Marina de Casablanca, dixième étage. De beaux bureaux avec superbe vue sur la ville blanche. Dans l'entrée, une maquette en coupe longitudinale du futur Grand théâtre. C'est ici que se dessine le nouveau visage de Casablanca. Un visage que l'on verra réellement apparaître à partir de 2017. Où cadre de vie, divertissement, culture, infrastructures de transport collectif feront partie de la vie quotidienne.

Petit et très rapide tour d'horizon -et de rêve- avec Driss Moulay Rchid, le maître des lieux.

La première chose qui frappe, c'est la maîtrise des plannings, des dates, des chiffres. Et les connaissances, devenues par la force des choses, encyclopédiques.

Car DMR vous parle du lion de la savane africain ou de l'éléphant d'Asie comme de dépollution du littoral.

Le sujet du jour, c'est l'arrivée des dernières pièces du tunnelier qui va creuse le tunnel du super collecteur ouest.

La protection contre les crues de l'Oued Bouskoura (voir diaporama). On l’attendait pour début avril. Et il fut au rendez-vous. Dans la nuit du 2 au 3 avril, vers 2H00 du matin, un convoi exceptionnel quittait le port de Casablanca et prenait la route côtière, escorté par des motards, pour stationner à proximité de Sidi Abderrahmane et du Morocco Mall.

Sept véhicules d’une capacité exceptionnelle, des porte-chars à côté desquels un semi-remorque ne fait pas le poids, transportent les dernières pièces du tunnelier casablancais, des pièces impressionnantes, par leur envergure et leur complexité.

Le tunnelier avait été réceptionné le 11 février en Allemagne. D’un diamètre de 6,5 m et d’une longueur de 87 mètres, il n’est pas transportable en l’état. Il a été démonté et sera remonté sur place, à partir de lundi prochain 6 avril. Pour le remonter, il faudra deux mois environ. Le forage commencera donc, sur site, le 3 juin.

Le tunnelier va creuser une galerie de 5,5 km au nom barbare, le Super Collecteur Ouest, SCO pour les intimes. Le SCO va relier l’Oued Bouskoura à l’océan atlantique, il courra à une profondeur d’une quarantaine de mètres. Grâce à lui, les crues seront déversées dans la mer au lieu de faire des dégâts parfois impressionnants à Casablanca.

Le forage durera 24 mois. Au fur et à mesure du forage, les pièces du puzzle se mettent en place et tout s’imbrique. Les matériaux de construction arrivent sur un site proche du point zéro du forage. Ils sont contrôlés sur place avant utilisation par un  laboratoire LPEE mis en place pour l’occasion.

Ces matériaux servent ensuite à la construction des voussoirs préfabriqués, ces pièces en béton armé qui constitueront la voûte du tunnel. Au fur et à mesure de l’avancement du tunnelier, les voussoirs sont posés. Le tunnelier lui-même n’avance pas au hasard: les sondages géotechniques préalables ont permis de choisir le trajet. Les travaux de génie civil pour faire la jonction à l’oued Bouskoura et du côté atlantique sont menés en parallèles pour qu’à la fin le temps soit totalement optimisé.

Rappelons que les intervenants sont notamment Casa Aménagement, maître d’ouvrage délégué et Makyol, entreprise chargée du tunnel (en groupement avec EMT). Le maître d’œuvre est la société Novec, filiale de CDG développement.

Le tunnel sera donc achevé en 2017.

Entre 2017 et 2020, Casablanca va complètement changer de visage. Il y aura le grand Théâtre, le pont à haubans à l’entrée par la route de l’aéroport, les carrefours OCP et Azbane auront été refaits, le tramway aura une centaine de km sur plusieurs lignes qui feront le maillage de tous les quartiers.

Derb Omar aura partiellement ou totalement déménagé à Médiouna, le quartier qui représente une cinquantaine d’hectares sera en plein travaux de rénovation, voire de restructuration. Un corridor touristique, alternant plages et promenades courra de Dar Bouazza jusqu’à Mohammédia.

Transports. Le choix du mode collectif.  

L’expansion de la voiture individuelle ne peut être infinie. En 2004, il y avait 500.000 voitures à Casa. En 2014, on en recensait 1,2 million.  Or, 55% des déplacements se font encore à pieds. Et il n’y a que dix millions de déplacements par jour. En d’autres termes, la situation va s’aggraver si le transport collectif n’est pas développé.

Le transport public collectif s’impose donc comme. C’est la seule et unique solution.

