Voici un florilège de propos tenus par l’un des entrepreneurs marocains les plus en vue, devenu ministre de l’Industrie.

Privé-public, la réactivité.

"J’ai une expérience d’opérateur, donc d’entrepreneur et avant de devenir entrepreneur, j’étais salarié dans de grands groupes, d’abord en Amérique du Nord, au Canada, et puis au Maroc.

La 1^èrechose perceptible entre le secteur public et le secteur privé est la vitesse d’action. Nous avons, au niveau du privé, tendance à exiger plus de réactivité de la part de l’Etat.

Lorsqu’on est du côté de l’Etat, l’on se rend compte qu’apporter des réponses très précises aux demandes souvent légitimes des opérateurs, mais aussi parfois contradictoires au sein de la même profession, du même métier, nécessite de nombreuses consultations, et donc exige du temps."

Warren Buffet et Othman Benjelloun, les entrepreneurs qui font rêver MHE

"Je pense que nous avons tous des entrepreneurs à travers le monde qui nous font rêver. Deux me viennent à l’esprit: Warren Buffet qui a fait des choses extrêmement formidables, et Othman Benjelloun qui est présent aujourd’hui parmi nous.

Ce qui est souvent intéressant, c’est de trouver quelles sont les caractéristiques communes entre ces grands hommes d’affaires. C’est souvent, comme le disait le vice-président des États-Unis, la capacité de réfléchir autrement, de sortir des sentiers battus, d’être en mesure d’imaginer le monde autrement et d’avoir le goût du risque. Ces caractéristiques méritent d’être bien explorées.

Le facteur culturel qui est de valoriser l’entreprenariat comme un élément de réussite est également très important. Dans certains pays, l’entrepreneur qui réussit est pointé du doigt, alors que dans d’autres il est mis sur un piédestal. C’est pour cela, je pense que l’élément culturel est fondamental. La raison en est simple: c’est qu’aujourd’hui, les peuples réalisent qu’il est difficile d’absorber le chômage exclusivement par le fonctionnariat et l’emploi en entreprise.

Ce changement de culture ne peut se réaliser, à mon sens, que par le truchement de l’éducation."

Décomplexer sa relation à l’argent

La problématique du développement de l’entreprenariat au Maroc est exactement la même que celle que rencontrée ailleurs dans le monde. Nous avons le même problème au niveau des écoles et des universités.

J’ai fait mes études au Canada, j’ai eu ce problème aussi de manque d’orientation, de manque de gens qui ont la capacité, de par leur vécu, d’expliquer à des étudiants comment ils pourraient s’orienter non pas uniquement vers le salariat mais aussi vers l’entreprenariat.

Il faut dire aussi que ces 20 dernières années, le monde a complètement changé. Il y a 20 ans, on parlait moins d’entreprenariat comme on en parle aujourd’hui.

Je crois aussi qu’il y a un élément essentiel qui est assez culturel, c’est la relation avec l’argent. Il faut pour qu’un peuple s’oriente vers l’entreprenariat qu’il se décomplexe par rapport à la réalisation de capitaux et à la réalisation de résultats."

C’est bien d’être au gouvernement mais je ne veux pas perdre ma fibre d’entrepreneur.

"Je pense que le fait d’être dans un gouvernement permet d’apporter modestement son expérience, mais je ne voudrais pas perdre cette fibre d’entrepreneur; au contraire, j’essaie d’en «contaminer» tous ceux qui sont autour de moi.

Je pense que nous avons, sur le continent africain, une jeunesse extraordinaire avec des capacités fabuleuses. Nous avons parlé tout à l’heure des gens qui nous impressionnent, je vous ai cité des gens qui ont fait des choses merveilleuses.

Eh bien, nous avons de petits entrepreneurs qui font au quotidien des choses merveilleuses, mais à petites dimensions.

Si nous voulons que nos peuples évoluent, il faut donner de l’espoir à la jeunesse, et mettre en exergue, mettre sur un piédestal toutes les réussites des entrepreneurs qu’ils soient grands ou petits. Et permettez-moi de vous dire que j’ai une affection particulière pour les petits parce qu’ils sont plus nombreux."

Le Maroc et l’Afrique

"Ebola est un fléau, comme tous les fléaux dans le monde. Il faut savoir que la grippe a tué plus de monde qu’Ebola. Il est important de s’attaquer plus sérieusement à ce fléau mais il ne faut pas non plus en faire un élément de blocage.

Mais j’ai la sensation que l’humanité a tendance à chercher des excuses pour s’arrêter. Le Maroc n’a pas pris cette orientation. La RAM n’a pas arrêté ses lignes vers un ensemble de pays africains; c’est une décision régalienne marocaine.

Le Maroc a des racines africaines dont il est fier. Des leaders marocains ont fait le choix d’aller vers un développement de leurs affaires au niveau panafricain et ont réalisé des réussites extraordinaires.

Les banques marocaines aujourd’hui financent 47% des prêts qui sont octroyés dans les pays où elles sont présentes.

Le Maroc est le 2^e investisseur au niveau du continent africain. Donc nous sommes partie totalement prenante de la vie panafricaine et nous avons l’intention de faire évoluer l’intérêt du monde vis-à-vis de cette Afrique, qui est un des moteurs de croissance pour l’avenir."