de l’expertise d’OCP. Des projets et des JV ont été lancés et d’autres seront annoncés, parfois gigantesques.

-la sécurité: ce n’est pas un hasard si Abdellatif Hammouchi (DGSN, DGST) et Yassine Mansouri (DGED) effectuent des voyages en Afrique. L’objectif est la coopération sécuritaire, domaine dans lequel par les temps qui courent, l’expertise marocaine est recherchée.

-le champ religieux, la formation des imams.

Des relations Sud-Sud et un hub

L’une des options stratégiques intéressantes consiste à faire du Maroc un hub pour les relations économiques et les investissements des économies avancées sur le continent africain. Cette idée de hub est visible à travers le positionnement de la RAM, l’action d’OCP, le concept même de Tanger Med ou de Casablanca Finance City.

En 2016, on s’est rendu compte que cela peut aller beaucoup plus loin. Par exemple, les investissements chinois ou japonais.

Des relations humaines, des intérêts économiques, des idées

A partir de 2013, une idée forte est exprimée par le Roi: “L’Afrique doit faire confiance aux Africains“. El Moussaoui El Ajlaoui, professeur à l’Institut des études africaines (Université Mohammed V, Rabat), y voit une forme de continuité avec le discours du Roi Mohammed VI en 1961 à Casablanca. Mohammed V avait dit: “L’Afrique aux Africains“.

Brahim Fassi Fihri, président du think tank Amadeus, explique que l’on constate sur le continent un réel désir d’émancipation des anciennes puissances coloniales et de l’Occident en général. Le discours sur la coopération Sud-Sud, les critiques exprimées par le Roi au sujet des comportements et des politiques de puissances mondiales, trouvent donc écho.

Mohammed VI l’Africain

“Le Maroc est devenu un acteur continental. Cela est le fruit d’un long travail et d’une stratégie multidimensionnelle. L’action royale dans ce positionnement est décisive“, estime El Moussaoui El Ajlaoui.

“Le Roi Mohammed VI a développé la marque Maroc en Afrique et c’est une marque très demandée aujourd’hui“, ajoute B. Fassi Fihri.

"Je connais l’Afrique et ses cultures mieux que ne peuvent le prétendre beaucoup d’autres. De par mes multiples visites, je connais aussi la réalité du terrain et l’affirme en mesurant mes mots. Une réalité faite de défis quotidiens importants, de manque de ressources, mais également de dignité, d’histoires réussies et d’engagement citoyen.

"C’est pourquoi tous ceux qui dénigrent le Maroc font du tort, en fait, aux Africains eux-mêmes. La popularité du Royaume et sa dimension en Afrique, n’étant plus à démontrer, ni à prouver.

“Le Maroc sort de sa zone de confort“

Brahim Fassi Fihri analyse la récente tournée africaine du Chef de l’Etat: “En allant en Afrique de l’Est, c’est la première fois que le Maroc sort de cette zone de confort traditionnelle des pays amis de toujours en Afrique centrale et en Afrique de l‘Ouest“.

“La première partie de la tournée africaine (Rwanda et Tanzanie) a été un réel succès. Les deux déclarations conjointes apportent un soutien franc et direct au Maroc pour ce qui concerne la cause nationale.

“L’approche de ces pays est totalement différente par rapport à celle des partenaires traditionnels. Ils sont extrêmement pragmatiques, sont attentifs et ont sollicité le Maroc en matière de développement humain et de coopération économique.

“Dans les deux pays, une trentaine d’accords économiques ont été signés. Au Rwanda, plus de 150 millions de dollars d’investissements marocains sont annoncés. Les liens politiques s’intensifient, des ouvertures d’ambassades et de lignes aériennes ont été décidées“.

Nouvelle tournée africaine après la COP22

Le Roi doit reprendre sa tournée, notamment en se rendant en Ethiopie, siège de l’Union africaine et qui accueillera en janvier prochain, le sommet qui verra l’adhésion du Maroc.

Cette adhésion se décide à la majorité simple, au niveau de la commission africaine, dont la présidente ne cache pas son hostilité au Maroc.

Un séjour à Madagascar les 26 et 27 novembre dans le cadre du sommet de la francophonie est probable.

Le 16 novembre, au lendemain de l’ouverture du sommet des Chefs d’Etat de la COP22, il est également probable que le Roi Mohammed VI réunisse ses pairs africains présents dans la ville ocre pour un sommet informel et une coordination des positions africaines dans le cadre de la COP, car l’Afrique est le continent le plus vulnérable au réchauffement climatique.

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