En 2012, la première ligne de tramway a été inaugurée. Il y a quelques semaines, les travaux de réseau pour la seconde ligne ont commencé. En 2020, la ville aura une centaine de km de lignes de tramway, desservant tous les grands quartiers.

Ces derniers jours, une route à double voie reliant Taddart (quartier Californie) à l’autoroute et à la Ville verte de Bouskoura, a été ouverte à la circulation. Elle contribuera à décongestionner la Route de La Mecque et l’entrée de la ville par le carrefour Sidi Maârouf qui sera en partie bloqué lorsque démarreront en juillet prochain les travaux du pont à haubans.

Le pont à haubans devrait entrer en service en 2017. Le carrefour Sidi Maârouf sera entièrement terminé et restructuré, avec deux trémies, vers la fin de l’année 2018.   

Le Grand Théâtre sera inauguré le 17 septembre 2017. Il y a quelques jours, il a commencé à sortir de terre, après l’achèvement des fondations.

C’est un élément structurant à tous niveaux, urbain, culturel, touristique et pour l’image de la ville.

Le chantier est suivi avec minutie, car la complexité de l’ouvrage ainsi que son objet, exigent le plus grand soin, doublé de coordination et d’anticipation.

En temps réel, nous explique Driss Moulay Rchid, DG de Casa Aménagement, on vérifie la superposition de tous les plans. En effet, la qualité acoustique de l’ouvrage final est primordiale. Il n’est pas envisageable de perforer un mur parce qu’une canalisation ou une tuyauterie n’ont pas été correctement placés la première fois.

Comme pour tout ce que fait Casa Aménagement, le planning est très serré. Car la SDL (Société de développement local) essaie dans tous ses chantiers, de tout boucler dans des délais record.

Le Grand Théâtre va bénéficier d’une double esplanade. La première est l’esplanade actuelle où la fontaine musicale et lumineuse sera remplacée par une “fontaine sèche“.

La seconde est située en face de la wilaya et du Tribunal. D’une superficie de 8.300 m², elle va accueillir un parking de 200 places au sous-sol et une nouvelle fontaine en plein air. L’appel d’offres pour cette place est en préparation.

Le parc Sindibad, mythique pour les Casablancais, revient et de quelle manière! Il s’agira cette fois ci d’un vrai parc de jeux, aux normes internationales, avec un petit zoo. Une ouverture soft est prévue pour fin avril et l’ouverture au grand public est prévue pour début juin.

 Le zoo de Ain Sebaa sera construit sur 10.5 ha au lieu de 3 ha pour le précédent. Il sera conforme aux normes des nouveaux parcs animaliers, sans cages mais avec des barrières naturelles et sera conçu dans le même esprit que celui de Témara. Il sera prêt au second semestre 2017.

Le réaménagement du parc de la Ligue arabe sera lancé en 2015. D’ici le début des travaux, probablement en décembre, le diagnostic phytosanitaire des magnifiques arbres centenaires démarre. Le parc actuel sera cartographié avec les coordonnées GPS et le bulletin de santé de chaque arbre, car de nombreux arbres centenaires sont malades. Le nouveau parc de la Ligue arabe sera opérationnel entre 2017 et 2018.

Commerce, urbanisme.

Dans le quartier appelé Ifriquia, à Ben M’sik (photo ci dessus), une zone d’activité commerciale de détail sera construite sur 13 ha. L’objectif selon Casa Aménagement, est de “transformer le paysage urbain de la zone et de son environnement en injectant une activité commerciale et de loisir“.

Parallèlement, l’Appel à manifestation d’intérêt pour créer une zone d’activité commerciale et logistique, pour le commerce de gros et de demi-gros à Médiouna, a été lancé.

L’objectif à terme est de déménager ce quartier devenu anachronique et suranné qu’est Derb Omar dans le centre ville et d’épargner à celui-ci une partie de la circulation des poids lourds.

Au final, tout cela ne semble pas être de la cosmétique. Le diagnostic effectué par Safir et Sajid semble complet. Il n'a pas oublié la gouvernance ni la sécurité des habitants. Ni la réconciliation entre les parties  Est et Ouest de la ville. Ni la culture ou l'éducation, ni l'emploi ou l'activité économique.

Pour être pérenne et légitime, le nouveau visage qui se dessine à travers les aménagements paysagers ou les projets plus lourds et structurants, le pont à haubans ou le grand théâtre, la marina ou le projet Casa Port, ce ce nouveau visage n'a de sens que s'il reflète un contenu cohérent et apaisé, dans une ville citoyenne et tonique.