Festival d’Essaouira: Béni soit Kenny
Le festival des musiques du monde s’est achevé avec la prestation d’un des meilleurs musiciens de jazz au monde. Kenny Garret n’a pas failli à sa réputation de John Coltrane des temps modernes.
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Samir El Ouardighi
Le 17 mai 2015 à 14h47
Modifié 11 avril 2021 à 2h37Le festival des musiques du monde s’est achevé avec la prestation d’un des meilleurs musiciens de jazz au monde. Kenny Garret n’a pas failli à sa réputation de John Coltrane des temps modernes.
Après trois jours de festivités musicales, le point d’orgue de la 18e édition du festival Gnaoua et des musiques du monde aura sans doute été le concert du quintet de l’ancien saxophoniste de Miles Davis.
Le quintet de jazz était composé du pianiste Vernell Brown, du contrebassiste Corcoran Holt, du batteurMcClenty Hunter, du percussioniste Rudy Bird et de Kenny Garret grand par le talent et la taille physique.
Ce récital de jazz a démarré avec les sonorités sud-américaines du compositeur brésilien Antonio Carlos Jobim avant de prendre des directions musicales inattendues voire populistes pour les puristes.
Au départ, la foule bigarrée et cosmopolite a eu un peu de mal à rentrer dans le jeu staccato d’un saxophoniste connu pour ses envolés lyriques free-jazz et son mysticisme coltranien.
Le moins que l’on puisse dire est qu’il a mis du temps pour convaincre les non-initiés constituant l’écrasante majorité du public présent sur la scène principale Moulay El Hassan.
Une anecdote donne cependant la mesure du talent d’un altiste au son pointu pouvant rebuter les profanes. Peu convaincus par le début de sa prestation, deux jeunes ont complètement révisé leur position au fur et à mesure que le chorus de Kenny montait crescendo.
A son corps défendant, l’un des adolescents a fini par se tourner vers son ami et lui dire sur un ton empreint de gravité: «Mais, est-il en train de parler avec Dieu là?»
Enchainant son set avec «Love suprême» de John Coltrane, Kenny a fini par hypnotiser littéralement l’ensemble de son auditoire qui n’a pas manqué de manifester bruyamment son contentement.
Fidèle du festival d’Essaouira, Leila Shahid, ancienne ambassadrice de Palestine auprès de l’Union européenne, installée aux premières loges dansait comme un véritable derviche tourneur envoûté.
Il est cependant dommage que le concert n’ait duré qu’une heure et quart et que le bœuf-fusion prévu avec la troupe gnaoua du Maâlem Hassan Boussou ait été annulé pour cause de «fatigue due au voyage transatlantique».
On peut aussi regretter le fait que ce saxophoniste de génie ait choisi de passer d’un registre musical très pointu à du jazz easy-listenning quasi-commercial et grand public.
Contre toute attente, il a en effet fini par pousser la chansonnette en entonnant des sonorités simili rap très loin des canons du jazz.
Dans un désir assumé de s’adapter et de mettre son public dans la poche, Kenny est passé de sonorités lumineuses à ce que l’on pourrait appeler une vulgarisation jazzy de mauvais aloi.
Il n’en demeure pas moins que ce géant du jazz a enchanté le public d’Essaouira composé de tous les âges et de toutes les strates sociales et culturelles du Maroc et d’ailleurs.
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