Mohamed Chrourou (PAM): “J'ai démissionné car j'ai échoué”

Calculé ou sincère, le geste de Mohamed Chrourou, député PAM ayant présenté sa démission en direct, mardi 26 avril au Parlement, a en tout cas fait sensation. Médias 24  l'a contacté. 

Mohamed Chrourou (PAM): “J'ai démissionné car j'ai échoué”

Le 28 avril 2016 à 16h08

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Calculé ou sincère, le geste de Mohamed Chrourou, député PAM ayant présenté sa démission en direct, mardi 26 avril au Parlement, a en tout cas fait sensation. Médias 24  l'a contacté. 

Mardi 26 avril, Mohamed Chrourou, député du PAM, investit l'estrade du Parlement. C'est la séance des questions orales. Il se lance dans une diatribe contre le gouvernement, à qui il reproche la marginalisation dans le domaine de la santé dont souffre Oulmès, circonscription qu'il représente.

Bref, le PAMiste est dans l'opposition. Il joue son rôle d'opposant. Rien de bien spécial.

Seulement, à la fin de son discours, il sort un papier de sa veste et le remet au président de la Chambre des représentants, juste après avoir annoncé sa démission. Devant des ministres aux sourires moqueurs et sous les applaudissements des députés de l'opposition, il quitte la salle.

Un cas rare au Maroc, où les parlementaires sont plutôt démis que démissionnaires. Prise de court, une partie de l'opinion publique salue "le courage" de M.Chrourou, alors qu'une autre partie en suspecte l'opportunisme, voyant dans le timing de la démission une campagne électorale avant l'heure.

Contacté par Médias 24, l'intéressé nous a livré les raisons de sa démission. "L'hôpital régional de Oulmès a été inauguré en 1997. Depuis, il fonctionne en tant que simple centre de santé. Je n'ai pas cessé d'interpeller le ministre de la Santé et son prédécesseur sur la nécessité de renforcer ses ressources humaines. Vainement."

Deuxième raison: "L'accident tragique qui a provoqué la mort de six femmes et fait 14 blessées, dont certains grièvement. Aucun membre du gouvernement n'a exprimé ses condoléances, ni même montré le moindre signe d'intérêt. Les victimes sont toutes des femmes, pourquoi le ministère de la femme n'a-t-il pas réagi? Le drame est passé inaperçu. Les habitants d'Oulmès, y compris moi-même, l'ont vécu comme une injustice (hogra)". C'est la goutte qui a fait déborder le vase, selon ses dires.

"A Oulmès, le PJD ne dispose d'aucun siège. Avec tout mon respect pour ce parti, il n'agit en faveur des populations que dans les zones où ces dernières ont voté pour lui".

Le lendemain de sa démission, les partisans du PJD, parmi lesquels Mohamed Yatim, ont fait circuler un article qui date de 2013. Cet article rapporte que M. Chrourou avait été contesté par les habitants d'Oulmès qui, à l'époque déjà, lui reprochaient ses absences prolongées qui empêchaient la réalisation d'un certain nombre de projets.

Le désormais ex-parlementaire réfute: "Les habitants de Oulmès n'ont jamais exigé ma démission. Mais ils m'ont investi d'une lourde responsabilité. Et à raison, puisqu'ils m'ont élu. J'ai démissionné car je n'ai pas pu régler le problème de l'hopital. J'ai échoué, je le reconnais et mes électeurs me le reprochent. Même si je ne suis pas le seul responsable, les ministres concernés le sont tout autant. Qu'ils démissionnent, eux aussi."

Lors de la séance de questions orales, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, n'avait pas manqué de critiquer le démissionnaire. Et pas de la manière la plus courtoise: "Ne faites pas comme celui-là qui vient déposer sa démission cinq mois avant la fin du mandat", a-t-il lancé.

Pour M. Chrourou, la formule "celui là" traduit le manque de considération pour l'institution législative. "Je respecte le chef du gouvernement, mais je trouve regrettable qu'il se soit exprimé à mon égard en utilisant ce terme. Je suis un représentant de la nation. S'il me manque de respect, c'est à la nation qu'il manque de respect."

"Quand tu le touches à un point sensible, M. Benkirane profère parfois des paroles irresponsables. Mais moi, je n'ai fait qu'exposer des faits, en toute objectivité, sans aucune surenchère."

"Ma démission est définitive. Elle émane d'une conviction. On dit que si j'étais dans la majorité, je n'aurais pas abandonné mon poste de député. C'est faux. Que mon parti soit dans la majorité, voire dans le gouvernement,  j'aurais agi de la même manière", conclut-il, se disant même soulagé d'avoir claqué la porte du Parlement. 

Mohamed Chrourou a rallié la Chambre des représentants en 2007. A l'époque, il faisait partie des 36 députés issus du "Mouvement de tous les démocrates", qui donnera lieu en 2008 à la création du PAM.  

Son siège sera désormais vacant. Sa démission devra, dans les prochains jours, être déclarée et constatée par la Cour constitutionnelle à la requête du bureau de la Chambre des représentants, présidé par Rachid Talbi Alami. La loi organique relative à la Chambre des représentants indique les modalités de remplacement du député démissionnaire (article 90).

Ainsi, dans le cas d'une déclaration de démission d’un représentant pour quelque cause que ce soit, il est remplacé par le candidat venant immédiatement après lui sur la même liste de candidatures concernée.

Le remplaçant est appelé par décision de l’autorité chargée de recevoir les déclarations de candidature à occuper le siège vacant. Dans ce cas, cette autorité doit s’assurer, au préalable, que le candidat appelé à occuper le siège vacant continue à remplir les conditions d’éligibilité requises pour être membre de la Chambre des représentants.

"La décision de remplacement doit être prise dans un délai n’excédant pas trois mois, à compter de la date de publication au «Bulletin officiel» de la décision de la Cour constitutionnelle de l’annulation partielle de l’élection et de la constatation de la vacance du siège".

Nous sommes à cinq mois de la fin de l'actuel mandat législatif…

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