Marché de gros de Casablanca, les raisons du bras-de-fer avec la Commune

Quand la société de développement local, Casa Prestations, a pris ses fonctions en juillet 2015, elle savait exactement ce qui l’attendait. La modernisation du marché de gros n’est pas une mince affaire, d’autant plus qu’elle suppose un resserrement des conditions d’accès, un pesage précis, un contrôle rigoureux à l’entrée…

Marché de gros de Casablanca, les raisons du bras-de-fer avec la Commune

Le 9 mars 2016 à 19h43

Modifié 9 mars 2016 à 19h43

Quand la société de développement local, Casa Prestations, a pris ses fonctions en juillet 2015, elle savait exactement ce qui l’attendait. La modernisation du marché de gros n’est pas une mince affaire, d’autant plus qu’elle suppose un resserrement des conditions d’accès, un pesage précis, un contrôle rigoureux à l’entrée…

Lundi 7 mars, le marché de gros des fruits et légumes de Casablanca a été bloqué par les commerçants. Ce jour-là, aucun camion ne pouvait y pénétrer, provoquant une paralysie totale de la halle et une inquiétude du côté de la Commune.

Il faut savoir qu’une telle paralysie ne signifie pas uniquement une interruption de l’approvisionnement de Casablanca et de sa région, mais implique aussi un manque à gagner pour la Commune, qui perçoit des taxes sur le chiffre d’affaires réalisé par le marché, fixées à hauteur de 6%.

"Il s’agit d’un incident dont nous avons tiré les enseignements. D’ailleurs, des réunions de concertation auront lieu prochainement entre la Commune, Casa Prestations et les commerçants", déclare à Medias24, Ahmed Benboujida, président de la Commission des équipements publics et des services à la Ville de Casablanca. Et d’ajouter, «les commerçants doivent savoir que Casa prestations n’a pas de pouvoir décisionnel. C’est un organe de conseil, qui collecte les recettes pour le compte de la ville».

En contrepartie, Casa Prestations perçoit annuellement quelque 10 MDH, dédiés notamment aux charges d’exploitation et à celles découlant de la réalisation d’études….

Au sein du marché de gros, on reproche à la société de développement local, Casa Prestations, d’avoir augmenté les prix de référence, sur lesquels sont appliquées les taxes. «Elle n’a eu de cesse d’augmenter les prix depuis quelques mois. C’est inadmissible», déclare à Medias24, Khalid Abdelkrim, SG du bureau syndical du marché de gros de Casablanca.

En parlant de prix, notre source ne fait évidemment pas référence aux prix de vente, fixés par la loi de l’offre et de la demande, mais des prix qui sont retenus comme base pour le calcul de la taxe dont doivent s’acquitter les intervenants au sein du marché.

«Nous n’avons pas augmenté les prix. Tout ce que nous avons fait, c’est de renforcer le contrôle et c’est notre rôle», nous déclare Mohamed Elmâaroufi, en charge du dossier du marché de gros à Casa Prestations. Il poursuit: «Une commission des prix se réunit deux fois par semaine, lundi et jeudi. Elle établit une liste de prix par produit, sur la base de laquelle va être déterminé le montant des taxes. Si on se réfère au règlement interne du marché de gros, ces listes doivent correspondre à une moyenne de prix de vente sur le marché. Mais pour ne pas provoquer des résistances, nous retenons des prix légèrement en deçà des prix minima constatés par nos équipes. Ces dernières sillonnent le marché pour en prendre le pouls».

La commission des prix se compose de représentants de Casa Prestations et d’un représentant des commerçants, un des mandataires et un des producteurs, tous les trois ayant accès au marché de gros.

«Au lieu de se réunir en petit comité, nous nous retrouvons à 60 personnes, voire plus, c’est la cacophonie. Il y a un réel problème de représentativité. Tout le monde veut prendre la parole et imposer les prix les plus bas possibles», souligne M. Elmâaroufi.

Avant l’arrivée de Casa Prestations, les prix étaient déclaratifs.  Cela engendrait un manque à gagner pour la Ville, qui compte revaloriser ses recettes en mettant en place de nouvelles procédures. D’ailleurs, parmi les engagements de Casa Prestations, il y a celui daugmenter les recettes de 50% à l’horizon 2021.

«Durant la période 2011-2014, les recettes fiscales de la commune en provenance de la halle ont baissé de 19%. En 2015, elles sont passées à 126 MDH, contre 110 MDH durant l’exercice précédent», avance Mohamed Elmâaroufi. Ces recettes proviennent de taxes appliquées aux magasins (6%) et aux carreaux (7%).

Pour booster les recettes, la SDL a aussi renforcé le contrôle à l’entrée. En février 2016, Casa prestations a équipé la halle d’un système de vidéo-surveillance. 60 caméras ont été installées, raccordées directement aux services de police et des forces auxiliaires.  Ce projet a mobilisé un investissement de 800.000 DH. «Il va assurer aussi bien la sécurité que la transparence. Nous savons désormais avec précision qui entre dans le marché et ce qu’il transporte comme marchandise», précise notre source.

Pour leur part, les ponts -bascules ont été certifiés par le ministère de l’Industrie et du commerce. Tous les camions qui accèdent au marché passent d’abord par l’étape pesage, qui donne des indicateurs précis sur le poids de la marchandise transportée.

Mais le marché de gros, ce n’est pas seulement une gestion opaque, mais c’est aussi une organisation, qui laisse à désirer.

Créé en 1986, il y a donc trente ans, le marché de gros est régi par un règlement interne, qui accorde des agréments à des mandataires. Au nombre de 39, ils perçoivent 7% sur les transactions réalisées au niveau des carreaux, qui désignent le vrac, par opposition aux magasins, gardent 1% pour eux et versent les 6% restants à la commune.  

Ce même règlement interne fixe leur mandat à trois ans. Or, les mêmes mandataires occupent le marché depuis…. 1986, date du dernier concours.

C'est un chantier sur lequel Casa Prestations devra aussi se pencher.

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