Nouveau gouvernement: l’issue devient incertaine

COMMENTAIRE. Les tractations pour former le nouveau gouvernement prennent l’allure d’un face-à-face entre deux hommes à forte personnalité, mais au style différent, Benkirane et Akhannouch. Le processus semble bloqué. Petites remarques à chaud.  

Nouveau gouvernement: l’issue devient incertaine

Le 5 novembre 2016 à 18h30

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

COMMENTAIRE. Les tractations pour former le nouveau gouvernement prennent l’allure d’un face-à-face entre deux hommes à forte personnalité, mais au style différent, Benkirane et Akhannouch. Le processus semble bloqué. Petites remarques à chaud.  

>Dans une négociation, chacun essaie de maximiser son profit. Autrement dit, d’acheter le maximum avec sa mise, fût-elle très faible. Dans de grandes démocraties, on a vu un petit parti avec quelques sièges, faire basculer la majorité dans un sens ou dans un autre. Le poids relatif de chaque négociateur dépend autant du nombre de sièges qu’il représente que de sa capacité à nouer des alliances ou de la nature des combinaisons politiques.

>En marge des consultations, chaque parti essaie de passer des messages qui sont en fait des messages de négociation. C’est pourquoi les déclarations des partis doivent être prises avec circonspection. Lorsque Benkirane déclare: «Je suis prêt à constituer un gouvernement minoritaire», son message s’adresse aux Indépendants. Il dit en fait à Akhannouch: je n’ai pas besoin de vous, le prix que vous demandez est trop élevé.

>Aujourd’hui, il y a un bloc PJD-PPS-Istiqlal. Et en face, un bloc RNI-UC-MP. Ce regroupement en blocs est légitime, pour les uns comme pour les autres.

>Benkirane a fait passer à travers ses réseaux, le message suivant: «Akhannouch se comporte comme s’il voulait être associé dans la constitution du gouvernement», une sorte de vice-chef de gouvernement. Et ses relais ajoutent: «Le PJD ne cèdera pas au chantage». Chantage ou négociation?

>Jamais Akhannouch n'a été autant attaqué sur les réseaux sociaux (brigades proches du PJD et qui ne s'en cachent pas) et par certains journaux que depuis qu'il a pris la tête du RNI. Les attaques sont montées crescendo tout au long de la semaine, pour culminer ce samedi 5 novembre avec de la diffamation et des coups sous la ceinture.

>Le PJD envoie trois autres messages:

1-que le RNI s’oppose à la présence de l’Istiqlal. Médias 24 peut compléter cette affirmation, en annonçant que le MP exprime la même réserve. C’est ce que nous a déclaré un dirigeant du Mouvement populaire. La réserve, explique-t-il, ne porte pas sur le parti lui-même, mais sur Chabat, les péripéties de 2013 à 2016 ayant prouvé selon lui qu’il s’agit d’un homme politique imprévisible et parfois impulsif et excessif.

2-qu’Akhannouch s’est opposé au cours de sa rencontre avec le chef du gouvernement, tenue dimanche 30 octobre, à l’aide directe au profit des couches démunies. Le RNI a démenti cette accusation. Son programme électoral comporte d’ailleurs un volet social avec un élargissement des aides directes.

Selon nos sources, Akhannouch n’a pas demandé la suppression des aides accordées actuellement, mais il a demandé que pour les prochaines opérations, le ciblage soit aussi précis que possible, pour faire réellement bénéficier les couches démunies de l’aide directe de l’Etat. Il semble que le nouveau président du RNI se méfie d’un possible usage politique des mécanismes d’aide directe.

3-que l’USFP a subi des pressions énormes pour rester dans l’opposition et empêcher la constitution d’une coalition disposant de la majorité de 198 sièges. Dans l’édition de ce samedi 5 novembre du quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki, le premier secrétaire Driss Lachgar a démenti cette accusation et clarifié la position du parti. Il affirme avoir exprimé son accord de principe à Benkirane et que la position finale dépendra notamment du programme du gouvernement, de son architecture, de la composition des pôles et de l’identité des partis de la coalition.

>Laensar a rencontré Benkirane le vendredi 4 novembre. La rencontre a été "cordiale" selon nos sources. Mais la position du MP n'a pas changé: nous sommes prêts à entrer au gouvernement, mais nous devons coordonner avec nos partenaires stratégiques, notamment le RNI et tout dépendra également de l'offre de Benkirane si offre il y a, du programme et de l'architecture du gouvernement.

>Une source du MP répond au PJD du tac au tac: "le chef du gouvernement ne peut pas dire à chaque parti qu'il reçoit, nous sommes déjà trois avec le PPS et l'Istiqlal. Rejoignez-nous. Si le gouvernement est déjà aux trois quarts constitué, ce n'est plus de la négociation ou des consultations, ce sont des pressions, pour ne pas dire un chantage".

>Résister à Benkirane est présenté comme une sorte d’outrecuidance. Les fuites présentent les partis qui lui résistent comme des sortes de marionnettes téléguidées. 

>Au final, les fuites orientées sont en train de saper toute communication et toute confiance entre les différents partis. Surtout que les fuites proviennent d Benkirane lui-même puisque la rencontre avec Akhannouch s'est déroulée en tête-à-tête. Il faut un minimum de confiance pour siéger dans la même coalition. Il ne suffit pas d'arriver en tête des élections pour constituer un gouvernement. Il faut savoir négocier et constituer des alliances. Les accusations lancées sont tellement graves et selon le RNI, infondées, que toute avancée dans la constitution du gouvernement devient incertaine.

Alors, gouvernement minoritaire? On verra bien.

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