Les mauvais chiffres du chômage

Si l’on se focalise sur le taux de chômage de l’ensemble de la population (urbain et rural), il y a une stagnation de la situation, avec la légère baisse du taux de chômage de 8,7% en juin 2015 à 8,6% en juin 2016. Mais cette situation n’est qu’apparente.

Les mauvais chiffres du chômage

Le 7 août 2016 à 6h42

Modifié 11 avril 2021 à 1h04

Si l’on se focalise sur le taux de chômage de l’ensemble de la population (urbain et rural), il y a une stagnation de la situation, avec la légère baisse du taux de chômage de 8,7% en juin 2015 à 8,6% en juin 2016. Mais cette situation n’est qu’apparente.

En réalité, l’économie a perdu 26.000 emplois au cours de cette période de 12 mois et c’est la baisse du taux d’activité et de la population active qui a sauvé la situation.

La population active a baissé de 44.000 personnes, malgré l’accroissement de la population en âge d’activité (+1,5%). En 2007, le taux d’activité [part de la population qui travaille ou qui recherche un emploi] était de 52,1%. Au second trimestre 2016, il était de 47,2%, le taux le plus bas depuis 1999, malgré l’accroissement permanent du nombre de personnes en âge d’activité.

Le taux d’activité a ainsi continué à reculer et à apporter une amélioration cosmétique du taux de chômage.

Les quatre autres caractéristiques préoccupantes du chômage restent présentes et parfois s’aggravent:

-plus de huit chômeurs sur dix (80,3%) sont citadins, ce qui représente plus de 800.000 personnes au chômage dans les villes.

-près de 650.000 chômeurs sont âgés de 15 à 29 ans.

-plus de 300.000 chômeurs sont diplômés de l’enseignement supérieur.

-Le taux de sous-emploi, de son côté, est passé de 10,8% à 11,7% au niveau national.

Le seul indicateur qui est peut-être positif est la création de 38.000 postes dans le secteur dit “industrie et artisanat“, secteur qui en a créé seulement 14.000 l’année précédente et perdu 14.000 chaque année de 2012 à 2014. Si ces emplois sont réellement ou en majorité industriels, c’est peut-être un renversement de tendance.

Voyons les chiffres détaillés.

Pertes de 64.000 emplois en milieu rural

L’économie marocaine a perdu 26.000 postes d’emploi, contre une création annuelle moyenne de 74.000 au cours des trois dernières années.

Ce recul dans le volume de l’emploi est le résultat de la création de 38.000 postes en milieu urbain et de la perte, en raison de la mauvaise campagne agricole, de 64.000 emplois en milieu rural.

Le secteur de l'"agriculture, forêt et pêche" a perdu 175.000 postes d’emploi, alors que les "services" en ont créé 70.000, les BTP 41.000 et l’"industrie, y compris l’artisanat" 38.000 postes.

Ces emplois restent caractérisés en général par l’informel et la précarité, notamment dans le secteur des BTP et celui des "services", en particulier dans les branches des "services personnels et domestiques" (35.000 emplois) et du "commerce de détail hors magasin" (25.000 emplois).

Dans ces conditions, la population active en chômage est passée, entre les deux périodes, de 1.041.000 à 1.023.000 personnes, maintenant le taux de chômage en quasi-stagnation au niveau national avec 8,6%, au lieu de 8,7% une année auparavant.

En revanche, celui des jeunes âgés de 15 à 24 ans est passé de 20,5% à 21,5%, celui des femmes de 9% à 9,9% et le taux de chômage des lauréats des grandes écoles et instituts a augmenté à 9,1%.

Le taux de sous-emploi, de son côté, est passé de 10,8% à 11,7% au niveau national, de 9,7% à 10,5% en milieu urbain et de 12% à 12,5% en milieu rural.

Création d’emplois dans l’ensemble des secteurs,

à l’exception de l’"agriculture, forêt et pêche"

Avec un accroissement de 1,7%, le volume d’emploi dans le secteur des "services" s’est accru de 70.000 postes au niveau national, dont environ 35.000 par la branche des "services personnels et domestiques" et 25.000 par celle du "commerce de détail hors magasin", contre une création annuelle moyenne de 24.000 postes au cours des années 2013-2014 et de 66.000 en 2015.

