Turquie: Erdogan annonce l'état d'urgence et intensifie la purge

Le président turc a annoncé tard mercredi 20 juillet l'instauration de l'état d'urgence pour trois mois. Il a déclaré que "d'autres pays pourraient être impliqués" dans la tentative de coup d'Etat qui s'est déroulée dans la nuit de vendredi à samedi en Turquie.

Turquie: Erdogan annonce l'état d'urgence et intensifie la purge

Le 21 juillet 2016 à 10h06

Modifié le 21 juillet 2016 à 10h06

Le président turc a annoncé tard mercredi 20 juillet l'instauration de l'état d'urgence pour trois mois. Il a déclaré que "d'autres pays pourraient être impliqués" dans la tentative de coup d'Etat qui s'est déroulée dans la nuit de vendredi à samedi en Turquie.

Arrestations, suspensions, limogeages... Le coup de balai touche 55.000 personnes, notamment dans l'enseignement, la police, la justice, l'armée et les médias. Cette vigoureuse riposte a de nouveau suscité l'inquiétude à l'étranger, sans que celle-ci ébranle la détermination du chef de l'Etat turc.

S'il s'est engagé à ne faire "aucun compromis" sur la démocratie, Recep Tayyip Erdogan a annoncé dans une allocution dans la soirée "l'instauration de l'état d'urgence pour une durée de trois mois". Il a de nouveau rappelé mercredi que la France était elle aussi sous le régime de l'état d'urgence.

L'état d'urgence permet notamment de décréter le couvre-feu, de restreindre le droit de manifester ou la liberté de circulation dans certains secteurs identifiés.

Cette décision a été annoncée à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité nationale et d'un conseil des ministres à Ankara, où le président est retourné mardi soir pour la première fois depuis le putsch avorté.

D'autres pays impliqués 

Une mesure "nécessaire pour éradiquer rapidement tous les éléments de l'organisation terroriste impliquée dans la tentative de coup d'Etat", a ajouté M. Erdogan dans une allusion au prédicateur vivant en exil aux Etats-Unis Fethullah Gülen dont il réclame l'extradition.

Sans les citer, le président turc s'est dit convaincu que "d'autres pays pourraient être impliqués" dans ce putsch qui "n'est peut-être pas fini".

Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, a déploré que "presque quotidiennement, de nouvelles mesures sont prises qui sont contraires à un mode d'action respectant l'Etat de droit".

Cette mise en garde fait écho à celle formulée dès dimanche par le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, à qui le président turc a demandé mercredi de "se mêler de ses affaires".

M. Erdogan a toutefois reçu le soutien du secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a refusé de "commenter" les purges opérées par Ankara.

La tentative de prise du pouvoir par des militaires, dans la nuit de vendredi à samedi, a fait plus de 300 morts et semé le chaos, notamment à Ankara, où le Parlement et le siège de la police ont été bombardés par les mutins.

Cinq jours après ce coup le plus dur porté au règne de 13 ans de M. Erdogan sur la vie politique turque, environ 55.000 personnes ont été suspendues de leurs fonctions ou limogées, ressort-il du comptage de l'AFP à partir des chiffres officiels et des médias turcs.

Plus de 9.000 suspects ont été placés en garde à vue ou arrêtés, sans que l'on sache s'ils étaient comptabilisés parmi les quelque 55.000 cibles des purges.

Selon l'agence de presse pro-gouvernementale Anadolu, 99 généraux et amiraux ont été placés en détention provisoire en attente de leur procès. L'aide de camp de M. Erdogan, Ali Yacizi, est lui aussi détenu.

Un nouveau bilan officiel des événements sanglants du putsch a fait état de 312 morts, dont 145 civils, 60 policiers et trois soldats. 104 rebelles ont été tués.

L'état d'urgence n'est pas la seule mesure décidée mercredi. Le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK) a ainsi interdit, jusqu'à nouvel ordre, toutes les missions à l'étranger des universitaires, a rapporté Anadolu.

Les partisans d'Erdogan dans la rue

Mercredi, l'armée de l'air a de nouveau frappé des positions en Irak des rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), signifiant à qui pouvait en douter que M. Erdogan avait repris le contrôle absolu de l'armée de l'air.

Si l'identité des responsables du putsch reste floue, l'armée de l'air est soupçonnée d'avoir joué un rôle central. Son ex-chef, le général Akin Oztürk, se trouve derrière les barreaux.

Ces événements ont apparemment galvanisé M. Erdogan, omniprésent auprès des foules, qui sont de nouveau descendues dans les rues mercredi, pour la cinquième soirée consécutive. Il a appelé ses sympathisants à rester mobilisés dans les grandes villes comme son fief politique d'Istanbul, Ankara et Izmir (ouest).

Le président était arrivé mardi soir dans la capitale, où il a reçu, pour la première fois depuis le coup d'Etat avorté, un dirigeant étranger, le Premier ministre géorgien Guiorgui Kvirikachvili. Signe que la vie reprenait son cours.

Mais mardi, les autorités avaient demandé la démission de plus de 1.500 doyens d'université et suspendu 21.738 employés du ministère de l'Education soupçonnés d'être liés à M. Gülen, qui a formellement démenti toute implication dans la tentative de putsch. Une vingtaine de médias audiovisuels ont perdu leur licence.

Illustration de l'inquiétude, l'agence de notation SP Global Ratings a annoncé mercredi avoir abaissé d'un cran la note souveraine (BB au lieu de BB+) de la Turquie.

(Avec AFP)

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