Avortement: Ce qu’en pensent les partis politiques

L’affaire Chraibi est l’occasion de sonder les positions des personnalités représentatives du champ politique sur l’avortement clandestin. Verdict: Quasi-unanimité sur la nécessité de réformer la législation actuelle.

Avortement: Ce qu’en pensent les partis politiques

Le 17 février 2015 à 17h42

Modifié 17 février 2015 à 17h42

L’affaire Chraibi est l’occasion de sonder les positions des personnalités représentatives du champ politique sur l’avortement clandestin. Verdict: Quasi-unanimité sur la nécessité de réformer la législation actuelle.

Lahcen Haddad, porte-parole du Mouvement Populaire (MP)déclare que son parti est ouvert au débat que n’a pas manqué de relancer l’affaire du Pr Chraibi récemment démis de ses fonctions.

Le ministre du Tourisme avance que la pratique des avortements clandestins ne pourra se régler que par une nouvelle loi qui encadrera les situations extrêmes (viols, incestes et malformations graves).

«L’avortement thérapeutique n’est pas contraire à l’Islam quand il s’agit de cas de santé publique».  

Lahcen Haddad se dit persuadé que la société marocaine est assez mûre pour discuter de cette réalité peu reluisante. «Ce n’est pas un débat politique mais de société qui nécessitera un peu de temps pour aboutir à un consensus sur une solution juste pour la cause des femmes. Pour parvenir à promulguer une loi encadrant ce phénomène, le débat doit s’ouvrir avec le conseil des oulémas».

 

Le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellahaffirme que l’actualité ayant opposé le ministre de la santé PPS Louardi au professeur Chraibi est plus un problème de forme que de convictions.

«Notre parti a été le premier à se prononcer publiquement pour la nécessité de légaliser les avortements thérapeutiques dans certains cas de figure». Cependant, c’est un sujet très sensible et «notre parti ne va pas prendre le risque de l’imposer en jouant quitte ou double».

Il faut être patient car «notre parti a été avant-gardiste sur l’amazighité qui a mis 30 ans à aboutir».

Benabdellah se veut précurseur mais pas téméraire car «la question de l’avortement est un débat que l’on ne peut pas imposer de force en portant atteinte à la nature musulmane du Maroc».

Le SG du parti du livre se veut optimiste même s’il conclut que «pour l’instant, la société marocaine n’est pas prête à accepter de légaliser l’avortement sous conditions, il faut faire murir ce débat au sein des milieux conservateurs par un encadrement religieux porté du conseil des oulémas».

 

Abdessamad Sekkal, membre du conseil national du PJD, nous explique que contrairement à l’idée reçue, son parti n’est pas opposé de manière dogmatique au débat sur l’avortement thérapeutique.

«C’est une question de bon sens, il est tout à fait normal d’essayer de trouver des solutions à certaines réalités extrêmes comme l’avortement clandestin qui fait de nombreuses victimes».

Le Pr Chraibi nous a confirmé que le parti de la lampe n’était pas son pire adversaire dans son combat car l’ancien secrétaire général, Saadeddine El Othmani lui avait fait part de son approbation pour légaliser l’avortement en cas de viol ou d’inceste.

Malgré nos relances téléphoniques et nos messages, la ministre de la famille Bassima Hakaoui n’a pas souhaité donner son point de vue de femme sur cette question qui divise les rangs de son parti.

 

La députée RNI Bouthayna Irakiaffirme que son parti s’est toujours inscrit dans la modernité pour toutes les questions de société. «Ce n’est pas en occultant la question sensible de l’avortement clandestin que l’on pourra résoudre les problèmes qui en découlent».

Le Maroc doit être «réaliste» devant des chiffres de l’avortement qui font froid dans le dos.

«Ce problème s’est imposé à notre société, il faut être pragmatique car le coût de santé publique a un coût politique».

Elle se dit persuadée que la société marocaine est capable de digérer ce genre de réforme législative grâce à un travail de sensibilisation de longue haleine auquel participe activement son parti.

 

Du côté de l’opposition, la députée de l’Istiqlal, Yasmina Baddou se dit acquise à la cause de ce combat  

«C’est un débat sensible que l’on ne peut pas imposer sans l’assentiment général car ce n’est pas une question simplement politique mais plutôt d’ordre sociétal qui va au-delà des partis politiques».

L’ancienne ministre de la santé pense à titre personnel «qu’interdire l’avortement sur des fillettes victimes d’incestes ou de viols va à l’encontre des valeurs musulmanes».

«Il faut faire un premier pas pour légaliser certaines interruptions de grossesse d’origine criminelle ou dangereuse et pour y arriver, la porte de l’Ijtihad (interprétation, exégèse) doit être ouverte pour lever les tabous».

 

Khadija Rouissi, passionaria de la lutte pour l’abolition de la peine de mort, déclare que face aux chiffres glaçants des avortements clandestins (600 à 800/jour), la législation actuelle est dépassée.

La députée du PAM rappelle que son parti réclame depuis 2007 l’ouverture d’un débat national sur cette question impactant la vie de centaines de milliers de femmes chaque année.

«L’affaire Chraibi aura au moins le mérite de réveiller les consciences et qui sait peut-être même de faire avancer cette juste cause».

 

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