Le secteur des BTP, après une création annuelle moyenne de 15.000 postes au cours des années 2014 et 2015, enregistre une amélioration dans sa performance, en créant 41.000 emplois cette année, ce qui correspond à une hausse de 4% du volume d’emploi du secteur.

De son côté, le secteur de l’"industrie", qui comprend aussi l’artisanat, a créé 38.000 postes d’emploi, ce qui correspond à une hausse de 3,1% du volume d’emploi du secteur, contre une création de 14.000 postes l’année dernière et une perte annuelle moyenne de 4.000 postes durant la période 2012-2014.

Ces nouveaux postes d’emploi sont principalement le fait de la création de 18.000 emplois par la branche des "industries alimentaires et de boissons" et 15.000 emplois par celle du "travail du bois et fabrication d'articles en bois"; ce qui s’expliquerait au niveau de cette branche, entre autres, par la relative reprise de l’activité dans le secteur des BTP.

En revanche, après une création exceptionnelle de 136.000 postes en 2013, le secteur de l’"agriculture, forêt et pêche" a enregistré des pertes de 7.000 postes et de 58.000 postes au cours des années 2014 et 2015, puis en raison de la forte sécheresse qui a sévi au Maroc, ce secteur a perdu 175.000 emplois cette année, ce qui correspond à une baisse de 4% du volume d’emploi du secteur.

Le chômage des jeunes urbains continue à grimper

Avec une baisse de 18.000 personnes, 36.000 en moins en milieu urbain et 18.000 en plus en milieu rural, la population active en chômage est passée, entre le deuxième trimestre de l’année 2015 et celui de 2016, de 1.041.000 à 1.023.000 chômeurs, enregistrant une baisse de 1,7% au niveau national.

Le taux de chômage est ainsi passé, entre les deux périodes, de 8,7% à 8,6% au niveau national, de 13,4% à 12,8% en milieu urbain et de 3,3% à 3,7% en milieu  rural.

Les baisses les plus importantes du taux de chômage ont été relevées parmi les personnes ayant un diplôme (-0,7 point) et les adultes âgés de 35 à 44 ans (-0,5 point).

Le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a, toutefois, enregistré une hausse de 1 point au niveau national, 0,2 point en milieu urbain et 1,8 point en milieu rural.

Le chômage demeure en particulier élevé parmi les diplômés et les jeunes âgés de 15 à 24 ans.

C’est ainsi qu’au deuxième trimestre 2016, le taux de chômage était de 3,7% parmi les personnes sans diplôme, de 12,9% parmi ceux ayant un diplôme de niveau moyen, au niveau desquels il a enregistré 18,2% parmi les actifs ayant un certificat de qualification professionnelle et de 20,4% parmi les detenteurs d’un diplôme de niveau supérieur, avec en particulier un taux de 23,3% pour les lauréats des facultés.

Il était de 21,5% parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans et de 38,8% parmi les citadins d’entre eux, contre 8,6% pour l’ensemble des personnes âgées de 15 ans et plus.

La population active en chômage intègre également les personnes découragées par la recherche active d’emploi. Au deuxième trimestre 2016, leur effectif a atteint 68.000 personnes, ce qui correspond à 6,6% du volume global du chômage, contre 5,1% une année auparavant. Ils sont à 86,3% citadins et à 54,5% masculins. 

Le sous emploi

Le volume des actifs occupés en situation de sous emploi a augmenté, entre les deux périodes, de 1.182.000 à 1.263.000 personnes au niveau national, de 539.000 à 590.000 personnes dans les villes et de 643.000 à 680.000 dans les campagnes. Le taux de sous emploi est ainsi passé de 10,8% à 11,7% au niveau national, de 9,7% à 10,5% dans les villes et de 12% à 12,5% dans les campagnes.

Au niveau national, le taux de sous emploi des hommes (13,6%) représente plus que le double de celui des femmes (5,9%). En milieu urbain, ce  taux (10,7%) est presque égal à celui des femmes (9,7%), alors qu’en milieu rural, il est environ cinq fois plus important, soit respectivement 17,4% et 3,5%.

Par ailleurs, ce phénomène est plus répandu, aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, au niveau des secteurs des BTP et de l’"agriculture, forêt et pêche" où il affecte respectivement 17,1% et 12% des actifs occupés au niveau national.

Source: enquête nationale sur l'emploi, Haut-commissariat au plan (Direction de la statistique)

 

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