Réuni à huis-clos mardi soir à Rabat, les 20 membres du bureau politique de l'Istiqlal ont décidé de confier au secrétaire général du parti Hamid Chabat, à Hamdi Ould Rachid et à Mohamed Soussi la tâche de mener avec la direction du PJD de Abdelilah Benkirane les premières tractations en vue de la formation d'un nouveau gouvernement.

Médias 24 a pu apprendre que “les trois responsables sont dans un premier temps chargés d’écouter les propositions du PJD et de revenir ensuite auprès du bureau politique pour en débattre“.

Selon un responsable de l’Istiqlal, “notre participation dépendra de ce que l’on nous proposera en nombre de ministères, lesquels et avec qui on serait amener à gouverner parmi les autres partis“.

Le communiqué du comité exécutif n’évoque pas la participation mais cite les partis “issus du mouvement national“, allusion à la koutla, “qui ont mené une campagne électorale propre“.

La koutla est composée de l’Istiqlal, de l’USFP et du PPS. Interrogé sur le plateau d’Al Aoula dans le cadre d’un débat politique mardi soir, le porte-parole de l’Istiqlal a rappelé que le Conseil national du parti, au cours de son avant-dernière réunion, a recommandé un rapprochement avec les composantes de la koutla.

C’est l’ambition de Benkirane, qu’il n’avait pu concrétiser lors de la formation du gouvernement issu des élections de 2011: reconstituer la koutla sous sa houlette et bénéficier ainsi de la légitimité historique de ces partis.

Le communiqué du comité exécutif souligne également la nécessité d’une “autocritique“ au niveau de l’Istiqlal et se déclare conscient des changements qui ont affecté le paysage politique et le champ électoral depuis 2011. Il se déclare déterminé à préparer dès maintenant les élections de 2021.

Samedi dernier, au lendemain de la proclamation des résultats électoraux, Hamid Chabat s’était réuni avec les numéros 1 du PAM Ilyas El Omari et de l’USFP Driss Lachgar, au siège des socialistes à Rabat.

Pour ses consultations, le PJD consulte en premier lieu cette semaine ses partenaires de la coalition sortante, à savoir le RNI, le MP et le PPS.

PJD et PI ont déjà gouverné ensemble

L’Istiqlal avait participé au premier gouvernement de coalition mené par le PJD à partir de janvier 2012, avant d’en claquer la porte à l’automne 2013 et d’y être remplacé par le RNI. Pour le scrutin du 7 octobre, l’Istiqlal a tenté de récupérer une partie du vote conservateur religieux en soutenant des candidats salafistes notamment à Fès et à Tanger, en vain.

Aux législatives du 7 octobre dernier, l’Istiqlal a vu le nombre de ses députés passer de 61 à 46, arrivant toutefois malgré cette baisse à rester le troisième parti en nombre de sièges derrière le PJD (126) et le PAM (102). Le parti doit en outre tenir un congrès national, avec une possible élection d’un nouveau secrétaire général au cours des prochains mois. Un retour au gouvernement et une distribution de maroquins pourraient aider Chabat à se maintenir, selon des sources internes.

Dans un communiqué publié dans la soirée de mardi, l’Istiqlal a par ailleurs félicité le PJD pour ses résultats électoraux. L’Istiqlal a également dans son communiqué condamné les irrégularités survenues dans la conduite du scrutin de vendredi dernier, appelant de nouveau «à la constitution d’une instance indépendante de supervision des opérations électorales».