Toutefois, Saadeddine El Othmani pense que sa désignation n’arrangera pas les relations entre leurs deux partis. 

Depuis qu’il a pris la tête du PAM, les langues commencent à se délier sur la personnalité de cet homme de l’ombre, qui risque de jouer les premiers rôles politiques dans le futur. Interrogés par Médias 24, tous les dirigeants de ce parti font preuve d’unanimité de circonstance autour de leur nouveau patron et sont même dithyrambiques à son égard.

Milouda Hazib, qui dirige le groupe parlementaire du PAM, déclare que son parti ne pouvait trouver meilleur candidat qu'Ilyas El Omari pour préparer l’alternance politique du pays. "C’est un militant de la première heure, sincère dans ses choix, car quand il a quelque chose à dire, il le fait, quitte à déplaire. Ses capacités intellectuelles font qu’il arrive à rallier à sa cause les plus sceptiques, car il est déterminé et convaincu par les propos qu’il avance."

"Il a une capacité de travail redoutable, car il ne se fatigue jamais, c’est une pile électrique inusable. Quand il commence une journée, il travaille sans arrêt et sans pause déjeuner."

Selon Milouda Hazib, même quand il œuvrait dans l’ombre de Mustapha Bakkoury, il ne s’économisait pas, mais devenu numéro 1, il transmettra son dynamisme au parti et à tout le champ politique. "Il va changer dans le bon sens nos relations partisanes, car il sait se montrer convaincant et souple avec ses interlocuteurs. Maintenant qu’il est au devant de la scène, le PJD qui était insultant à son égard, n’aura d’autre choix que de réviser son jugement de valeur infondé."

"Charismatique"

Notre interlocutrice poursuit que cela ne veut pas dire qu’il y aura un rapprochement du PAM avec le PJD,  car une telle décision appartient à toute la direction du parti et pas à son seul secrétaire général. "Comme l’ont fait avant lui, Bakkoury, Biadillah et Bennadi, Ilyas apportera une valeur ajoutée, mais lui ajoutera un vrai plus, car le PAM est à une étape charnière avant les futures législatives."

Mehdi Bensaïd, président de la commission des affaires étrangères, va plus loin, en déclarant qu’au-delà d’avoir été élu secrétaire général, Ilyas El Omari rassemble ses troupes car il a l’étoffe des grands leaders charismatiques d’antan, comme Mehdi Ben Barka de l’UNFP.

"Sa personne arrive à rassembler les deux générations qui constituent l’ossature de notre parti, la relève représentée par Fatim Zahra Mansouri et les fondateurs, comme Khadija Rouissi ou Ali Belhaj. Contrairement à l’USFP, il n’a pas fait l’erreur d’abandonner la génération des Ali Bouabid, qui ne se reconnaissaient plus dans la direction de leur parti."

Le député pense que si l’ancien secrétaire général Bakkoury a su structurer avec discrétion son parti en doublant son électorat aux dernières élections, son successeur va amplifier cette dynamique, grâce à sa personnalité charismatique.

"Sans Benkirane, le PJD ne serait pas au pouvoir, mais il n’aurait pas pu y arriver s’il n’était pas structuré. Avec Ilyas, nous nous inscrirons dans une structuration croissante de notre parti, pour aller beaucoup plus loin et essayer d’arriver 1ers au prochain scrutin législatif."

Le député Abderrahim Atmoun se joint à l’unanimité ambiante pour saluer l’élection du seul homme capable de prendre la tête du PAM à la veille des élections législatives. "Ilyas El Omari peut nous conduire à la tête du prochain gouvernement, car c’est un bosseur qui travaille 7 jours sur 7 et presque 24/24. C’est un homme de dossiers et de réseaux, qui a une mémoire photographique, lui permettant de se rappeler même des militants croisés au fin fond de la campagne."

"Trop tôt pour spéculer"

Du côté de l’Union constitutionnelle, le secrétaire général Mohamed Sajid pense que le PAM a contrairement à d’autres partis (PJD, PI) eu le courage de tenir son congrès dans les délais impartis, malgré les contraintes des échéances électorales. "Il est trop tôt pour spéculer sur la victoire du PAM aux prochaines législatives, mais nous avons besoin de partis structurés pour crédibiliser l’action politique à travers un discours réaliste. Honnêtement, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas avec son nouveau secrétaire général."

Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, présent au congrès du PAM, n’a pas été en mesure de nous donner sa réaction, car il se trouvait dans un avion, mais son collègue du PJD, Saadedinne El Othmani, s’est montré très réservé sur l’élection d’El Omari.

Le président du Conseil national du PJD a affirmé que cette élection n’aura aucune incidence sur le parti de la lampe et qu’elle ne changera pas sa donne électorale. "L’éventualité d’une alliance entre nos deux partis n’a pas été discutée et elle n’est toujours pas d’actualité au PJD. Avec Ilyas El Omari, les choses ne risquent pas de s’arranger, car nos relations deviendront plus compliquées qu’elles ne l’étaient déjà avec Mustapha Bakkoury."

Le numéro 2 du PJD conclut que son parti n’a rien contre le PAM, mais que son nouveau patron a toujours fait preuve d’un discours hostile, qui ne participe pas à une éventuelle normalisation entre eux. "Si El Omari change de ton, le PJD pourrait peut-être réfléchir à un éventuel rapprochement." 

Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, s’est contenté quant à lui d’un lapidaire "Félicitations et bon vent au secrétaire général El Omari".